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04/03/2024

France: quelle place pour la guerre de Gaza dans les JT de 20h?

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Le massacre du 7 octobre et le début d'une nouvelle guerre dans la bande de Gaza ont créé une onde de choc médiatique planétaire. Pourtant, après 150 jours de guerre et plus de 30 500 morts, la couverture médiatique du conflit est irrégulière sur le petit écran des Français

Le 7 octobre, en quelques minutes, la guerre en Ukraine avait disparu des médias. Pour un instant seulement. À la différence de la guerre en Ukraine qui depuis février 2022 conserve une part importante dans le paysage audiovisuel français, la guerre qui se déroule dans la bande de Gaza semble tombée aux oubliettes, principalement à la télévision, alors que le conflit se durcit chaque jour un peu plus et que le bilan des morts ne cesse de croître.

« Il y a une invisibilisation des Palestiniens, et de manière générale une invisibilisation de l'ensemble du conflit, très mal traité ou peu traité. C’est un vrai manquement au devoir d'information, tout simplement. C’est une catastrophe, un naufrage. » Le constat de Célia Chirol est sans appel. Doctorante et chercheuse en anthropologie des médias, elle est la première à s’être penchée sur la couverture médiatique de la guerre à la télévision française lors de la grand’messe du 20h sur les chaînes traditionnelles que sont TF1, France 2 et M6, soit 12,5 millions de téléspectateurs au total. À l’origine, une interrogation : pourquoi aucun JT n’a relaté l’audience historique de la CIJ ? « Sur les 20 JT analysés du 8 au 14 janvier, seulement 29 secondes de temps d’antenne ont été consacrées à Gaza et au sort des Palestiniens. Plus en détails, cela donne 5 secondes pour TF1, 10 secondes pour M6 et 14 secondes pour France 2. » Et encore, en fin de journaux et après les affres d’Alain Delon ou le dernier clip de Jennifer Lopez.

L’émission Arrêt sur images a de son côté pris la suite des travaux de Célia Chirol pour un constat identique : du 4 au 15 février durant les JT de 13 h et de 20 h de TF1 et de France 2, « le sort des Gazaouis ne fait l'objet d'aucune séquence dédiée, que ce soit avec un reportage ou en plateau. Et aucun journal, d'aucune chaîne, n'a indiqué sur cette période de bilan chiffré du nombre total de morts à Gaza (…) À l'inverse, les otages israéliens, ainsi que les annonces de l'État hébreu, bénéficient d'une couverture médiatique. »

« Cela peut sembler au premier abord paradoxal, mais les silences font partie du bruit médiatique, et s’intéresser à ce qui est tu, n’a pas moins d’intérêt que s’intéresser à ce qui est dit », analyse de son côté l’observatoire des médias Acrimed qui note « le processus d’invisibilisation de la petite bande côtière assiégée et bombardée et, plus globalement, des Palestiniens ».

Une lassitude du public ?

« Lorsqu’un événement, y compris un événement très fort, se produit, même s'il se prolonge, il y a toujours un phénomène qui conduit à une espèce d’épuisement. C’est un phénomène assez classique qu'on retrouve particulièrement dans les situations de guerre ou de crise », analyse Jean-Marie Charon, sociologue spécialisé dans les médias. Pourtant, la guerre en Ukraine continue d’être traitée, voire d'être au centre de la ligne éditorial du média, comme à LCI. Certains invoquent le fait que le public français se sent plus impliqué dans ce conflit, parce que plus proche de lui. « D’autres rétorqueront que les États-Unis, dont les chaînes françaises parlent énormément, sont géographiquement plus éloignés que le Proche-Orient... », nuance le sociologue.

Pour Jean-Marie Charon, un autre élément est également à prendre en compte : le conflit israélo-palestinien, qui date depuis bien avant le 7 octobre, parce qu’il est trop compliqué à comprendre par le public, parce qu’il dure depuis trop longtemps et qu’il semble sans issue, ne préoccupe plus.  « Je pense qu'il y a quelque chose qui se surajoute dans la question de la région et de Gaza : un phénomène de complexité. C'est incontestablement, si on compare là encore avec l’Ukraine, beaucoup plus complexe à analyser. Il y a à la fois des aspects historiques, des aspects liés à des cultures différentes, des aspects liés à des contextes politiques, etc. Donc là, il y a tous ces éléments qui sont perçus comme des éléments de complexification et qui là aussi peuvent amener à dire : "On ne va pas y revenir sans arrêt, de toute façon le public trouve que c'est trop compliqué". »

En 2015 déjà, Acrimed parlait du traitement du conflit israélo-palestinien en le comparant au « syndrome de Tom et Jerry » : « [Le spectateur] ne sait pas pourquoi ces deux-là se détestent, on ne lui a jamais expliqué pourquoi Tom et Jerry ne peuvent pas parvenir à une trêve durable, voire une paix définitive. […] Il devra se contenter d’une couverture médiatique qui se focalise sur la succession des événements, sans s’interroger sur les causes profondes ou sur les dynamiques à long ou moyen terme. »

Depuis une vingtaine d’années, les études, dont celle menée par La revue des médias, montrent en effet que la couverture du conflit israélo-palestinien est en baisse. Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël entre 1981 et 2015, avançait en 2021 quelques explications : l’impression, chez les directeurs de rédaction, « que le conflit israélo-palestinien a perdu de son importance », la « crainte de se retrouver face à des réactions extrêmes, de la part des deux camps ». Et La revue des médias de rappeler les pressions infructueuses exercées par l’ambassade d’Israël, le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif) ou le Consistoire central israélite, pour empêcher la diffusion, en 2018, du reportage d’Envoyé spécial (France 2), Gaza, une jeunesse estropiée.

Un sujet brûlant

Célia Chirol y voit aussi le fait que le sujet, en France, soit tabou et exacerbe les tensions. « Il y a aussi une autocensure de la part des médias, parce que ce conflit-là, au-delà de la complexité qu'on veut lui donner, et qui en fait n’est pas si complexe que ça, est un sujet trop "touchy" [sensible]. Il y a toujours les risques d'être accusé de ceci ou de cela… Voir par exemple l’affaire du journaliste de TV5 Monde Mohamed Kaci lors d'une interview avec un porte-parole de l'armée israélienne. 

Pascal Boniface, chercheur à l’Iris, résume la couverture médiatique du conflit israélo-palestinien en quelques mots : « La France est dans le camp occidental, et Israël en fait partie ; et cela se voit sur le plan médiatique ». Chaque mot et chaque terme employé sont scrutés à la loupe, les acteurs de la propagande, des deux côtés, étant prompts à faire feu de tout bois. 

Dès lors, pour suivre en temps réel la guerre dans la bande de Gaza, les Français doivent se tourner vers les télés étrangères ou ayant une visée internationale qui, elles, ont conservé leur couverture de la tragédie qui se déroule en direct sur BBC, CNN, France 24 ou Al-Jazeera qui couvre le conflit en temps réel 24h/24.

Traiter le conflit israélo-palestinien en France n’est pas une mince affaire, mais en dehors de la télévision, la presse écrite et les radios ainsi que leurs sites internet continuent de couvrir, à des degrés divers et bien moins que les premières semaines qui ont suivi le 7 octobre, les événements dans la bande de Gaza – et en Cisjordanie occupée - en tentant de se tenir au plus près des faits et de garder la neutralité dont doit faire preuve le métier. Autre difficulté, dans la bande de Gaza, les journalistes sont aussi les victimes et les cibles - plus de cent parmi eux ont été tués depuis le 7 octobre, tous Palestiniens - et Israël interdit aux médias étrangers de se rendre sur le terrain, une première dans un conflit armé.

Le drame survenu à Gaza jeudi 29 février lors d'une distribution humanitaire qui a fait quelque 700 blessés et 110 morts selon le Hamas (« Plusieurs dizaines de victimes » selon l'armée israélienne), a subitement ramené la guerre à Gaza à la Une des titres des JT. Un peu comme si la guerre à Gaza selon les JT était en pointillés. Peut-être le signe d'un format d'information datant de l'ORTF et aujourd'hui devenu obsolète, à l'heure des réseaux sociaux et du tout-digital.

Source RFI

13/09/2023

Qui sont les six milliardaires qui possèdent les principaux médias français

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Aujourd’hui, les milliardaires l’assument, sans aucun complexe. D’autant que la presse et les médias, pris dans les tempêtes de la révolution numérique, ont des problèmes drastiques d’argent. Les milliardaires arrivent comme des sauveurs, mais toujours avec une arrière-pensée politicienne, qui prend en otage salariés et lecteurs ou spectateurs du média concerné.

Vincent Bolloré, le papivore

Sa fortune est estimée à 10 milliards de dollars. Vincent Bolloré a investi dans plusieurs secteurs industriels. Depuis 2012, et sa prise de pouvoir à la tête de Vivendi, il collectionne les médias (Canal PLus, CNews, C8, Europe 1, le JDD, Paris Match…). Il détient aussi 74 % du marché des manuels scolaires.

Patrick Drahi, l’endetté

Le patron d’Altice (SFR, BFM…) a une fortune personnelle qui s’élève à 4,2 milliards de dollars. Son groupe est endetté à hauteur de 60 milliards d’euros… Il est à la tête de BFMTV, de RMC, l’Étudiant, soutient Libération.

Xavier Niel, le discret

Huitième fortune française, il est le fondateur de Free en 2006. Depuis, il a largement investi dans la presse. Il est devenu en 2010 un des actionnaires principaux du journal le Monde. Il possède le groupe Nice-Matin, a racheté France-Antilles en faillite en 2020 et a financé le lancement du journal l’Informé.

Daniel Kretinsky, entre l’énergie et les médias

Avec une fortune de 9,2 milliards de dollars, Daniel Kretinsky a démarré en investissant dans les mines et les centrales à charbon en Europe de l’Est. L’homme d’affaires s’implante dans les médias français à partir de 2018 : il détient désormais les magazines Elle, Télé 7 jours, Franc-Tireur ou encore Marianne.

Bernard Arnault, le plus riche

Avec sa fortune de 238,5 milliards de dollars, le PDG et actionnaire majoritaire du groupe de luxe LVMH est le plus riche parmi les riches. Il possède les journaux le Parisien et les Échos, la revue Connaissance des arts, le site Investir ainsi que Radio Classique. En 2019, il a fait espionner François Ruffin, le rédacteur en chef de Fakir, depuis devenu député.

Rodolphe Saadé, la force montante

Depuis novembre 2017, il est à la tête du groupe CMA CGM, l’une des plus grosses compagnies maritimes, dont sa famille détient 73 % des parts. La fortune du chef d’entreprise s‘élève à 41,4 milliards de dollars. Il a racheté la Provence et la Tribune, est entré au capital de Brut et a des parts dans M6.

Source l'Humanite

18/12/2021

Zemmour face à Hanouna, une vision alarmante du débat démocratique

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Jeudi, sur C8, chaîne du groupe Bolloré, Cyril Hanouna lançait “Face à Baba”, une émission pensée sur mesure pour recevoir le candidat d’extrême droite. Un spectacle affligeant, contraire à toute exigence journalistique et démocratique.

Il y a encore deux ans, Cyril Hanouna affirmait qu’il ne recevrait jamais Éric Zemmour sur son plateau. Mais ça, c’était avant que le polémiste d’extrême droite, ex-figure de proue de CNews et chouchou de Vincent Bolloré, ne lance sa campagne médiatique en vue de l’élection présidentielle. « Dès qu’il arrive sur un plateau, on sait que l’audience va décoller », salivait l’animateur en septembre dans Touche pas à mon poste (TPMP), lorgnant déjà la possibilité de faire un coup en l’invitant sur C8.

Ce jeudi 16 décembre, après des semaines de teasing, il lançait donc Face à Baba, une nouvelle émission de débat, créée sur mesure pour recevoir Éric Zemmour en prime time. Un coup d’audience, assurément : la première partie du show (long de plus de trois heures) a réuni 2,2 millions de téléspectateurs, soit 10,5 % de part de marché. Mais surtout, un coup supplémentaire porté aux principes du débat démocratique.

Le concept : dix personnalités affrontent à tour de rôle Éric Zemmour lors de « matchs » de dix minutes. Mais ça, c’était sur le papier : en réalité, la production a convié « cinq personnes qui sont plutôt contre lui, et cinq qui sont plutôt avec lui, pour qu’on soit dans une équité totale », expliquait Cyril Hanouna dans TPMP quelques minutes avant le démarrage de Face à Baba, rappelant ainsi sa conception du débat d’idées. Il le répète à l’envi : pour lui, qui n’est pas journaliste mais animateur de divertissement, les journalistes politiques sont « agressifs ». « Je ne suis pas là pour insulter ou invectiver […] Ce soir, je ne veux pas d’agressivité », annonce-t-il donc d’emblée.

Un hymne au groupe Bolloré

En plateau, Garen Shnorhokian, porte-parole des Amis d’Éric Zemmour, exulte : « Vous êtes l’un des plus grands démocrates de ce pays. » « On a une liberté totale, on fait ce qu’on veut », répond Cyril Hanouna, dans une hallucinante tirade vantant la liberté d’expression qui régnerait dans le groupe Bolloré. « C’est ça qui est incroyable dans ce groupe, et la liberté qu’on a sur C8, je crois qu’on ne l’aura nulle part ailleurs. À TF1, quand y a une émission politique, toute la direction se mêle de savoir quelles questions vont être posées. Ici, je vous le dis, c’est la magie de C8. » Il fallait oser, alors que le magnat Vincent Bolloré exerce une censure brutale dans les médias qu’il rachète les uns après les autres, menaçant toujours plus la liberté d’expression

Annoncé comme le grand adversaire de la soirée, l’acteur-réalisateur Mathieu Kassovitz est finalement coincé chez lui, positif au coronavirus. Après sa question enregistrée, c’est l’écrivain Aymeric Caron qui ouvre véritablement le bal, ulcéré, débordant, refusant quasiment à Éric Zemmour le droit de répondre à ses offensives. Dans le chaos habituel des émissions de Cyril Hanouna, incapable d’orchestrer le débat, les opposants Karim Zéribi, chroniqueur CNews et C8, le député Insoumis Alexis Corbière ou encore Élisabeth Moreno, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes, tentent avec plus ou moins de sang-froid de contredire l’idéologie d’Éric Zemmour.

27/03/2021

Turquie: quatre journalistes de Charlie Hebdo inculpés pour "insulte" à Erdogan

Erdogan 3.jpgErdogan reproche à l'hebdomadaire satirique de l'avoir "insulté" par le biais d'une caricature le montrant en train de soulever la robe d'une femme voilée.

Un procureur turc a réclamé ce vendredi jusqu'à quatre ans d'emprisonnement contre quatre collaborateurs de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo qu'il accuse d'avoir "insulté" le président Recep Tayyip Erdogan dans une caricature publiée l'an dernier. Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre collaborateurs de Charlie Hebdo inculpés sont la caricaturiste Alice Petit et trois responsables du célèbre hebdomadaire, Gérard Biard, Julien Sérignac et Laurent Sourisseau, dit Riss.

La publication de cette caricature, en octobre, avait suscité la colère de Erdogan dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre Ankara et Paris. On y voyait l'autoritaire président turc dessiné en slip, bière à la main, soulevant la robe d'une femme voilée en s'écriant: "Ouuuh ! Le prophète !".

Dans son acte d'accusation, qui doit encore formellement être accepté par un tribunal pour que s'ouvre un procès, le procureur turc estime que cette caricature "n'entre d'aucune manière dans le cadre de la liberté d'expression ou de la presse", qualifiant le dessin de presse de "vulgaire, obscène et déshonorant". Après la parution de cette caricature, Erdogan avait dénoncé une "attaque ignoble" commise par des "vauriens".

La presse réprimée en Turquie

Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, Erdogan accusant notamment le président français Emmanuel Macron d'"islamophobie" pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet.

L'annonce de l'inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient par ailleurs quelques jours après que Macron a accusé la Turquie d'"ingérence" et en pleine polémique en France sur le financement d'une mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé ce vendredi les poursuites contre les collaborateurs de Charlie Hebdo, accusant Ankara de vouloir "élargir la censure au-delà de la Turquie". Régulièrement épinglée par les ONG, la Turquie est classée à la 154e position sur 180 dans l'index de la liberté de la presse publié par RSF. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias d'opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays.

Article original publié sur BFMTV.com

12:22 Publié dans Actualités, Informations, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erdogan, turquie, charlie hebdo | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |