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17/12/2011

LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE

nouveauxchien1.jpgLes médias se proclament "contre-pouvoir". Pourtant, la grande majorité des journaux, des radios et des chaînes de télévision appartiennent à des groupes industriels ou financiers intimement liés au pouvoir. Au sein d’un périmètre idéologique minuscule se multiplient les informations pré-mâchées, les intervenants permanents, les notoriétés indues, les affrontements factices et les renvois d’ascenseur.

En 1932, l’écrivain Paul Nizan publiait Les chiens de garde pour dénoncer les philosophes et les écrivains de son époque qui, sous couvert de neutralité intellectuelle, s’imposaient en véritables gardiens de l’ordre établi.
Aujourd’hui, les chiens de garde sont journalistes, éditorialistes, experts médiatiques, ouvertement devenus évangélistes du marché et gardiens de l’ordre social.

Sur le mode sardonique, LES NOUVEAUX CHIENS DE GARDE dénonce cette presse qui, se revendiquant indépendante, objective et pluraliste, se prétend contre-pouvoir démocratique. Avec force et précision, le film pointe la menace croissante d'une information produite par des grands groupes industriels du Cac40 et pervertie en marchandise.

Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "Les Nouveaux chiens de garde" et de son tournage !

Adaptation d’un livre culte

Le documentaire Les Nouveaux chiens de garde est l’adaptation du livre éponyme écrit par le directeur du Monde Diplomatique Serge Halimi (ici scénariste) en 1997. Il s’agit d’une analyse critique de la collusion des sphères médiatiques, politiques et économiques. A l’instar du livre Sur la télévision de Pierre Bourdieu, également paru aux éditions Liber-Raisons d’agir, il met en avant le traitement de l'actualité parfois partial d’une partie des médias français.

Une fait-diversification de l’information

Les Nouveaux chiens de garde se veut l’illustration d’une phrase célèbre du sociologue Pierre Bourdieu : "le fait-divers fait diversion". D'après lui, compte tenu des pressions économiques relatives à chaque support médiatique, les médias préfèreraient se tourner vers des sujets à même de maximiser leur lectorat plutôt que de traiter des informations de fond. Ceux-ci opteraient ainsi davantage pour des évènements tragiques tels que les crimes ou encore les accidents, de façon à améliorer leur audience. Partant du principe que les lecteurs préfèrent lire ce type d’information, les médias délaisseraient des enjeux plus importants comme l’international, le national, la politique ou encore l’économie. La question que pose le documentaire est la suivante : ce traitement de l'information ne joue-t-il pas un rôle sur la façon de penser du citoyen ?

4 piliers

Le documentaire Les Nouveaux chiens de garde met en scène quatre parties distinctes pour développer son argumentation. Il s'agit dans un premier temps de mettre en avant le journalisme de révérence, autrement dit de souligner les accointances entre certains journalistes d'émissions télévisées et les hommes politiques qu'ils prétendent critiquer.


Dans un deuxième temps, il est question de la toute puissance des grands groupes industriels et financiers et de leur détention d'un nombre important de quotidiens nationaux français. Partant du principe suivant : si ces investisseurs ont dépensé de l'argent dans ces journaux, ce n'est pas pour que ces derniers nuisent à leurs intérêts.


Dans un troisième temps est mise en évidence la marchandisation de l'information. Les quotidiens nationaux ne seraient plus conçus comme des outils de démocratisation mais comme des produits à même d'exploiter les différents marchés publicitaires pour rapporter toujours plus d'argent.


Enfin, la quatrième partie illustre l'univers de connivence qu'il existe entre journalistes, hommes politiques et parfois même industriels. Cet univers de connivence s'illustrerait par les renvois d'ascenseur (invitations sur des plateaux télévisés, etc.) entre les différents acteurs du champ médiatique, politique et économique.

Des habitués de la critique des médias

Les réalisateurs Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, tous deux journalistes de formation, sont des spécialistes de l'analyse du champ journalistique. Le premier, directeur de la publication Le Plan B et collaborateur au Monde diplomatique, avait notamment participé à l'ouvrage La misère du monde de Pierre Bourdieu, et réalisé de nombreux documentaires pour France 5. Le second, monteur à ses heures, publie notamment des articles sur le site internet spécialisé dans l'analyse et la critique des médias, Acrimed.

Article publié dans Allo Ciné


Extrait 2 du film Les nouveaux chiens de garde... par EPICENTRE_FILMS