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09/02/2016

"Sept milliardaires contrôlent 95% de la production journalistique"

arfi.jpgMédias le Mag, l'interview l Fabrice Arfi

Nouvelles censures". Qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui est vraiment nouveau ?
En fait, si on a réussi à mettre autour de la table une quinzaine de journalistes - c'est une première en France ! - et que nous avons appelé ça les nouvelles censures, c'était pour trancher un peu avec l'idée que l'on peut avoir de la vieille censure ORTF, verticale. Elles sont nouvelles parce qu'elles sont parfois insidieuses, comme l'époque. Et donc elles sont pires ! Ce que nous essayons de décrypter, en révélant les coulisses d'enquêtes célèbres, de manière très factuelle et sobre, c'est un écosystème pourri en France sur la liberté d'informer. Ce n'est pas un geste corporatiste de journalistes qui disent "Laissez-nous faire ce qu'on veut, et si possible n'importe quoi". Ce qu'on essaye d'expliquer, c'est qu'on vole quelque chose au citoyen, quelque chose de culturel et démocratique qui est consacré par les Nations unies, la Déclaration des droits de l'Homme, notre constitution...

Vous dîtes qu'il faut changer la loi sur la presse...
Il faut tout changer ! On est dans une concentration historique des médias en France. Sept milliardaires dont le coeur d'activité n'est pas l'information - c'est de vendre des armes, de faire du BTP, de la téléphonie mobile, de la banque, Bolloré c'est un peu tout - ont entre leurs mains 95% de la production journalistique. Et leur chiffre d'affaires dépend pour partie de leurs rapports avec le gouvernement français ou les Etats étrangers. On a une loi de la presse qui ne défend pas suffisamment la liberté d'informer. Et on a un accès aux documents administratifs qui est pitoyable en France. Tout cet écosystème-là est à repenser de fond en comble, parce qu'on est dans un moment extrêmement inquiétant où, derrière les discours, s'érige un mur institutionnel, légal, judiciaire, politique de l'opacité.

C'est plus dur de résister aujourd'hui malgré la démultiplication des canaux d'information ?
On ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe en France. Bien sûr, on ne meurt pas d'être journaliste en France. On n'est pas en Russie ou au Congo. Pour autant, nous ne sommes pas une démocratie qui répond aux canons en la matière. Et c'est notre devoir d'interroger ce monde bizarre qui nous entoure et d'essayer de comprendre pourquoi nous volons au citoyen son droit de savoir. C'est un bien fondamental !

"Le silence des politiques est désespérant"

Invité du "Supplément" il y a quelques semaines, Nicolas De Tavernost affirmait ne pas pouvoir "supporter qu'on dise du mal" des clients de M6. L'argent de la pub sur les grands médias, c'est un levier efficace pour faire taire les journalistes ?
Vous vous rendez compte dans quel pays on est ? Le patron d'une grande chaîne peut aller dans une émission de télé et dire "Oui, je censure". Si ses clients sont des gens qui truquent des marchés publics ? Si ses clients, c'est Volkswagen ? Si l'émission "Capital" avait eu le scoop sur le scandale mondial, ça ne sortirait pas ? On volerait ça au citoyen ! Je trouve ahurissant qu'un patron de chaîne puisse venir dire ça sans qu'il y ait de réaction.

Comment expliquez-vous le silence du gouvernement ? On dit Vincent Bolloré proche de Nicolas Sarkozy mais récemment, Fleur Pellerin l'a défendu sur France Inter et François Hollande dit de lui selon L'Express qu'il a "l'énergie des grands capitaines d'industrie"...
C'est désespérant. Il y a une autorité de régulation qui s'appelle le CSA, et de voir un monde politique qui ne considère pas ce que nous disons sur la liberté d'informer comme un droit fondamental qu'il faut à tout prix défendre... On ne peut pas s'habituer. Je crois vraiment que les citoyens ont faim de savoir, mais du côté de la classe politique, on n'a pas vu un tweet ou un une déclaration d'un homme politique qui s'alarme de tout ça. Ca nous tend un miroir qui est désespérant.

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04/10/2015

Madame Biraben, apprenez 
le sens du mot « vérité » !

maitena-biraben.jpg

Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.

Ad nauseam. Et maintenant, beaucoup disent tout haut ce que beaucoup pensent… tout haut ! Vous croisez, dans le métro parisien, un homme chantant à haute et intelligible voix : « Maréchal, nous voilà », personne ne réagit, vous le sermonnez, il s’étonne de votre étonnement et continue comme si de rien n’était. Vous traversez les Champs-Élysées et vous entendez : « La France aux Français », vous vous retournez, prêt à réagir, et vous voyez un personnage de toute évidence défaillant mentalement hurler : « Toutes des putes ! », en vous montrant du doigt des jeunes filles roms sur le trottoir, et vous êtes seul à l’apostropher. Le soir, vous vous installez sur votre canapé, vous mettez Canal Plus et l’animatrice vedette du Grand Journal, Maïtena Biraben, que l’on classait jadis dans les bobos-chics-pseudo-rive-gauche, déclare tout de go que le Front nationaliste de Fifille-la-voilà est « le premier parti de France ». Vous vous étranglez dans votre verre de whisky et, à peine avez-vous repris vos esprits, que la présentatrice ajoute : « Les Français se reconnaissent dans le discours de vérité » tenu par le FN. Fin de journée. Bienvenue dans la France ad nauseam. Celle de cet ordre brun qui voudrait s’installer dans votre univers mental.

Soumission. Le dernier épisode en date, celui de Canal Plus, s’avère si désolant et scandaleux que nous pourrions presque passer notre chemin – et accessoirement ne plus jamais regarder cette émission et/ou demander la démission de l’impétrante – mais ce serait oublier que la chaîne créée par Rousselet, Lescure, De Greef et les autres vient de tomber dans l’escarcelle de Vincent Bolloré, qu’il y pratique comme partout le ménage par le bas (lisez : le ménage idéologique) et que chacun sait depuis longtemps qu’il prend ses ordres de Nicoléon et prépare le retour du parrain de l’Élysée par tous les moyens, quitte à pratiquer la légitimation des idées les plus « buissonniènes » pour ne pas dire « mariniennes ». Bien sûr, vu l’ampleur de la polémique s’abattant sur une émission mythique du PAF, l’intello de Canal Biraben, façon pépète brushingée qui la joue à la cool tout en blondeur et en mélange des genres, a cherché à s’expliquer. « Il était question de la forme, pas du fond », s’est-elle ainsi défendue, estimant avoir fait uniquement allusion au discours « sans langue de bois, cash » des maréchalistes et consorts, et non de leurs idées. Celle-ci a même demandé aux commentateurs qui la sermonnent de se « détendre »… Qu’on nous permette de douter d’une maladresse supposée, sauf à considérer qu’il n’y a rien de grave et de dangereux pour la République d’associer Fifille-la-voilà à la notion même de « vérité ». Madame Biraben, ouvrez un dictionnaire ! Quand la paresse intellectuelle se conjugue à la soumission de la communication médiatico-politique du moment, y compris la pire qui soit, le procédé vaut définition : complicité avec préméditation.

tabous. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron continue de réciter son manuel de « la terre brûlée à usage des socialistes ». Il assure que le « libéralisme est de gauche ». Mieux, il se « méfie beaucoup des tabous ». Nous y voilà ! La France ne vit désormais que par les briseurs de tabous, tous transformés en nouvelle élite de la posture transgressive, alors qu’ils ne sont que les petits serviteurs de la droite et son extrême, du libéralisme et des remugles néomaurrassiennes. On veut nous faire croire que ce serait résister au « politiquement correct » que de dire des horreurs, mais ne l’oublions jamais : la pensée zemmourienne n’a pas besoin des mots « race » ou « travail-famille-patrie », elle peut très bien s’exprimer, aussi, en termes de culture.

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18:18 Publié dans Informations, Journaliste, Manipulation, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : madame biraben, canal+, fn | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |