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18/04/2024

Le jour où «l'Humanité» est née

 l'humanité, journal«LE 18 avril 1904 tombe le premier numéro de «l’Humanité», tiré à 140.000 exemplaires, vendu, dit Jules Renard, qui y publie une nouvelle, «la Vieille», à 138.000. Un immense succès.

Jaurès, dans son éditorial, justifiait le titre, qui était la définition même du programme socialiste, disait-il. Surtout il précisait quel serait l’esprit du journal. Le contraire même d’une publication de propagande, au sens étroit du mot. On y trouvait des «informations étendues et exactes», donnant à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. S’y manifestaient le refus du «mensonge, des informations tendancieuses, des nouvelles forcées ou tronquées…, la loyauté des comptes rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude de nos correspondances». En somme, «un souci constant et scrupuleux de la vérité», qui n’émoussera pas la «vigueur du combat».

Exactitude, vérité, loyauté, liberté, combat: les mots étaient l’expression fidèle de l’attitude de Jaurès. Et naturellement il affirmait l’indépendance du journal, sa transparence.

La joie régnait le jour de la sortie et du succès du premier numéro. Jules Renard, partagé – 138.000 lecteurs ont pu lire «la Vieille», mais sa nouvelle a-t-elle été comprise? -, se rend rue Richelieu, au siège du journal. Jaurès, Briand, Herr, Anatole France, Mirbeau, Blum, tout le monde le félicite et il n’ose dire à Herr: «Vous aussi, vous avez écrit une bonne page.» Anatole France parle, Mirbeau rit. Jaurès écoute, la tête mobile, regardant l’un puis l’autre. Briand est jovial… «Léon Blum, actif, fiévreux, semble la nymphe égérie. Il regarde Jaurès écrire un mot et dit parfait.»

Jaurès est venu au-devant de Renard, l’a remercié, prié de ne pas rester longtemps sans donner une page. Renard croit rêver. Il n’a jamais été reçu ainsi dans un bureau de rédaction. Mais il ne s’agit pas de journalistes comme les autres et pourtant le journal est, les premiers mois, un succès.

Jaurès avait voulu, dit-on, faire «le Temps» socialiste. Or, «l’Humanité» s’impose vite. Pressensé et Herr, dans leur page de politique extérieure, sont des analystes sûrs et parfaitement informés. Et pour le reste, note un critique (Thibaudet): «L’Humanité» est une splendeur. D’abord le leader quotidien de Jaurès, qui n’eut jamais plus de flamme et de talent. Le critique littéraire est Gustave Lanson, auquel succéda Léon Blum. Les reportages sont faits par Daniel Halévy. Le mouvement social est suivi par une dizaine de jeunes normaliens. Pour feuilleton, la primeur de «Sur une pierre blanche», d’Anatole France.»

Il n’y a que Péguy, hargneux, qui, dans sa volonté de dénigrement, juge que «l’Humanité est un journal plus gris que «la Lanterne», aussi bas que son ancienne «Petite République», suintant la politique et toujours quelque unité». Et quant aux collaborateurs, «il s’agit, selon lui, d’une horde affamée de petits agrégés normaliens venus au secours de la République après la bataille».

Pourtant, la qualité indiscutable du journal n’en garantit pas le succès. Surtout si, en première page, on publie les résultats des concours de l’agrégation de 1904, comme s’il s’agissait là d’une nouvelle susceptible d’intéresser le grand public! Petites erreurs des premiers numéros, révélatrices des préoccupations des rédacteurs. Mais on comprend qu’avec de tels choix le journal ne tire bientôt plus qu’à 12.000 exemplaires.

Jaurès, lors du lancement, n’a pas envisagé une telle chute. «Les hommes de métier, dit-il, ont bon espoir pour notre journal. Nous tirons à 140.000, il y aura des déchets énormes, mais nous avons de la marge: avec 70.000 le journal fera ses frais.»

Les premiers mois les chiffres parurent lui donner raison. Il est vrai que «l’Humanité» fut portée par l’événement.

Robert Laffont, Paris 1985.

Extrait du livre de Max Gallo, «le Grand Jaurès». Editions

Diego DIAZNombre de pages : 13220 €
Format(s) : Papier EPUB PDF

 

10:15 Publié dans Actualités, Journal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'humanité, journal | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

24/04/2016

Le journal “L’Humanité” va-t-il disparaître ?

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Le quotidien, qui fête cette année ses 112 ans, traverse une période difficile. Ses finances sont au plus bas. De multiples appels ont été lancés pour que ses lecteurs le sauvent. Le journal n’en est pas à sa première crise, mais celle-ci pourrait bien être la dernière.

L’Humanité, le journal fondé en 1904 par Jean Jaurès, va mal. C’est son directeur actuel, Patrick Le Hyaric, qui l’a annoncé dans un article paru le 10 mars intitulé, sobrement, L’alerte : “Nous vous devons la véritél’Humanité est en danger ! […] L’Humanité ne tient que grâce à votre soutien. Et aujourd’hui, avouons-le, elle ne tient qu’à un fil.” Il y explique notamment que la survie du journal est nécessaire pour le pluralisme de la presse. Les pertes qu’accuse le titre s’élèvent à près de 50 centimes par exemplaire de L’Humanité vendu. Le journal est actuellement au bord du gouffre. Cet article est l’occasion de faire naître un slogan comprenant un hashtag, comme taillé pour l’ère des réseaux sociaux : #lHumanitecestnous.

Mais les problèmes financiers de l’Huma ne datent pas d’aujourd’hui. “C’est un journal qui vit toujours dans un déséquilibre/équilibre difficile, explique Pierre Laurent, secrétaire national du Parti communiste français (PCF) et ancien directeur de la rédaction du journal. Il y a des passages plus critiques que d’autres.” En 2013, l’Etat annule une dette que le journal doit au Trésor. Le quotidien avait contracté un prêt auprès du fonds de développement économique et social en 2002. A l’époque il était en cessation de paiement. La vente à l’Etat en 2010 de son siège, un bâtiment massif imaginé par l’architecte brésilien Oscar Niemeyer, pour 12 millions d’Euros, n’avait pas suffi à le sortir d’affaire. Lors de son invitation à l’Instant M sur France Inter, Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction a fait le bilan :

Nous avons limité [les] pertes notamment au prix de mesures assez sévères sur notre fonctionnement mais comme tous les autres quotidiens français nous perdons de l’argent dans notre exploitation. La différence c’est que nous n’avons pas des actionnaires du CAC 40 qui soit rachètent le journal, soit le recapitalisent. Nous n’avons pas non plus la publicité à laquelle nos lecteurs auraient droit”

Article publié dans Les Inrocks

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07/06/2013

Hommes : 12, femmes : 0. Pourquoi nous, femmes, faisons aujourd’hui la grève des signatures aux Echos

sexisme,echos,journal,femme,ségrégationNous, femmes journalistes aux Echos, sommes devenues, au fil des ans, invisibles. C’est pourquoi nous avons décidé de faire une grève des signatures dans les éditions papier et web du vendredi 7 juin 2013.

Chaque jour, aux Echos, nous sommes aussi nombreuses que les hommes à faire ce journal. Mais il n’y a de femme ni à la rédaction en chef ni à la direction de la rédaction du quotidien.

Les femmes ont peu à peu disparu de cette équipe. Nous espérions beaucoup de la nouvelle direction de la rédaction mais rien n’a changé.

On nous dit qu’aucune femme ne correspondait aux profils recherchés ! Les Echos ne manquent pourtant pas de femmes compétentes, motivées et ambitieuses. Mais elles ne sont pas considérées.

Ces dernières nominations renforcent le malaise, prégnant depuis plusieurs années au sein de la rédaction du quotidien, concernant la carrière des femmes : augmentations individuelles de salaire, primes au mérite, mobilité interne, gestion de la période de maternité.

Nous appelons aujourd’hui la direction des Echos à prendre la mesure du problème et à agir en conséquence.
Laurence ALBERT, Marina ALCARAZ, Caroline d’AVOUT, Laura BERNY, Eléonore de BAILLIENCOURT, Anne BAUER, Carole BIBILY, Elisabeth BEYEKLIAN, Marianne BLIMAN, Véronique BROUTARD, Emmanuelle CHABERT, Dominique CHAPUIS, Catherine CHATIGNOUX, Julie CHAUVEAU, Myriam CHAUVOT, Véronique CHOCRON, Catherine CIMAGUS, Leïla de COMARMOND, Elsa CONESA, Marie-Christine CORBIER, Cécile CORNUDET, Isabelle COUET, Marie-Josée COUGARD, Florence COUPIN, Hélène CROIZE-POURCELET, Sabine DELANGLADE, Pascale-Marie DESCHAMPS, Anne DRIF, Catherine DUCRUET, Clémence DUNAND, Anne FEITZ, Anne FLATEAU, Isabelle FICEK, Elsa FREYSSENET, Béatrice GAIGNAND, Solveig GODELUCK, Béatrice GOIGNARD, Arielle GONCALVES, Frédérique HUMBLOT, Muryel JACQUE, Muriel JASOR, Christine JULIEN, Isabelle LABUSSIERE, Sophie LACAZE-MASMONTEIL, Annette LACOUR, Valérie LANDRIEU, Claire LEBEAUPIN, Véronique LE BILLON, Laurence LECOEUR, Isabelle LESNIAK, Catherine
LIMAGNE, Valérie MAZUIR, Stéphanie MEUNIER, Véronique MINGUY, Aminata N’DIAYE, Constance PAINDAVOINE, Celia PENAVAIRE, Florence RENARD, Ninon RENAUD, Reijane REIBAUD, Véronique RICHEBOIS, Martine ROBERT, Virginie ROBERT, Lucie ROBEQUAIN, Laure SALA, Fabienne SCHMITT, Valérie de SENNEVILLE, Nathalie SILBERT, Marie-Christine SONKIN, Cécile TEXERAUD, Geneviève THIBAUD, Anne-Sophie VION, Michèle WARNET

Lettre publiée par l'Humanité

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