De dictature, sous la présidence d’Hugo Chavez, il n’y en eut point. L’hostilité au régime et au président du Venezuela dispose d’un répertoire de vocables suffisamment discutables (c’est-à-dire que l’on peut discuter, fût-ce âprement) – « populiste », démagogique », « autoritaire », « autocratique » – sans qu’il soit nécessaire d’évoquer une introuvable dictature. Mais qu’importe aux titreurs et commentateurs – dont certains ont peut-être un diplôme de science pipeaulogie : le ministre aurait bien loué une dictature en tant que telle. Échantillon




Et l’inénarrable Aphatie, toujours à la pointe du professionnalisme, ne put s’empêcher d’opposer la République à la dictature que le ministre aurait encensée en tant que dictature.

Et comme un raccourci ne va jamais seul, le ministre bénéficia d’autres coups de coup de ciseaux.
Laissons-lui la responsabilité de ce propos : « Toutes choses égales par ailleurs, Chavez c’est De Gaulle plus Léon Blum », dit comme ça, c’est pour le moins discutable. Supprimez « Toutes choses égales par ailleurs », il ne reste plus que « Chavez c’est De Gaulle plus Léon Blum », dit comme ça, c’est grotesque, voire pire.
On doit aussi au ministre l’affirmation (qui se passe de commentaires) selon laquelle Chavez était « tout mignon » dans son cercueil. Supprimez le cercueil, il ne reste plus que Chavez était « tout mignon ». Ce qui est improbable. Prêtez de surcroît au ministre le soutien à un dictateur comme tel, et vous obtenez ce titre halluciné (et hallucinant) d’un article de Rue 89.

Que l’on se comprenne bien : il ne s’agit ici ni de soutenir ni de condamner les propos d’un ministre, mais de constater, à partir de quelques faits d’apparence anodine, les tares d’une production de « l’actu » à flux tendu qui concourt à un consternant épisode de suivisme en chaîne.
Raccourcis et dilettantisme, concurrence moutonnière et circulation circulaire : le goût pour « ce qui fait polémique » (surtout sur des détails) et la recherche compulsive du « clic », du « buzz et du « clash » (avec le Lab d’Europe 1 en première ligne [1]) permettent de faire le plein avec du vide.
Et, en l’occurrence, cela tient lieu de débat, informé, documenté et pluraliste sur le Venezuela.
Henri Maler, Acrimed









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