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10/08/2019

LREM-GOUVERNEMENT-RN : MAIN BASSE SUR LES MEDIAS

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Avec pas moins de 2 500 interviews, les matinales TV et radio ont accueilli en moyenne neuf invités chaque jour. Où ce sont souvent les mêmes qui trustent les places. Plus de la moitié des invités sont ministres, parlementaires LREM, membres de l'extrême droite soit 1280 exactement.

Les centaines d'heures accordées complaisamment au Président de la République  dans ses nombreux passages dans les médias ne sont pas comptabilisées.

La proportionnalité politique n’est pas la même que la proportionnalité médiatique. La compilation, effectuée par le Figaro, à partir des données du site Internet Politiquemedia, des principales interviews politiques matinales dans l’audiovisuel (1) témoigne d’une écrasante surreprésentation du tandem gouvernement/majorité parlementaire.

Avec la crise des gilets jaunes, ministres et secrétaires d’État, envoyés sur les plateaux ou les studios pour diffuser les éléments de langage ou effectuer la « pédagogie des réformes », se taillent la part du lion des 2 500 passages analysés avec 745 passages en tout (+ 153 par rapport à l’année dernière). Tous médias audiovisuels confondus, le gouvernement est le plus représenté le matin sur les antennes, à raison de… deux interviews par jour en moyenne. Premier de cette classe, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer (47 passages). Mais moins que Yannick Jadot qui, sur la même période, s’est vu invité 54 fois, à la faveur de la campagne des européennes. Troisième sur le podium, Benjamin Griveaux, comme porte-parole du gouvernement puis candidat à la Mairie de Paris. En quatrième position, figure François de Rugy, qui a écumé plateaux et studios pour se défendre, avant et après sa démission forcée du gouvernement.

Le décalage est flagrant selon l’appartenance politique

Le palmarès reflète en creux le besoin des grands médias de « bons clients » ; ainsi, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan est… la cinquième personnalité la plus invitée durant la période étudiée (1) avec 38 passages en un peu moins d’un an, tout en ayant réalisé 3,5 % aux dernières élections européennes. Pourtant, hormis Olivier Faure (PS, 30 passages) et Stanislas Guerini (LaREM, 22), les chefs de parti n’apparaissent guère. C’est parfois une stratégie de garder la parole rare, donc solennelle. Si Jean-Luc Mélenchon, avec 2 passages, a quasiment déserté les émissions matinales, c’est le député Adrien Quatennens (31) qui est désormais la première figure médiatique des Insoumis. Année électorale, 2019 a vu l’émergence de têtes de liste nouvelles, comme Raphaël Glucksmann (13 passages), François-Xavier Bellamy (LR, 20) ou Manon Aubry (FI, 30). Les invitations, une fois l’élection passée, se sont taries…

C’est si l’on prend ces chiffres par ventilation partisane que le décalage est flagrant. Sur 2 500 passages médias, gouvernement et majorité s’en arrogent 1 062. Juste derrière, « Les Républicains » cumulent 504 passages. Puis viennent le PS, avec 197 passages, le Rassemblement national de Marine Le Pen (180 passages), la France insoumise (165 passages), EELV avec 93 invitations, et enfin le PCF, avec 56 occurrences, en dépit de posséder deux groupes parlementaires et 7 500 élus. Lesquelles invitations doivent beaucoup, si l’on regarde plus en détail, au fait qu’une campagne électorale s’est tenue. Ainsi sa tête de liste aux européennes, Ian Brossat, cumule 41 % des invitations faites au PCF.

(1) Liste établie entre le 21 août 2018 et le 13 juillet 2019. Émissions étudiées : RTL Matin (7 h 45), l’Interview politique sur Europe 1 (8 h 15), l’Invité politique sur France Inter (8 h 20), l’Interview de Jean-Pierre Elkabbach sur CNews (8 h 5), l’Invité de Jean-Jacques Bourdin sur RMC (8 h 35), l’Invité de 8 h 30 Aphatie sur France Info (8 h 30), les 4 Vérités sur France 2 (7 h 35), l’Invité politique de Guillaume Durand sur Radio classique et Paris première (8 h 15), l’Invité du matin de RFI (7 h 50), l’Invité de Territoires d’infos sur Public Sénat et Sud Radio (8 heures).
 

 

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23/06/2019

Charline Vanhoenacker : Je suis toujours hallucinée qu'on déroule le tapis rouge à l'extrême droite

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Avec ses acolytes Alex Vizorek et Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker ironise tous les jours sur l'actualité. Avant de partir en vacances jusqu'au retour de « Par Jupiter ! » à la rentrée prochaine du lundi au vendredi de 17 heures à 18 heures, la journaliste et humoriste belge de France Inter, âgée de 41 ans, revient sur les moments les plus inspirants d'une année intense.

Avez-vous été approchée par Laurent Ruquier pour remplacer Christine Angot et Charles Consigny dans « On n'est pas couché » ?

CHARLINE VANHOENACKER. Non ! Jouer les procureurs, non merci… À chaque fin de saison, Guillaume Meurice et moi sommes sollicités. Sauf si une chaîne a un concept génial, on ne veut pas faire de télé. Vous allez me prendre pour un ostrogoth mais je préfère la radio. À France Inter, on a une liberté totale. L'aurait-on ailleurs ? Pas sûr…

Depuis 10 ans, vous vivez en France. Êtes-vous toujours surprise par les médias hexagonaux ?

Je suis toujours hallucinée qu'on déroule le tapis rouge à l'extrême droite. En Wallonie, elle n'est jamais sur les plateaux et, aux européennes, elle a fait moins de 5 %. En France, Marine Le Pen est partout et a gagné le scrutin… Les médias sont responsables de la banalisation de ses idées. Surtout ceux comme Sud Radio dont les théories d'Alain Soral sont le fonds de commerce.

Alex Vizorek est triste de l'arrêt de l'émission de Thierry Ardisson dont il était l'un des chroniqueurs ?

Il faut lui demander. Moi, je suis ravie que ça s'arrête car c'était très putassier. Il n'y a pas une semaine où on ne s'est pas moqué de lui. « Les Terriens » comme « On n'est pas couché » n'existeraient pas en Belgique.

Pourquoi ça ?

Parce qu'on se fiche de l'avis de Yann Moix sur l'album de Kendji Girac, non ? Laurent Ruquier est très symptomatique de la télé à la française. Chez nous, les politiques ne vont pas dans les émissions de divertissement car leur personnalité importe moins que leurs idées.

Pourtant c'est intéressant de confronter l'avis des artistes sur la société avec celui des politiques. Hélas, ces confrontations sont surtout utilisées pour le buzz et l'invective que pour alimenter le débat.

Comme Laurent Ruquier, avez-vous « l'impression de vivre sous la dictature des réseaux sociaux et de Marlène Schiappa » ?

Pas du tout. On est épargné des polémiques car, comme nous, notre public a grandi avec Charlie Hebdo, Siné ou les « Guignols », et sait qu'on est dans la satire et jamais dans la diffamation.

Vous n'avez jamais été convoqués au CSA ?

Non. Deux membres du CSA ont demandé à nous rencontrer pour savoir comment on faisait justement pour ne jamais franchir la ligne jaune. Je leur ai dit que cette rencontre ressemblait au fameux sketch des « Guignols » intitulé « Encule un mouton » où Alain de Greef, mythique directeur des programmes de Canal +, doit expliquer au CSA ce qu'est l'humour. Mais ils n'avaient jamais entendu parler du sketch. J'ai dû leur raconter… Je ne faisais pas la maline. C'était une vraie mise en abyme.

Vous qui connaissez bien la Maison de la Radio, y a-t-il une photo de Nicolas Hulot dans le bureau de Nicolas Demorand et de Léa Salamé ?

Non car ils ont vite arrêté de parler de cette démission surprise en direct à cause de la vidéo où ils la décrivaient comme « un moment de grâce ». Ils reconnaissent eux-mêmes avoir fait une connerie. Mais, nous, on était contents, ça nous a fait trois mois de blagues !

Y a-t-il une couronne dans le bureau de votre patronne Laurence Bloch depuis que France Inter devance RTL en audience ?

Non, elle ne se la pète pas du tout. Honnêtement, on est nombreux à être gênés d'être la première radio de France. Être premier, c'est le début des emmerdes. La preuve ! Mais c'est épatant que le service public soit en tête avec des moyens inférieurs aux autres. Quand Europe 1 débauche quelqu'un de chez nous, ils offrent un salaire délirant…

Y a-t-il une photo de Raphaël Glucksmann, compagnon de Léa Salamé et tête de liste PS aux Européennes, dans votre bureau ?

On a accroché un portrait du ministre de la Culture, Franck Riester, de peur d'oublier son visage. Mais le couple Léa Salamé-Raphaël Glucksmann nous a bien fait marrer. On s'en serait moqué de toute façon, mais évidemment on l'a fait d'autant plus que Léa est de la maison. Mais elle l'a bien pris, elle a un côté déglingo. Je m'en prends régulièrement à son invité le matin et elle ne m'a jamais rien dit.

Et une photo de Sibyle Veil, la patronne de Radio France, dans le bureau des syndicats de la Maison Ronde ?

Non la décoration est très minimaliste. Il y a des mégaphones et des banderoles. Je suis en colère car je ne comprends pas pourquoi, alors qu'on a d'excellents résultats, on coupe les budgets ? (NDLR : Radio France était en grève mardi pour protester contre le plan d'économies prévoyant près de 300 suppressions de postes) A quoi ça sert d'être premier, si on veut te saborder ?

On a élargi la publicité sur nos antennes. On a ouvert un restaurant et loué les locaux pour des défilés de mode. On va devoir faire quoi de plus ? Ouvrir un centre commercial ? Il y a des gens qui travaillent 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les heures supplémentaires ne sont pas payées. On ne vole pas nos congés. C'est tellement injuste.

03/06/2019

«Une véritable saignée»… Le plan d’économies de Radio France serait multiplié par trois

 

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Radio France doit se serrer la ceinture. Elle envisage de nouvelles suppressions de postes pour dégager 60 millions d’euros d’économies d’ici 2022, soit le triple de ce qui avait été annoncé jusqu’ici, ont indiqué vendredi une source syndicale et le député communiste Sébastien Jumel. Ce dernier parle de « saignée ».

La direction de Radio France n’a pas souhaité faire de commentaires avant le comité central d’entreprise prévu ce lundi.

20 millions pour compenser l’augmentation des charges

Selon une source syndicale, la présidente du groupe Sibyle Veil a toutefois évoqué ces dernières semaines devant les salariés un plan d’économies de 60 millions d’euros, sur un budget total d’environ 650 millions d’euros. La présidente a reçu les syndicats du groupe vendredi dernier pour évoquer les contours de ce plan, avant la réunion de lundi.

Outre 20 millions d’euros de baisse attendue des contributions de l’Etat, le tour de vis supplémentaire vise à compenser 20 millions d’euros d’augmentation des charges (personnel, loyers, financement de la Radio numérique terrestre) et également permettre 20 millions d’investissement dans le numérique.

« Départs ciblés »

Le député PCF de Seine-Maritime Sébastien Jumel dénonce vendredi dans un communiqué une « véritable trahison du service public radiophonique ». Avec ce « plan d’économies multiplié par trois », Radio France est « promis à une véritable saignée », écrit-il, assurant auprès de l’AFP avoir obtenu ce chiffre à partir de sources internes.

La direction du groupe n’a pas évoqué de plan de départs mais des « départs ciblés », selon la source syndicale. Aucune suppression d’antennes ne serait non plus à l’ordre du jour.

Radio France avait connu une longue grève au printemps 2015 pour protester contre un sévère plan d’économies et des réductions d’emplois. Depuis, a décrit la Cour des comptes en février, le groupe a fait des progrès en matière d’audience et de gestion, mais il doit encore se réformer pour sortir d’une situation financière « inquiétante ». Radio France prévoit un budget à l’équilibre en 2019 pour la deuxième année consécutive, malgré la baisse de ses financements publics.

Sources 20 Minutes

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20/03/2019

Les chaînes télé déroulent le tapis rouge devant Marine Le Pen

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Depuis le début de l’année, les représentants du Rassemblement national (RN) se bousculent aux portillons des chaînes d’information en continu. Sur la période allant du 1er janvier au 17 mars 2019, on ne dénombre pas moins de 161 invitations sur BFM-TV, Cnews, France Info ou LCI, soit plus de deux apparitions par jour en moyenne.

A elles seules, BFM-TV et CNews comptent pour 131 invitations. Cette omniprésence des représentants du parti d’extrême-droite s’accompagne d’un traitement médiatique tout en complaisance à l’égard de Marine Le Pen. À longueur d’émissions spéciales sur « la dynastie Le Pen », d’interviews bienveillantes, de commentaires élogieux, la présidente du Rassemblent national (RN) bénéficie d’une couverture d’une complaisance sans égale. Retour sur cette édifiante séquence de promotion médiatique.

Dès la mi-janvier, BFM-TV célébrait en fanfare la rentrée politique de Marine Le Pen avec une émission spéciale, promue à grands renforts de bandes-annonces. Au programme, « une grande enquête » sur « un feuilleton politico-familial qui passionne les Français depuis plus d’un demi-siècle, la dynastie Le Pen », avec « des secrets, des pardons et des trahisons ». Bref on l’a compris, rien ne sera épargné aux téléspectateurs, dans ce que Samuel Gontier décrit comme une « entreprise de dépolitisation parfaitement menée, à force d’anecdotes insignifiantes et d’exégèses psychologisantes [1]. »

Le soir même sur le plateau de BFM-TV, les commentaires donnent le ton : « Il y a ce côté Dallas et Dynastie, les séries américaines », commente ainsi Olivier Beaumont du Parisien. Et d’évoquer « un clan qui s’est toujours invité dans le foyer des Français. » Invité certes, mais par qui ? Pour le présentateur Bruce Toussaint, l’histoire des Le Pen est « une saga incroyable », qui est « à la fois une histoire de famille et un pan de notre histoire politique. » Rien que ça. La diffusion de cette émission spéciale tombe d’ailleurs à point nommé : « Marine Le Pen qu’on disait carbonisée par la dernière élection présidentielle […] est en train de tirer profit de la crise des gilets jaunes ». Une affirmation sans appel, sur la foi de sondages prédisant un score élevé pour le Rassemblement national. Et constituant vraisemblablement une raison suffisante pour dérouler le tapis rouge à sa dirigeante [2].

Une autre séquence s’ouvre le 17 février. Alain Finkielkraut est invité sur BFM-TV par Apolline de Malherbe, en réaction aux insultes proférées la veille à son encontre, en marge d’une manifestation de gilets jaunes. Au cours de cet entretien, il délivre un satisfecit à la présidente du Rassemblement national : « Qui a dénoncé immédiatement les attaques dont j’ai été l’objet ? Marine Le Pen. » Pour lui, le RN ne figure pas parmi « les vrais fauteurs de haine ». D’ailleurs, ce serait « une incroyable paresse de pensée que de revenir sans cesse aux années 1930 et au bon vieux Front national de papa ».

Cette invitation a été l’amorce d’une nouvelle salve de commentaires complaisants à l’égard du Rassemblement national [3]. Sur le plateau de « BFM Story », l’éditorialiste Anna Cabana est catégorique : au lieu de parler d’antisémitisme d’extrême-droite, on ferait mieux de parler d’un antisémitisme d’extrême-gauche. La preuve ? « Quand on discute avec Alain Finkielkraut de ce qui s’est joué pour lui […] il vous parle des zadistes, il vous parle des gauchistes ». On ne peut pas reprocher à Anna Cabanna de ne pas avoir de suite dans les idées : le lendemain, elle invite Marine Le Pen à un entretien chaleureux et complaisant sur i24. L’occasion pour la présidente du RN de pontifier sur l’« antisémitisme islamo-gauchiste » qui serait le « danger le plus flagrant, le plus évident aujourd’hui ».

En mars, c’est LCI qui prend le relais. La chaîne d’information en continu y va, elle aussi, de sa soirée spéciale sur le « renouveau » de la dirigeante du Rassemblement national. Dès le journal de 17h, la présentatrice annonce la couleur : « Elle est jugée volontaire, capable de prendre des décisions et de comprendre les problèmes quotidiens. L’image de Marine Le Pen s’est considérablement améliorée auprès des Français. [4] ». A 18h, David Pujadas annonce quant à lui « un retour en grâce ». Des affirmations à nouveau appuyées à grand renfort de sondages.

Au sommaire de cette soirée, surprise ! Un « grand document » sur « le roman vrai d’une dynastie politique », avec les « confidences et confessions de trois générations Le Pen ». Avec originalité, LCI marche dans les pas de BFM-TV. Pourquoi au juste cette émission spéciale ? Le chef du service politique de TF1 et LCI s’explique : « Parce qu’on est à quelques semaines d’une élection, les européennes, où, selon toute vraisemblance, la formation politique de Marine Le Pen va réaliser un score très important. » La même logique est à l’oeuvre que sur BFM-TV : des sondages annoncent un résultat favorable pour le RN, il est donc urgent de lui ouvrir tous les micros.

Le service public n’est pas en reste. « L’émission politique » du 14 mars sur France 2 constitue le dernier épisode en date de cette séquence de promotion médiatique. Un extrait relayé avant l’émission annonçait déjà la couleur : Thomas Sotto, interrogeant Marine Le Pen… sur son amour pour ses chats. Un échange passionnant qui n’a pas manqué de susciter l’ironie voire l’indignation sur les réseaux sociaux. L’émission est à l’avenant : pendant plus de deux longues heures, Marine Le Pen occupe l’antenne. Le résultat ? C’est Nathalie Saint-Cricq, cheffe du service politique de France 2, qui en parle le mieux dans son debriefing : « globalement, elle est hyper dédiabolisée ». Et en détail, cela donne cette tirade édifiante :

« Moi, je l’ai trouvée assez efficace, j’ai trouvé qu’elle avait travaillé […], qu’elle était dans le constat ce qui lui permet plus facilement d’arrondir les angles. Elle n’est pas contre les riches, elle est pour les pauvres. Elle aime bien les bons gilets jaunes, mais elle défend aussi les policiers. Tout est de la faute du gouvernement. Donc pendant toute la première partie on a eu quelqu’un d’assez consensuel et qui était dans le constat et finalement son constat, on pouvait le partager, et c’était une sorte de constat mainstream . Après les choses se sont un peu plus gâtées avec Nathalie Loiseau et avec Matteo Renzi parce que là, on n’était plus dans le constat on lui demandait des solutions […] et là ça a patiné un petit peu plus mais globalement, elle est hyper dédiabolisée et elle a travaillé et elle n’est plus excessive comme elle pouvait l’être avant, ni pas très professionnelle. »

En résumé donc : une belle séquence d’« hyper dédiabolisation » offerte en direct et à une heure de grande audience par le service public.


***


Depuis janvier, les chaînes d’information en continu font la chronique annoncée du triomphe de Marine Le Pen. Ils décrivent, sur la foi de sondages, tantôt une « résurrection », tantôt une « reconquête » en vue des élections européennes. Emissions spéciales à l’appui, ils évoquent des Français « fascinés » par la famille Le Pen. Tout est bon pour expliquer le succès annoncé de l’extrême-droite. Pour certains commentateurs, les mobilisations de gilets jaunes auraient profité au Rassemblement national – alors même que les obsessions migratoires de Marine Le Pen n’apparaissent pas dans les revendications exprimées par les gilets jaunes.

Cette séquence, qui prend des allures d’auto-hypnose médiatique, a un effet performatif - lorsqu’est annoncée sur tous les tons et registres la « dédiabolisation » du RN. Elle fonctionne également comme une forme de prophétie auto-réalisatrice, en écrivant à l’avance la « dramaturgie » des élections européennes comme un « match » entre Marine Le Pen et Emmanuel Macron. Et en écrasant, sur les plateaux télévisés, toute alternative à ce duel sous le brouhaha médiatique.


Frédéric Lemaire (avec Pauline Perrenot et Florent Michaux)

Annexe : les représentants du Rassemblement national dans les radios et télévisions

Nous avons effectué le décompte des invitations de représentants du RN dans les radios et chaînes de télévision du 1er janvier au 17 mars 2019, sur la base de la liste des interventions médiatiques recensées sur le site du RN.

Les médias recensés sont : BFM-Business, BFM-TV, C8, CNews, Europe 1, France 2, France 24, France 3, France 5, France Bleu, France Culture, France Info, France Inter, I24, LCI, LCP, Paris Première, Public Sénat, Radio Classique, RCF, RFI, RMC, RT, RTL, Sud Radio, TV5 Monde.

On compte un total de 233 invitations médias sur 76 jours, soit une moyenne de 3 invitations par jour sur l’ensemble des médias concernés. Ce palmarès est largement dominé par BFM-TV (71) et CNews (60) y compris en comparaison avec d’autres chaînes d’information en continu (14 pour LCI).

par Frédéric Lemaire, pour ACRIMED