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27/03/2021

Turquie: quatre journalistes de Charlie Hebdo inculpés pour "insulte" à Erdogan

Erdogan 3.jpgErdogan reproche à l'hebdomadaire satirique de l'avoir "insulté" par le biais d'une caricature le montrant en train de soulever la robe d'une femme voilée.

Un procureur turc a réclamé ce vendredi jusqu'à quatre ans d'emprisonnement contre quatre collaborateurs de l'hebdomadaire satirique français Charlie Hebdo qu'il accuse d'avoir "insulté" le président Recep Tayyip Erdogan dans une caricature publiée l'an dernier. Selon l'agence de presse étatique turque Anadolu, les quatre collaborateurs de Charlie Hebdo inculpés sont la caricaturiste Alice Petit et trois responsables du célèbre hebdomadaire, Gérard Biard, Julien Sérignac et Laurent Sourisseau, dit Riss.

La publication de cette caricature, en octobre, avait suscité la colère de Erdogan dans un contexte de vives tensions diplomatiques entre Ankara et Paris. On y voyait l'autoritaire président turc dessiné en slip, bière à la main, soulevant la robe d'une femme voilée en s'écriant: "Ouuuh ! Le prophète !".

Dans son acte d'accusation, qui doit encore formellement être accepté par un tribunal pour que s'ouvre un procès, le procureur turc estime que cette caricature "n'entre d'aucune manière dans le cadre de la liberté d'expression ou de la presse", qualifiant le dessin de presse de "vulgaire, obscène et déshonorant". Après la parution de cette caricature, Erdogan avait dénoncé une "attaque ignoble" commise par des "vauriens".

La presse réprimée en Turquie

Cette affaire était intervenue dans un contexte de crise diplomatique entre la Turquie et la France, Erdogan accusant notamment le président français Emmanuel Macron d'"islamophobie" pour avoir défendu le droit de caricaturer le prophète Mahomet.

L'annonce de l'inculpation des journalistes de Charlie Hebdo intervient par ailleurs quelques jours après que Macron a accusé la Turquie d'"ingérence" et en pleine polémique en France sur le financement d'une mosquée soutenue par une association pro-turque à Strasbourg.

L'ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé ce vendredi les poursuites contre les collaborateurs de Charlie Hebdo, accusant Ankara de vouloir "élargir la censure au-delà de la Turquie". Régulièrement épinglée par les ONG, la Turquie est classée à la 154e position sur 180 dans l'index de la liberté de la presse publié par RSF. Des dizaines de journalistes ont été arrêtés et plusieurs médias d'opposition poursuivis ou fermés ces dernières années dans ce pays.

Article original publié sur BFMTV.com

12:22 Publié dans Actualités, Informations, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erdogan, turquie, charlie hebdo | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

23/01/2018

Offensive à Afrine : le gouvernement turc donne une leçon de “journalisme patriotique” aux médias

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Directives officielles incitant les médias au “journalisme patriotique”, arrestation de journalistes critiquant l’opération militaire… Reporters sans frontières (RSF) dénonce le regain de censure qui accompagne l’offensive turque au Kurdistan syrien.

L’offensive militaire turque dans la région d’Afrine, au nord de la Syrie, s’accompagne d’une nouvelle offensive contre les médias. Les rédacteurs en chef des principaux titres turcs ont été convoqués le 21 janvier à une réunion au sommet sur la couverture des opérations militaires. Accompagné du vice-Premier ministre, du ministre de la Défense et du porte-parole du parti au pouvoir AKP, le premier ministre Binali Yıldırım leur a livré quinze “recommandations” à suivre pour faire du “journalisme patriotique”.

La leçon de “journalisme patriotique” du gouvernement

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Les journalistes sont incités à “tenir compte des intérêts nationaux lorsqu’[’ils] reprennent des sources d’information internationales critiquant la Turquie”, “rappeler le soin que prennent les forces armées à ne pas toucher les civils”, “ne pas donner de visibilité aux manifestations et déclarations de structures politiques [...] proches du PKK”...

L’essentiel de ces directives soumettent les médias au contrôle du gouvernement et à ses buts de guerre. Le Premier ministre leur demande d’éviter “les nouvelles susceptibles de remonter le moral du PKK/PYD”, de contacter les représentants du gouvernement et de l’AKP “pour obtenir la bonne information”... et même de se méfier des informations rapportées par la presse internationale, affirmant que le PYD utilise de nombreux journalistes étrangers, notamment aux Etats-Unis et en Europe.

“Ce nouveau déluge de propagande, l’intensification de la chasse aux voix critiques et la quasi-absence de débat sur l’opération militaire illustrent le degré de délabrement atteint par le pluralisme en Turquie, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Non content de sa mainmise sur le paysage médiatique, le gouvernement cherche à asseoir un contrôle total sur l’information. Au risque de saper la confiance de l’opinion publique et d’attiser les tensions.”

Coup de filet contre les voix critiques

Plus d’une centaine de mandats d’arrêts ont été lancés contre des personnes suspectées de “propagande terroriste” depuis le 22 janvier. Parmi elles, l’écrivaine et éditorialiste du site d’information T24 Nurcan Baysal, placée en garde à vue par la police antiterroriste à Diyarbakır, dans le sud-est anatolien à majorité kurde. D’après son avocat, son arrestation est liée à ses tweets critiquant l’opération militaire à Afrine.

İshak Karakaş, rédacteur en chef du journal Halkın Nabzı et éditorialiste du site d’information en exil Artı Gercek, a lui aussi été interpellé dans la nuit du 21 au 22 janvier à Istanbul. La correspondante d’Arti TV à Ankara, Sibel Hürtaş, et les reporters de l’agence prokurde Mezopotamya, Hayri Demir et Seda Taşkın, ont été arrêtés à leur tour dans la soirée du 22 janvier.

Cette nouvelle vague d’intimidation a des répercussions au-delà des frontières turques : des centaines de manifestants hostiles s’en sont pris à la rédaction du journal Afrika à Nicosie (Chypre Nord) le 22 janvier, brisant les fenêtres à coups de pierre et démantelant le panneau portant le nom du journal sous l’oeil indifférent de la police. La veille, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé publiquement la une “immorale” d’Afrika, qui qualifiait l’intervention à Afrine de “nouvelle occupation par la Turquie” après celle de Chypre Nord en 1974. “Ils devront en répondre à mes frères et soeurs”, avait menacé le président turc.

Première victime de l’offensive militaire parmi les journalistes

RSF a appris que Zekeriya Şêxo, cameraman de la chaîne Ronahi TV, avait été blessé par des tirs provenant de l’armée turque en couvrant les affrontements dans le district de Rajo (Kurdistan syrien). Touché au ventre et aux jambes, le journaliste a été transféré à Afrine. Ses jours ne sont pas en danger. RSF appelle les belligérants à respecter le travail et le statut de civils des journalistes. L’organisation tient à la disposition de ces derniers un guide pratique destiné à améliorer leur sécurité en zone de conflit.

La Turquie est classée 155e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.

Sources Reporter sans frontières

12:20 Publié dans Informations, Journaliste, Manipulation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, erdogan, journalistes, kurdes | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |