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23/07/2013

Henri Alleg, journaliste, et auteur de La Question

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Depuis Alger républicain dont il devient directeur en 1951, le journaliste communiste a fait de sa plume l’arme du combat pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression colonialiste. Son livre la Question a contribué de manière décisive à lever le voile sur les tortures de l’armée française.

«Enfin Alger ! Un quai inondé de soleil, que surplombe le boulevard du front de mer.» Lorsque le jeune Harry Salem débarque pour la première fois à Alger, au mois d’octobre 1939, c’est d’abord ce mythique éclat de la Ville blanche qui l’étreint. Alors que le fascisme étend ses tentacules sur la vieille Europe et fourbit les armes du désastre, le jeune homme, qui rêvait de nouveaux horizons, aurait pu embarquer pour New York, ou pour l’Amérique latine. Le hasard et quelques péripéties l’ont conduit en Afrique du Nord, vers ce qui était alors, encore, un «département français».

Société d'apartheid

Pour le petit Parisien, fils de tailleurs, né à Londres dans une famille de juifs russes et polonais ayant fui les pogroms, la découverte de l’Algérie est un bouleversement. Dans cet autre monde, son rêve algérien prend immédiatement corps. Il se lie avec des Algériens, des gosses déguenillés de la place du Gouvernement jusqu’aux amis rencontrés à l’auberge de jeunesse où il loge, parmi lesquels Mustapha Kateb. Des amitiés contre-nature, dans cette société d’apartheid. Instinctivement, le jeune homme refuse la frontière invisible qui sépare deux mondes, celui des Européens, citoyens français, et celui des indigènes, rendus étrangers à leur propre pays. Alors que les vichystes tiennent Alger, Henri, déjà communiste de cœur, adhère à la Jeunesse communiste clandestine, avant de rejoindre le Parti communiste algérien (PCA). C’est là, dans l’euphorie de la Libération, que son chemin croise celui d’une « sympathisante », Gilberte Serfaty. Elle deviendra une ardente militante et, pour lui, la compagne de toute une vie.

Racisme et oppression coloniale

En Algérie, à ce moment-là, un point de non-retour est franchi, avec les massacres de mai 1945 à Sétif et Guelma, prologue d’une guerre qui devait éclater neuf ans plus tard. Pour Henri Alleg, la plume devient l’arme du combat pour une Algérie libérée du racisme et de l’oppression colonialiste. En novembre 1950, il entre à Alger républicain. Le quotidien a été fondé en 1938 par des hommes de progrès opposés à la toute-puissance du grand colonat. Sans remettre en cause le dogme de l’Algérie française, il témoignait, avant guerre, sous la plume d’Albert Camus et d’autres «libéraux», du sinistre sort reservé aux indigènes. Lorsqu’Henri Alleg prend la direction du journal, en 1951, les communistes y ont déjà acquis une influence prépondérante. La ligne du journal se fait plus résolument anticolonialiste, solidaire des luttes ouvrières, favorable à l’objectif d’indépendance. Ce titre est le seul à échapper au monopole de la presse quotidienne détenue par les grands colons.

Aux côtés d’Alleg, chose inédite et impensable à l’époque, un «indigène», Boualem Khalfa, est promu rédacteur en chef. L’engagement du journal irrite au plus haut point les autorités, qui le censurent et multiplient les saisies au moindre prétexte. Henri Alleg et son équipe tirent de cet acharnement répressif un slogan : «Alger républicain dit la vérité, rien que la vérité, mais Alger républicain ne peut pas dire toute la vérité.» Alleg encourage les plumes acérées, comme celle du jeune Kateb Yacine, dont les analyses politiques, d’une finesse et d’une impertinence insensées, subjuguent jusqu’aux plus aguerris de la rédaction. Lorsqu’éclate l’insurrection, le 1er novembre 1954, Alger républicain est déjà depuis longtemps dans le collimateur des gardiens du temple colonial. Le journal est interdit en 1955.

Clandestinité et censure

Henri Alleg entre dans la clandestinité. Régulièrement, il envoie des articles au journal l’Humanité, interdit sur le sol algérien, cible, à son tour, en France, des ciseaux d’Anastasie. Il est arrêté le 12 juin 1957, alors qu’il se rend au domicile de son ami, le mathématicien Maurice Audin, enlevé la veille par les parachutistes. Torturé à mort, Audin n’est jamais revenu des supplices que lui infligèrent les barbares aux ordres de Massu et Bigeard.

Alleg, lui, est un rescapé de l’enfer. Tous les supplices, tous les noms, tous les lieux, les paroles mêmes se gravent à jamais dans sa mémoire. Il entend tout dire, s’il survit, de ce qui se passe dans cet immeuble investi par la 10e D.P., à El Biar, où fut «suicidé» l’avocat Ali Boumendjel. Son témoignage franchit les murs du camp de Lodi, puis de la prison de Barberousse, sur de minuscules papiers pliés. Son avocat Me Léo Matarasso, le transmet à l’Humanité. L’édition du 30 juillet 1957, qui reprend ce récit glaçant, est saisie.

Au printemps 1958, Jérôme Lindon accepte de le publier aux éditions de Minuit. Le livre, préfacé par Sartre, est aussitôt interdit. Mais la censure provoque l’inverse de l’effet escompté. Deux semaines plus tard, depuis Genève, l’éditeur Nils Andersson prend le relais. La Question passe la frontière dans des valises et circule, en France, sous le manteau. Au total, 150 000 exemplaires clandestins du livre seront diffusés, contribuant de manière décisive à lever le voile sur la torture. Trois ans après son arrestation, Henri Alleg est inculpé d’«atteinte à la sûreté extérieure de l’État». Il écope de dix ans de prison. Transféré à la prison de Rennes, il s’évade, avec la complicité de Gilberte, lors d’un séjour à l’hôpital. Aidé par des militants communistes, il rejoint la Tchécoslovaquie, où il séjourne jusqu’à la signature des accords d’Évian.

Rêve algérien

Lorsqu’il revient à Alger pour superviser la reparution d’Alger républicain, les menaces des « frères » du FLN, prêts à s’entre-tuer pour le pouvoir, sont à peine voilées. Avec Abdelhamid Benzine, Henri Alleg échappe de peu à des hommes en armes. L’équipe, pourtant, se reconstitue. L’appui technique de la Marseillaise rend possible la reparution du journal, qui fait sien le slogan des femmes de la casbah, excédées par la guerre que se livrent les factions du FLN : « Sebâa snin barakat ! » (« Sept ans de guerre, ça suffit ! »). Pourtant, le fossé entre la nouvelle Algérie du FLN et le rêve algérien d’Alleg et de ses camarades est bien là. Il se muera en incommensurable abîme. Après le coup d’État de 1965, il doit prendre la fuite. Les communistes sont pourchassés. Dans l’Arbitraire, un livre témoignant des tortures que lui infligèrent les hommes de la dictature naissante, le dirigeant communiste Bachir Hadj Ali raconte que ses tortionnaires menaçaient de faire d’Alleg, réfugié à Paris, un Ben Barka algérien.

Le combat de sa vie

L’Algérie est pourtant restée, dans le cœur du journaliste, comme le combat de sa vie. «Je suis heureux et fier d’avoir pris part au combat pour l’indépendance», nous confiait-il en mars 2012. À son retour en France, cet homme discret, érudit, d’une gentillesse exquise, a rejoint la rédaction de l’Humanité comme grand reporter, puis en devint le secrétaire général. «J’ai exercé ce métier en militant communiste, animé de convictions, aime-t-il à répéter. Ce fut pour moi un engagement, au sens fort du terme.»

"Henri Alleg lutta pour que la vérité soit dite", souligne François Hollande. "A travers l'ensemble de son oeuvre -jusqu'à son dernier livre, Mémoire algérienne, paru en 2005-, il s'affirma comme un anticolonialiste ardent", a souligné le président de la République dans un communiqué. "Il fut un grand journaliste, d'abord à Alger Républicain, dont il assura la direction, puis à L'Humanité, dont il fut le secrétaire général et auquel il collabora jusqu'en 1980. Son livre, La Question, publié en 1958 aux éditions de Minuit, alerta notre pays sur la réalité de la torture en Algérie", a ajouté François Hollande, en soulignant que "toute sa vie, Henri Alleg lutta pour que la vérité soit dite", en restant "constamment fidèle à ses principes et à ses convictions".

10/05/2013

La presse écrite au bord de l’asphyxie financière

Liberte-Hebdo-1061.jpgConfrontée à une crise financière aigüe, la presse voit certains titres disparaître des kiosques. Le directeur de « l’Humanité » en appelle au soutien financier pour que vive la démocratie d’opinionPresse quotidienne nationale et régionale, presse magazine... à l’image de ce qui se passe dans le monde, la presse écrite va mal. Peu de titres échappent à la crise.

Elle n’est pas que française. Des titres ferment en Grèce, en Espagne, aux États-Unis et ailleurs. D’autres basculent sur le tout-numérique, par choix ou le plus souvent contraints.

En France, la diffusion de la presse quotidienne est en baisse régulière depuis cinq ans. En 2012, elle a perdu 7,79 %, une année où deux titres ont disparu des kiosques. « France-Soir » est devenu numérique. La formule n’a pas tenu. Son nouveau propriétaire tente une nouvelle aventure sur iPad. « La Tribune » a cessé son édition papier en semaine pour une édition sur Internet. Mais doit se séparer de 10 de ses 26 membres.

En 2012, la presse magazine subit, elle aussi, un recul de 4,42 % (chiffres OJD).

Début 2013, la plupart des quotidiens ont augmenté leur prix de vente. Pour compenser un recul des recettes publicitaires, la baisse des ventes au numéro. Pour développer aussi leur stratégie numérique. Parfois dans la douleur. Parfois avec une frénésie numérique qui laisse craindre des lendemains qui déchantent.

 Raison pour laquelle « la Croix » a opté pour une solution bimédia (papier plus Internet) qui conserve le papier comme un socle. Autres moyens, autre voie. « Le Figaro » passe par un plan de départs de 70 à 90 personnes pour financer un investissement de 18 millions d’euros sur trois ans portant sur son développement numérique et le lancement d’un Figaro TV avec l’ambition d’atteindre rapidement plus de cent vidéos par jour sur son site.

Une stratégie qui devrait permettre au groupe de Serge Dassault de concourir au fond Google destiné à favoriser la transition numérique (60 millions d’euros sur 3 ans).

« Libération » traverse une passe particulièrement difficile avec un recul de ses ventes vertigineux. Après un repli de 10 % en janvier, celles de février ont enregistré un nouveau recul de 11 % dû, pour une bonne part, à un effondrement des ventes en kiosques de 23,5 % sur la même période. Pour ajouter à ses difficultés, le quotidien traverse une crise en interne sur des choix rédactionnels comme cette une relayant la rumeur d’un pseudo-compte en Suisse de Laurent Fabius.

Les ventes d’« Aujourd’hui en France » (édition nationale du « Parisien » éditée par le groupe Amaury) ont chuté également en février de 10,4 % (– 5,5 % pour « le Parisien »). Dans la famille « magazines », la crise fait aussi des ravages. « Marianne » a chuté de 8,26 % en 2012.

« L’Express » n’a certes perdu que 0,82 %, mais le groupe franco-belge Express-Roularta met en oeuvre un plan social avec pour objectif de réduire de 10 % la masse salariale de l’entreprise, soit environ 80 personnes. « Le Nouvel Observateur » est en léger retrait (0,25 %) sur 2012. Mais a dû faire face à une série d’explications musclées entre la direction et sa rédaction choquée, comme nombre de lecteurs, par la couverture et le traitement de l’affaire « DSK-Marcela Iacub ».

presse,journaux,crise,l'humanitéDans ce paysage bouleversé et malmené, où les journalistes eux-mêmes s’interrogent sur le sens de leur travail, « l’Humanité » et « l’Humanité Dimanche » occupent une place singulière fidèle à l’esprit de Jaurès dont, en 2014, nous commémorerons le centenaire de son assassinat, année des 110 ans de « l’Humanité ». Mais l’heure est à l’urgence. En lançant dans « l’Humanité » un appel pour une souscription populaire pour faire face à d’importantes diffi-cultés financières, Patrick Le Hyaric directeur des deux titres, l’a rappelé : « Comme l’ensemble de la presse écrite, notre journal subit, depuis plusieurs semaines, des effets violents de la crise générale » (lire cicontre).

Dans un contexte de risque d’asphyxie financière pour la presse écrite et plus encore pour nos titres qui ne sont pas adossés à des groupes, la tentation est grande, et certains s’y engouffrent, de jouer la carte dutout-numérique. « L’Humanité » va poursuivre son travail de modernisation de sa plate-forme numérique mais aussi améliorer la qualité de ses journaux, oeuvrer à une diffusion plus importante.

Mais il y a aussi un contexte politique à faire valoir. Comme le souligne Patrick Le Hyaric, « la lecture de “l’Humanité” et de “l’Humanité Dimanche” est un moyen utile pour aider à la mobilisation populaire et unitaire pour faire front contre les puissances d’argent, la droite et l’extrême droite, et pour obtenir un nouveau contrat politique à gauche ».

Article publié par l'Humanité Dimanche

10:39 Publié dans Actualités, Informations, Journal, Réflexions | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : presse, journaux, crise, l'humanité | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

26/04/2012

L’Humanité, le journal que ne supporte pas Sarkozy…

l'humanité, nicolas sarkozy, front de gauche, présidentielle 2012Le président-candidat n’a pas supporté que l’Humanité prouve, citations à l’appui, que son discours sur le 1er mai, contre les syndicats et les corps intermédiaires ressemblait mot à mot à ce qu’en disait Pétain en 1940.

Aujourd'hui, sur France Inter, il a parlé de « stupidité de ceux, je pense à un journal, l’Humanité qui m’accusent de fascisme », avant de se lancer dans une violente tirade anti-communiste et une mise en cause de Jean-Luc Mélenchon. Mettons les choses au point. Nicolas Sarkozy a un rapport très complexe avec la vérité : nous n’avons pas parlé de fascisme mais de « relents pétainistes ».

 l'humanité, nicolas sarkozy, front de gauche, présidentielle 2012Les émanations en sont si fortes qu’elles incommodent jusque dans les rangs de l’UMP et qu’il a dû renier le terme de « vrai travail », en prétendant mensongèrement devant des millions de téléspectateurs mercredi soir sur TF1 qu’il n’avait pas usé de ce terme.

Il reste que pour la première fois depuis la Libération, un dirigeant de droite organise une contre-manifestation anti-syndicale le 1er mai. Notre journal n’a pas usé de qualificatifs mais de faits sur lesquelles certains de nos confrères qui ont accompagné la fureur sarkozyste devraient se pencher. N’avait-il pas déjà évoqué avec des accents des années sombres la terre qui ne ment pas ? C’est toujours quand elle flirte avec l’extrême-droite que la droite renoue avec les idées et les mots du maurrassisme ou des ligues factieuses d’avant-guerre.

L’épouvantail agité par Nicolas Sarkozy sur l’appel à voter Hollande lancé dans 700 mosquées, s’est également avéré un mensonge éhonté. Utiliser ce type de stigmatisation de populations pour leur origine religieuse ou ethnique, faire du mensonge un ressort de campagne… ça ne vous rappelle rien ?

A entendre le président-candidat, on mesure que son programme est pire encore que son bilan. Nous le dirons et le redirons, sans crainte d’être la cible des colères élyséennes.

Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité

16/07/2011

Faire vivre l"Humanité, un défi difficile à relever

lhumanite.jpgLe journal  L'Humanité a accusé une perte de plus de 1,9 million d'euros en 2010, marquant une "inquiétante dégradation" de sa situation économique, selon son directeur, Patrick Le Hyaric.

Le chiffre d'affaires des ventes nettes de journaux s'élève à 21,6 millions d'euros pour 2010, selon les comptes publiés par le  quotidien.
 
Sous le titre "Faire vivre l"Humanité, un défi difficile à relever", le directeur du quotidien explique les raisons de ces pertes: "manque de recettes de diffusion de 750.000 euros en deçà de nos prévisions, recul de 500.000 euros des recettes publicitaires, déficit de la Fête de l'Humanité de plus de 250.000 euros et coût de conquête d'abonnement élevé qui dépasse de 360.000 celui que nous avions envisagé".
A cela s'ajoute, selon le directeur du journal, "une réduction de 600.000 euros des aides publiques à la presse".
 
"L'Humanité est une nouvelle fois dos au mur, dans un contexte extrêmement difficile pour toute la presse écrite", constate Patrick Le Hyaric.
 
Pour tenter de limiter les pertes, explique-t-il, le journal fondé par Jean Jaurès a dû décider cette année "encore de nouvelles dispositions difficiles comme l'augmentation du prix de vente, la suppression de l'édition du samedi et la réduction de la pagination".
 
Un effort important est également engagé pour que la Fête de l'Humanité ne soit plus en déficit", écrit-il, avec l'objectif d'en faire "la caisse de résonance des mouvements des peuples en révolte".

16:00 Publié dans Actualités, Journal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l'humanité, déficit | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |