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19/09/2011

Bourgeoisie / une stratégie de communication qui s’inscrit dans la guerre psychologique

riches.jpgLe couple Pinçon-Charlot, deux sociologues spécialisés dans l'étude de la grande bourgeoisie, réédite une version augmentée de leur ouvrage, « Le président des riches ».

Cet ouvrage examine point par point les contours de « l’oligarchie » qui gouverne la France, dont la bande du Fouquet's n'est que la face émergée.

Devant le succès rencontré, « Le président des riches » est réédité en poche, augmenté d’une analyse des récentes "affaires" (Lagarde-Tapie, Woerth-Bettencourt, Mediator) et d’une promenade sociologique au Grand Prix de Diane à Chantilly, la viller d'Eric Woerth..

Voici des extraits de l'entretien qu'ils ont donné à Erwan Manac'h, sur le site du journal Politis.

Politis.fr : Comment analysez-vous le succès de votre ouvrage ?

Monique Pinçon-Charlot : Il y a une sorte de brouillard idéologique. Les mots que nous mettons sur ce que vivent les gens adoucissent considérablement leurs souffrances, car nous regardons les choses avec des lunettes très spécifiques. Pour nous les riches mènent une « guerre des classes », qui vise à réduire au minimum les coûts du travail.

Ils utilisent la dette et le déficit comme armes pour détruire les services publics, maintenir des salaires bas...

Politis.fr : Dans la « guerre des classes » qui se joue selon vous aujourd’hui, la « conscience de classe » n’existe que du côté des dominants...

Michel Pinçon : Oui, la bourgeoisie fonctionne en réseau avec des interconnexions très fortes entre les familles. Il existe un militantisme insoupçonné mais très efficace, sur les problèmes urbains par exemple.

La conscience de classe se traduit aussi dans les urnes. Les beaux quartiers ont voté en masse pour Nicolas Sarkozy, tandis que les votes sont dispersés dans les quartiers populaires. Il n’existe pas la même unité idéologique, la même conscience politique, que dans la bourgeoisie.

Politis.fr : Guéant qui multiplie les sorties aux accents xénophobes, la « Droite populaire » qui organise un « apéro saucisson vin rouge »... Les discours extrémistes s’adressent-ils aux riches ?

Michel Pinçon : Les discours xénophobes existent dans la bourgeoisie, mais l’élite cohabite surtout avec des ambassadeurs, des hommes d’affaires. Les étrangers que les riches côtoient ne sont pas dans la même situation sociologique que dans les quartiers populaires.

Monique Pinçon-Charlot : Le vote Front National à Neuilly est d’ailleurs extrêmement bas. Le discours de Sarkozy s’adresse surtout aux milieux populaires. C’est la stratégie du « diviser pour mieux régner ».

Politis.fr : Comment jugez-vous le positionnement idéologique et politique de la gauche ?

Monique Pinçon-Charlot : Ce qui est terrible, c’est que le principal parti de gauche, le Parti socialiste, a fait énormément pour sauver le système et installer le capitalisme spéculatif et financier, dans sa phase néolibérale.

Michel Pinçon : Nous sommes dans un régime censitaire : à l’Assemblée, 1 % seulement des élus sont d’anciens ouvriers ou employés alors que ce groupe représente 54 % de la population active. Au même moment, l’abstention est proche de 80 % dans certaines cités. En somme, tout se passe comme si pour être élu comme pour voter, il fallait appartenir aux milieux favorisés.

Politis.fr : Dans les allées de l’université d’été du Medef, les patrons critiquaient presque unanimement les méfaits de la spéculation. La crise amène-t-elle une remise en question idéologique des dominants ?

Michel Pinçon : Certainement.

Monique Pinçon-Charlot : La volonté de « moraliser l’économie » est aussi une stratégie de communication qui s’inscrit dans la guerre psychologique. L’appel de Maurice Lévy pour une taxe exceptionnelle des très hauts revenus est un bel exemple : c’est de la propagande.

Michel Pinçon : Maurice Lévy est d’ailleurs patron de Publicis, c’est son métier.

Politis.fr : Croyez-vous en une société sans élites ?

Michel Pinçon : Je crois en une société où il n’y aurait que des élites. Avec un réel partage de la culture et des connaissances. Car le problème aujourd’hui n’est pas seulement la concentration de la richesse matérielle aux mains d’une minorité, c’est que la richesse culturelle et intellectuelle n’est pas accessible pour tous.

Le président des riches. Enquête sur l’oligarchie dans la France de Nicolas Sarkozy, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot, La découverte, 9,50 €

13:35 Publié dans Actualités, Informations, Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pinçon, charlot, riches, sociologues | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

30/12/2010

"Indignez-vous !" de Stéphane Hessel, 800.000 lecteurs !

hessel.jpgAvec un tirage de plus de 800.000 exemplaires, "Indignez-vous !" de Stéphane Hessel est devenu, bien plus qu'un succès exceptionnel de librairie, un phénomène de société, une vague de fond qui semble cristalliser le malaise des Français et bien au-delà..Tiré à 8.000 exemplaires lors de sa sortie le 20 octobre, le livre de Stéphane Hessel, ancien ambassadeur et résistant de 93 ans, caracole depuis en tête des ventes, devançant le Goncourt de Michel Houellebecq.

"La demande s'amplifie encore, nous lançons un nouveau tirage de 300.000 exemplaires pour atteindre maintenant plus de 800.000", se réjouit Jean-Pierre Barou, qui dirige avec Sylvie Crossman la petite maison d'édition Indigène, qu'ils ont fondée en 1996 à Montpellier.

Cet opus de 24 pages, vendu 3 euros, "est très critique vis-à-vis du gouvernement et a rencontré l'indignation d'une grande partie des Français. C'est un cri de ralliement dû à un sursaut moral, presque un nouvel Appel du 18 juin !", s'enflamme-t-il.

"C'est exceptionnel, sans précédent, bien au-delà d'un succès de librairie. C'est un phénomène de société, une vague de fond, le message qu'attendaient les Français", dit cet ancien militant de la Gauche prolétarienne qui a participé à la fondation du quotidien Libération avant de devenir éditeur au Seuil.

L'effet Hessel dépasse largement les frontières de l'Hexagone. "Nous recevons des appels du monde entier et des traductions sont en projet avec la Slovénie, l'Italie, le Liban, la Corée du sud, le Japon, les Etats-Unis...", ajoute M. Barou.

Pour le philosophe et sociologue Edgar Morin, "c'est le réveil public d'un peuple qui était jusqu'à présent très passif".

Bientôt centenaire mais indigné comme à vingt ans, Stéphane Hessel fait actuellement une petite pause chez des amis bergers dans les Cévennes.

Toujours vibrant, il dénonce sans langue de bois dans son livre l'écart grandissant entre les très riches et les très pauvres, le traitement fait aux sans-papiers et aux Roms, la dictature des marchés financiers, les acquis bradés de la Résistance comme la Sécurité sociale et les retraites.

Justement, les manifestations contre la réforme des retraites, le malaise des enseignants, des salariés, les multiples formes de la désobéissance civile : "tout cela marque un climat dans lequel ces vingt pages simples mais relativement fortes sont reçues comme un message d'espoir", analyse l'auteur dans un entretien récent aux Inrocks.

"Ce qui me redonne un peu d'espoir, c?est la façon dont la gauche française retrouve un certain souffle", ajoute-t-il.

Pour Jean-Pierre Barou, "l'indignation de Stéphane Hessel passe par la raison, elle n'est pas épidermique comme celle d'un Eric Cantona et son appel à vider les banques".

"Ce livre arrive à un moment où les gens attendaient un guide, un message. Ce qu'il dit, c'est tout n'est pas foutu, il faut réagir !", dit Jean-Marie Sevestre, patron de la librairie Sauramps à Montpellier, l'une des plus grandes de France, qui vend "de 300 à 400 exemplaires du livre par jour".

"Stéphane Hessel est venu faire une signature il y a 15 jours, des centaines de personnes s'y sont pressées et buvaient ses paroles", poursuit-il.

"Nous en vendons plus d'une cinquantaine par jour, avec un pic à Noël", se félicite aussi la librairie Tropique dans le 11e arrondissement de Paris.

Né en 1917 à Berlin, naturalisé français en 1937, Stéphane Hessel a été résistant, déporté, membre du Conseil national de la Résistance et l?un des rédacteurs de la Déclaration universelle des droits de l?homme de 1948. Il est le fils d'Helen Grund-Hessel, héroïne du roman Jules et Jim.

Il a soutenu Michel Rocard en 1985, s'est présenté l'an dernier sur les listes d'Europe Ecologie et soutient aujourd'hui Martine Aubry, dont il est un ami, et qui a lu son livre avec intérêt.

Stéphan Hessel est egalement membre du comité de parrainage à salah Hamouri.

Publié par l'Humanité

18:26 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : stéphane hessel, livre | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

09/12/2010

RADIOSCOPIE DU SARKOZISTAN

sarkozistan1.jpgCrise au Sarkozistan, préface de Daniel Schneidermann, le tout premier livre d'@rrêt sur images, édition lepublieur, 10 €

« Une nomenklatura qui jouit de nombreux passe-droits, une Justice aux ordres, une police secrète paranoïaque, et évidemment des médias silencieux : bienvenue au Sarkozistan, étrange et fascinant Etat voyou »

C’est ainsi que les auteurs présentent cet étrange voyage au Sarkozistan en référence lointaine aux Lettres Persanes de Montesquieu.

Dans ce livre d’une centaine de pages magnifiquement illustré par le dessinateur Loubiana un voyageur découvre un étrange pays et ses mœurs le Sarkozistan gouverné par un monarque accompagné de son épouse.

Rien n’est imaginé, tout est vrai. Les faits qui illustrent la gouvernance de ce pays sont exacts reprenant les épisodes scandaleux sur la justice aux ordres déjà transcris par la Presse comme le Canard Enchainé, Médiapart, Rue89? les campagnes de haines contre les « autres », les galeux d’où nous vient tout le mal, les élites au service du monarque, les journalistes serviles, les affaires de corruptions étouffés, la dynastie…

sarkozistan2.jpgLe mérite de ce livre est de synthétiser en quelques pages tous ces dossiers et essayer de leur donner une cohérence. A coup sûr, dans un siècle ce livre sera une référence pour décrire notre histoire contemporaine et le règne de son monarque.

Quelques faits ont été délaissés et c’est dommage, comme la première nuit du Fouquets fort symbole de l’image du pouvoir au service des riches, ou le voyage dans le bateau de Bolloré en Grèce, où le premier voyage aux Etats Unis pour rendre visite à M. Bush, probablement faute de place.

Ce livre est le livre de l’année 2010 édité par l’équipe d’arrêt sur image, équipe qui rappelons le a été licencié en son temps avec son animateur Daniel Scheidermann par la Télévision Publique pour impertinence envers les puissants et pour oser dévoiler les dessous de table de la vie politique à partir d’images réelles et d‘un débat pluraliste et critique ce qui en Sarkozistan aujourd’hui relèvent de l‘exception.

E-Mosaïque

18:59 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sarkozistan, crise, arrêtsur image, schneidermann | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |