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12/11/2011

Montataire prend en main la fracture numérique

fracture-numerique.jpgCette ville communiste de l'Oise de plus de 12000 habitants a décidé de concurrencer directement les fournisseurs d'accès Internet, pour proposer une forme de service public du numérique, à un prix défiant toute concurrence.

« C’est l’offre la moins chère du monde » explique-t-on fièrement à la mairie de Montataire, et c'est vrai. Avec 15,25 € pour le duo Internet-télévision et 30,25 € pour l’offre triple play (Internet, 82 chaînes de télévision, téléphone), la Montataire Box est franchement intéressante. L'installation est gratuite, et l'abonnement mensuel est entre 5 et 10 euros de moins que la concurrence privée, selon les offres et les FAI. C'est la RCCEM, Régie communale du câble et de l'électricité de Montataire, un service public de proximité, qui s'occupe d'amener l’électricité mais aussi Internet et la télévision aux habitants.

La mairie peut du coup narguer le gouvernement qui envisage une « offre sociale du Net » à 23 euros par mois. Et c'est important dans cette municipalité assez pauvre, où le revenu annuel moyen n'y est que de 16 000 euros par foyer.

Autre atout de cette offre publique, il est précisé dans les conditions générales de vente que "l'abonné rencontrant des difficultés de paiement peut prendre contact avec la RCCEM afin d'analyser sa situation et de définir des modalités de paiement de sa dette, notamment d'un échelonnement".

L'offre démarre fort, avec 150 foyers clients en quelques jours, sur les 5000 que comptent la ville. La RCCEM espère conquérir 500 habitations par ans. En outre, c'est un programme qui repose sur la fibre optique, qui assure un débit Internet plus élevé et bien plus stable que l'ADSL. L'investissement est de taille pour la ville, plus de 650 000 euros, la municipalité espère rentrer dans ses frais d'ici huit ans.

Publié par le journal l'Humanité

20:13 Publié dans Informations, Internet, Télévision, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, numérique, montataire | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

02/09/2011

INTERNET : LIBERTE SOUS SURVEILLANCE

internet.pngEn raison de sa nature décentralisée, Internet n'est pas "contrôlé" par un unique organisme, Etat, ou entreprise. Contrairement à une idée répandue, le réseau n'est pas non plus une "jungle" totalement libre : à tous les échelons, de nombreux organismes exercent ou peuvent exercer un contrôle ou une censure sur les informations qui y circulent.

AU NIVEAU MONDIAL

Les stuctures les plus fondamentales d'Internet sont sous le contrôle de l'Icann, l'Internet corporation for assigned names and numbers. Cet organisme a un statut particulier, puisqu'il s'agit d'une société à but non lucratif, soumise au droit californien. Composé de nombreuses commissions, qui gèrent des problématiques structurelles, l'Icann encadre notamment les noms de domaine ou le fonctionnement des adresses IP (Internet Protocol, les "adresses" de machines et de sites sur le réseau).

La gouvernance de cet organisme stratégique fait l'objet de nombreux débats : plusieurs pays lui reprochent notamment la sur-représentation des Américains dans les différentes commissions. L'Europe et la Chine, notamment, demandent depuis plusieurs années une plus grande ouverture dans la gestion de la fonction Iana, la "racine" d'Internet, qui gère par exemple les noms de domaine en .com. Le pouvoir de l'Icann est fondamental, puisque l'organisation peut suspendre des noms de domaines entiers, comme elle l'avait fait pour le .iq irakien ou pour le domaine afghan.

Pour le bon fonctionnement du réseau, un organisme distinct de l'Icann est également chargé de fixer les normes techniques des technologies les plus courantes sur Internet, comme le langage HTML : le World Wide Web Consortium (W3C). Sa gestion est assurée conjointement par des experts américains, européens et japonais.

AU NIVEAU NATIONAL

S'il est décentralisé, le réseau reste cependant tributaire de la présence de câbles pour son bon fonctionnement : en l'absence de "tuyaux" suffisamment grands, le trafic peut être très fortement ralenti. Or, de nombreux pays sont dépendants, pour leur accès au réseau, d'un ou deux câbles sous-marins ou souterrains. En Afrique, des pays entiers voient leur accès tributaire des décisions des pays voisins ou des choix des entreprises privées.

Surtout, les pays disposent techniquement de la capacité de bloquer ou de censurer tout ou partie d'Internet. Durant les manifestations qui ont précédé la chute de Hosni Moubarak, l'Egypte a pu couper quasi-instantanément l'accès au réseau en faisant pression sur les fournisseurs d'accès à Internet (FAI). En bloquant deux protocoles d'échange d'information vitaux, le pays a été coupé du reste de la Toile en quelques heures.

Sans aller jusqu'à ces extrémités, de nombreux pays exercent aussi un contrôle très fort sur le réseau. Des contenus contraires aux lois nationales sont ainsi bloqués dans la plupart des pays autoritaires, mais aussi dans des démocraties : en France, la loi sur les jeux d'argent en ligne permet d'ordonner le filtrage des sites qui n'ont pas reçu un agrément. En Australie, un vaste projet de filtre a été repoussé à plusieurs reprises devant les difficultés techniques et politiques. Ces systèmes de filtrage ne sont en effet pas infaillibles, mais les solutions de contournement peuvent être relativement complexes à utiliser.

L'organisation de défense de la liberté d'expression Reporters sans frontières publie chaque année un classement des pays qui censurent Internet. Dix pays sont classés par RSF comme "ennemis d'Internet" en raison de la censure draconienne qu'ils exercent sur le réseau.

Parmi eux, la Chine, la Birmanie et l'Iran, où les activités des internautes sont également espionnées. La Russie, le Venezuéla ou la France sont, eux, classés comme "pays sous surveillance" en raison de lois en vigueur qui permettent de filtrer des sites Web.

POUR CHAQUE ORDINATEUR

Au sein d'un même pays, plusieurs acteurs peuvent exercer un contrôle sur la manière dont les utilisateurs accèdent à Internet. Les fournisseurs d'accès disposent théoriquement d'importants pouvoirs : ils peuvent par exemple bloquer ou ralentir certains types de trafic, par exemple le téléchargement en P2P.

Depuis la création du Web, une règle non-écrite, dite de "neutralité du Net", prévoit que les opérateurs ne font pas de discrimination des contenus circulant sur le réseau : quel que soit l'utilisateur ou le type de données, toutes les informations doivent théoriquement circuler à la même vitesse.

Mais les FAI, qui se plaignent d'engorgements suite au développement exponentiel du Web, souhaitent pouvoir, dans certains cas, s'affranchir de cette règle. Pour des raisons de gestion du réseau, estiment-ils, il serait par exemple souhaitable de pouvoir donner la priorité à certains "paquets" d'informations au détriment d'autres, comme les vidéos en ligne par exemple. Dans certains pays, et notamment aux Etats-Unis et au Canada, les FAI brident également la vitesse de connexion et la quantité de données téléchargeables par les internautes.

En bout de chaîne, l'internaute est également soumis au contrôle de son réseau local, s'il n'est pas directement connecté à Internet. En pratique, ce sont souvent les entreprises qui détiennent le plus de pouvoir sur la connexion d'un internaute. Il est en effet plus simple de filtrer un réseau de petite taille que de le faire à l'échelle d'un pays.

Damien Leloup, le Monde

17:19 Publié dans Actualités, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, liberté, monde | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

01/06/2011

Révolutions : "Internet a besoin de la télévision pour atteindre la masse critique"

catherine-bertho-lavenir-54-november-2008.jpgEntretien avec Catherine Bertho- Lavenir, historienne et médiologue. Elle revient avec nous sur le lien entre médias, technologie et les révolutions. Du Printemps des Peuples et le télégraphe aux Indignés d’Espagne et Internet, en passant par les révolutions arabes.

Est-ce-que comparer le Printemps des peuples de 1848 avec ce nouvel outil qu’était le télégraphe, et les révolutions arabes et Internet vous semble pertinent ?

C’est effectivement intéressant sur deux points. D’une part il y a la contagion révolutionnaire, d’autre part le débouché politique. Parce qu’on peut décider avec Tweeter ou Facebook de se rassembler, mais ce n’est pas cela qui offre un réel débouché politique et des institutions.

En 1848, le réseau télégraphique est entre les mains de l’Etat, du ministère de l’Intérieur. Ce qui passe dessus sont donc les messages gouvernementaux et les dépêches des agences de presse, françaises et internationales, qui alimentent les journaux de province. L’information transite donc, mais comme les gouvernements en contrôlent le contenu, il n’y a pas de message républicain. Les socialistes n’ont pas accès à cette innovation et se contentent d’interpréter l’information officielle. Le télégraphe n’a donc pas directement porté le message révolutionnaire. En France en 1848, on est avant tout dans l’oralité, la réunion entre proches et les petits journaux clandestins pour faire passer le message politique.

C’est l’émeute urbaine qui va déclencher la révolution. Emeute qui se transforme en révolution quand il y a concrétisation politique. Mais c’est vrai que l’arrivée rapide des nouvelles de révoltes en France a poussé au soulèvement d’autres pays. En ce sens, le télégraphe a aidé à la contagion de l’émeute, selon l’idée : s’ils y sont arrivés, pourquoi pas nous. Mais c’est le premier mouvement socialiste et la première internationale qui a permis de passer de l’émeute à la révolution. Même si la situation, au départ comme à l’arrivée, est très différente selon les pays européens.

Et en ce qui concerne les révoltions arabes ?

egypte.jpgAvant d’arriver au média Internet, revenons à la télévision. C’est ce qui reste le média d’information central pour toucher les masses, même si elle est contrôlée facilement par le pouvoir. Sauf Al Jezeera, captée par internet ou Parabole, qui a été le média le plus important, lorsque la chaîne a décidé de couvrir au jour le jour les évènements.

Parce que qui a Internet en Tunisie et en Egypte ? Les jeunes, relativement riches. C’est une avant-garde éclairée. Encore que la situation en 1848 était sensiblement la même, la base de la contestation c’étaient des étudiants, imprimeurs et petits intellectuels.

Alors lorsqu’on dit que les révolutions arabes ne se seraient pas fait sans Internet, on surestime ce média ?

Ce que je vois sur les usages d’Internet, c’est que ça fonctionne aujourd’hui en synergie avec les medias traditionnels. Ca rentre en résonnance avec, ça pénètre et inspire les médias classiques. Mais dans le cas des révolutions, il y a besoin du relais de la télévision pour atteindre la masse critique.

Pourtant à l’origine, les premiers rassemblements se sont organisés sur Internet. C’est encore plus marquant avec le mouvement des Indignés en Espagne.

Effectivement des individus non organisés, c'est-à-dire qui ne sont pas adhérents d'un parti, d'un syndicat ou d'une association, se retrouvent après un appel sur Tweeter ou Facebook. On reste dans un cadre de la relation d’individu à individu. On se regroupe autour de quelqu’un, sur une logique de partage d’affinités, d’émotions. On rassemble des amis, contacts, ceux qui ont un « profil » proche. Le sentiment d’appartenance, notamment générationnelle est déterminant.

Dans un système bloqué comme en Tunisie, ou en Espagne où toute une population se sent sans alternative politique, cet usage d’internet a au moins l’intérêt de remobiliser une population tenue à l’écart du jeu politique traditionnel. Mais pour qu’il se passe quelque chose, il faudrait une concrétisation politique. Peut-être inventer quelque chose de nouveau, mais est-ce qu’on peut vraiment se passer d’un parti traditionnel…

Démocratie réelle et prise de parole, sont les principales revendications des Indignés. Ne trouvez-vous pas ces mots d’ordres très liés avec cette génération Internet ?

On a pu croire qu’Internet allait vraiment changer les choses, donner la parole, de manière égalitaire à de nouveaux individus. Pour la gauche, c’était l’espoir de redonner la parole aux minorités. Et pour la droite américaine, ne pas laisser les journalistes confisquer le discours public.

En réalité, Internet recrée de l’institution : les blogs influents se fédèrent principalement autour des sites de la presse traditionnelle. On a remarqué qu’Internet reproduit une même logique d’écran, d’intermédiaire entre l’information et son récepteur. C’est vrai qu’Internet autorise la prise de parole de n’importe qui. Ce n’est pas ça qui fera sens dans le débat public, mais rien n’empêche d’essayer.

Pour revenir aux indignés, je reste convaincue qu’un mouvement qui ne débouche pas sous une forme d’initiative politique organisée, s’il n’y a pas de possibilité d’institutionnalisation, reste une révolte et pas une révolution. Il n’y a pas de réponse technologique à une question qui ne l’est pas. Pour répondre à un problème politique, la réponse doit être politique.

La technologie peut déstabiliser, détruire, mais ne construira rien de politique. Les grandes difficultés que connaissent actuellement la Tunisie et l’Egypte en sont la preuve.

Bibliographie,

F. Barbier et C. Bertho Lavenir, Histoire des médias, De Diderot à Internet, A. Colin

C. Bertho Lavenir, La démocratie et les Médias, A. Colin

Vient de paraître (en mai) : C. Bertho Lavenir, Voyages à vélo, Paris-Bibliothèque-Actes Sud.

PUBLIE PAR L'HUMANITE

 

17:42 Publié dans Actualités, Blog, Entretien, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, révolution, communication, arabe | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

23/05/2011

Les Indignés : un mouvement né sur le Web

 

 

indignado.jpgDémarrée en Espagne, la contestation touche depuis l’Europe et timidement la France. D’Internet à la rue, il n’y a pas d’intermédiaire. Voici comment est né ce mouvement et comment il s’entretient grâce à un outil : Internet.

Pas de syndicat et encore moins de parti politique. Les rouages traditionnels de la contestation sont dépassés, et même volontairement exclus. Internet, grâce à l’échange en temps réel via réseaux sociaux et chats, a permis l’émergence spontanée d’une contestation franche et radicale, un ras le bol d’une génération.

  • Né d’Internet, pour Internet

Pour trouver une origine à ce mouvement, à l’état d’embryon, il faut chercher du côté de la loi Ley Sinde, l’équivalent de l’Hadopi espagnole. Les grands partis se sont unis pour faire passer le texte, sans entendre la voix des Espagnols, majoritairement contres. Sentiment de dénis de démocratie, et première organisation autour du mot d’ordre « No Les Votes » (ne votez pas pour eux, alors que les élections locales arrivaient). Slogan qui a donné son nom à un mot clé Twitter (1) puis à un site. Cette origine, de la défense d’une liberté totale sur Internet, explique pourquoi on trouve quelques masques d’Anonymous, le groupement d’Hacktiviste, lors des manifestations actuelles.

  • Internet et la « démocratie réelle maintenant»

Ce premier mot d’ordre est rapidement rejoint puis noyé sous le rouleau compresseur de la colère d’une jeune génération écrasée par 45% de chômage, des conditions de vie de plus en plus précaires et le sentiment de ne pas être entendu. Malgré une présence dans la rue de plus en plus importante (Madrid, Barcelone, Saragosse, Valence, Cordoue, Bilbao…) Internet reste au cœur du mouvement. C’est un outil qui permet de se passer complètement des structures habituelles : réunions, tracts, délégués, porte-paroles… Les mots d’ordres s’échangent sur Twitter (#SpanishRevolution, #NoNosVamos , #AcampadaSol, #YesWeCamp) comme sur la page Spanich Revolution de Facebook. Suivie par plus de 132 000 personnes. La communication se fait en ligne, les manifestants ont même installé une Webcam pour suivre en direct les rassemblements de la Puerta del Sol. Le site Democracia Real Ya (démocratie réelle maintenant), créé par une fédération d’associations, s’est imposé depuis le 15 mai comme référence pour suivre le mouvement. Sa page Facebook est suivie par 330 000 personnes.

Internet est ainsi devenu un élément structurel du mouvement. Ce qui s’y exprime est une colère, une envie de changement radical est un rejet de toutes les formes traditionnelles de la politique. Ce qui explique leur refus de toute récupération par des partis ou des syndicats et certains appels à voter blanc ou nul. La confiance envers le système démocratique espagnol est durablement rompue, les indignés ayant l’impression que leur voix n’est jamais entendue. La descente dans la rue s’est faite naturellement, comme un prolongement. C’est là aussi qu’ils veulent être entendus. D’où les principaux slogans : « Nous ne nous tairons pas » ou « la démocratie, maintenant ».

  • En France, une contagion déjà en danger ?

Après une première manifestation la semaine dernière devant l’ambassade d’Espagne, les Indignés français se sont retrouvés Place de la Bastille et comptent bien faire de ce lieu symbolique un rendez-vous quotidien. Le mouvement a ses mots clés Twitter : #frenchrevolution, #démocratieréelle ou #indignezvous. L’invitation d’associations comme Jeudi-Noir et Génération Précaire à rejoindre la mobilisation peut aider au décollage mais aussi participer au flou du message porté. Est-ce que les partis (les deux associations précitées ont à leur tête des élus d’Europe Ecologie Les Verts) et les syndicats traditionnels vont laisser le mouvement enfler seul ? La filiation avec l’opuscule « Indignez-vous » de Stéphane Hessel est en tout cas souvent revendiquée.

Les fils Twitter nous semblent le meilleur moyen pour suivre un éventuel envol de ce mouvement en France. A suivre également le site de Réelle démocratie maintenant, sur le modèle espagnol et en accord avec les mots d’ordre du mouvement, et qui propose un agenda des rassemblements prévus en France.

(1)Twitter est un outil très adapté à ce mouvement. On s’y exprime en temps réel, dans de brefs messages de 140 signes maximums, autour de mots clés (hashtag dans le jargon), précédés par des #.

Publié par le journal l'Humanité

18:24 Publié dans Actualités, Blog, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : internet, espagne, indignés | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |