18/06/2016
Le pluralisme dans les 20H de France2 : « A bout de souffle…! »
Jeudi, 16 Juin, 2016, Communiqué du SNJ-CGT
« Journaliste à France 2 ou éditorialiste au Figaro ? ». C’était déjà la question que posait Acrimed le 27 mai dernier pour dénoncer l’intervention orientée anti-CGT de la « chef » du service politique de France 2 dans le 20H.
Dans le collimateur de l’éditorialiste : la CGT de Martinez et sa « radicalisation tous azimuts », qui veut paralyser le pays malgré « une base rabougrie »… Et déjà elle pointait un « mouvement qui s’essouffle »…
Si 700.000 adhérents (ça c’est vérifiable) est une « base rabougrie », que dire alors de la légitimité des partis politiques, qui, TOUS confondus, (et il y a 400 partis déclarés en France !) n’atteignent même pas le niveau des adhérents CGT !
Ou bien notre consœur ignore ce paramètre de la démocratie française, ou bien elle a décidé de ne pas en tenir compte pour servir son propos orienté !
Alors l’édito, pourquoi pas, à condition que l’exercice ne trahisse pas nos missions de service public à commencer par le respect du pluralisme et la vérification des informations !
Ainsi, que penser de cette phrase entendue ce 23 mai : « alors cette stratégie, elle est justifiée par un score en chute libre à la CGT ?...»
Mais de quel score parle-t-elle ? Qui mesure quoi ? Dans quel contexte ? Sans explication ? La phrase n’a d’autre sens que de vouloir discréditer la centrale syndicale ! Comme le font le gouvernement, le Président de la république et le chef du principal parti d’opposition ! Mais apparemment pas 59% des Français qui continuent de trouver justifiée la mobilisation contre la loi (sondage IFOP pour Atlantico juin 2016).
Et rebelote le 14 juin, la journée de mobilisation suivante et son imposante manifestation parisienne : au 20H de France 2, « ça s’essouffle… » à nouveau, c’est « le commencement de la fin… », « le chant du cygne… » et au passage, on fustige la CGT en oubliant que ce sont bien sept organisations syndicales qui continuent d’appeler à manifester contre la loi travail…
Ce communiqué n’est pas le premier à dénoncer la dérive libérale, « bien-pensante » de la rédaction de France 2 et du 20 h en semaine en particulier…
Du haut de l’esplanade Henri-de-France, « l’élite, les représentants du vaisseau amiral de l’audiovisuel public » décident donc d’indiquer au bon peuple ce qu’il faut penser, comment il faut réagir : une pensée unique bien loin de correspondre à la réalité française !!!
Le respect du pluralisme, voila ce qui s’essouffle à la rédaction de France 2 et le 20H du 14 juin dernier en est une autre caricature !
Que la déontologie journalistique soit respectée ! Le journal de 20h, ce n’est, ni la cafétéria du MEDEF, ni le buffet de l'Elysée, quel que soit le régime de son locataire !!
Et souhaitons à ces têtes de pont du 20H de France 2 en semaine que ce mouvement social ne soit pas leur « chant du cygne » !
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09/02/2016
"Sept milliardaires contrôlent 95% de la production journalistique"
Médias le Mag, l'interview l Fabrice Arfi
Nouvelles censures". Qu'est-ce qui a changé, qu'est-ce qui est vraiment nouveau ?
En fait, si on a réussi à mettre autour de la table une quinzaine de journalistes - c'est une première en France ! - et que nous avons appelé ça les nouvelles censures, c'était pour trancher un peu avec l'idée que l'on peut avoir de la vieille censure ORTF, verticale. Elles sont nouvelles parce qu'elles sont parfois insidieuses, comme l'époque. Et donc elles sont pires ! Ce que nous essayons de décrypter, en révélant les coulisses d'enquêtes célèbres, de manière très factuelle et sobre, c'est un écosystème pourri en France sur la liberté d'informer. Ce n'est pas un geste corporatiste de journalistes qui disent "Laissez-nous faire ce qu'on veut, et si possible n'importe quoi". Ce qu'on essaye d'expliquer, c'est qu'on vole quelque chose au citoyen, quelque chose de culturel et démocratique qui est consacré par les Nations unies, la Déclaration des droits de l'Homme, notre constitution...
Vous dîtes qu'il faut changer la loi sur la presse...
Il faut tout changer ! On est dans une concentration historique des médias en France. Sept milliardaires dont le coeur d'activité n'est pas l'information - c'est de vendre des armes, de faire du BTP, de la téléphonie mobile, de la banque, Bolloré c'est un peu tout - ont entre leurs mains 95% de la production journalistique. Et leur chiffre d'affaires dépend pour partie de leurs rapports avec le gouvernement français ou les Etats étrangers. On a une loi de la presse qui ne défend pas suffisamment la liberté d'informer. Et on a un accès aux documents administratifs qui est pitoyable en France. Tout cet écosystème-là est à repenser de fond en comble, parce qu'on est dans un moment extrêmement inquiétant où, derrière les discours, s'érige un mur institutionnel, légal, judiciaire, politique de l'opacité.
C'est plus dur de résister aujourd'hui malgré la démultiplication des canaux d'information ?
On ne peut pas se satisfaire de ce qui se passe en France. Bien sûr, on ne meurt pas d'être journaliste en France. On n'est pas en Russie ou au Congo. Pour autant, nous ne sommes pas une démocratie qui répond aux canons en la matière. Et c'est notre devoir d'interroger ce monde bizarre qui nous entoure et d'essayer de comprendre pourquoi nous volons au citoyen son droit de savoir. C'est un bien fondamental !
"Le silence des politiques est désespérant"
Invité du "Supplément" il y a quelques semaines, Nicolas De Tavernost affirmait ne pas pouvoir "supporter qu'on dise du mal" des clients de M6. L'argent de la pub sur les grands médias, c'est un levier efficace pour faire taire les journalistes ?
Vous vous rendez compte dans quel pays on est ? Le patron d'une grande chaîne peut aller dans une émission de télé et dire "Oui, je censure". Si ses clients sont des gens qui truquent des marchés publics ? Si ses clients, c'est Volkswagen ? Si l'émission "Capital" avait eu le scoop sur le scandale mondial, ça ne sortirait pas ? On volerait ça au citoyen ! Je trouve ahurissant qu'un patron de chaîne puisse venir dire ça sans qu'il y ait de réaction.
Comment expliquez-vous le silence du gouvernement ? On dit Vincent Bolloré proche de Nicolas Sarkozy mais récemment, Fleur Pellerin l'a défendu sur France Inter et François Hollande dit de lui selon L'Express qu'il a "l'énergie des grands capitaines d'industrie"...
C'est désespérant. Il y a une autorité de régulation qui s'appelle le CSA, et de voir un monde politique qui ne considère pas ce que nous disons sur la liberté d'informer comme un droit fondamental qu'il faut à tout prix défendre... On ne peut pas s'habituer. Je crois vraiment que les citoyens ont faim de savoir, mais du côté de la classe politique, on n'a pas vu un tweet ou un une déclaration d'un homme politique qui s'alarme de tout ça. Ca nous tend un miroir qui est désespérant.
11:43 Publié dans Eclairage, Entretien, Informations, Journaliste, Manipulation, Radio, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : fabrice arfi, manipulation, canal+ | |
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01/02/2016
TV. Derrière les masques de la révolution ukrainienne
Spécial Investigation, documentaire du journaliste d’investigation Paul Moreira sur le massacre d’Odessa et le rôle des milices d’extrême droite dans l’après-révolution ukrainienne. Un travail essentiel de désintoxication.
Paul Moreira, dans le documentaire d’investigation, est une référence. Son enquête, diffusée sur Canal+, ne fait pas exception. Le journaliste, cofondateur de l’agence Premières Lignes, s’est penché sur l’après-révolution ukrainienne. En trois parties, il déconstruit l’image bien trop lisse d’un mouvement qui a enjoué l’Europe de l’Ouest, alors que trois mouvances néonazies présentes aux côtés de la population pro-ukrainienne ont infiltré le pouvoir, avant de devenir petit à petit des forces militaires. Images et témoignages à l’appui, cette enquête dénonce ce crime impuni de 45 pro-Russes brûlés vifs à Odessa, en mai 2014, mais aussi la complicité intéressée des États-Unis.
Vous expliquez, en introduction de votre documentaire, avoir observé trois symboles présents aux rassemblements de la révolution ukrainienne. Est-ce le point de départ de votre enquête ?
Paul Moreira. Je n’avais jamais mis les pieds en Ukraine. La seule perception que j’avais de la révolution était les images que je voyais à la télévision. Je constate alors une sorte d’inadéquation entre l’enthousiasme médiatique autour de la révolution et des petits signes qui me perturbent. Comme des interférences, des éléments qui ne sonnent pas juste. Je parle des bannières du Secteur droit, extrêmement martiales, des brassards avec le symbole de ce qui va devenir Azov par la suite… Des signes inquiétants, pas vraiment explorés. J’ai toujours eu une défiance vis-à-vis des histoires racontées en noir et blanc. En fouillant, je m’aperçois que nous avons omis, sans pour autant dire censurer, de traiter une partie de l’histoire. Omis par pente naturelle, omis parce que les démocraties occidentales ne se sont pas insurgées quand les ‘’gentils’’ révolutionnaires ukrainiens ont massacré des civils à Odessa. Un ensemble de constatations qui me font dire qu’il y a eu un traitement problématique des événements ukrainiens.
Comment expliquez-vous ce silence?
Paul Moreira. Pour que le massacre d’Odessa prenne de l’ampleur, il aurait fallu une dénonciation du fait, qu’en plein cœur de l’Europe et au XXIème siècle, quarante cinq personnes soient tuées avec une totale absence de réaction de la part de la police. C’est un massacre de masse complètement impuni et non enquêté : la commission européenne s’est intéressée à l’histoire. Elle a lu des rapports écrits mais n’a pas enquêté sur le terrain. On se retrouve donc avec une situation, assez paradoxale et étonnante, où Youtube est bourré de visuels sur ce qui s’est passé. Comme beaucoup, je n’ai pas vu cette information. Alors, j’ai passé plusieurs semaines à visionner et à croiser les vidéos pour métaboliser les faits. Je pense n’avoir jamais vu un événement, aussi dramatique, autant filmé et en même temps aussi peu traité. Des articles, certes, ont été écrits. Seulement, la perception générale du public est qu’il ne s’est rien passé. Parce que c’était des pro-russes, des vieux communistes. Cela aurait dû réveiller un peu plus les citoyens sur le fait, qu’au sein des forces révolutionnaires, il existe des éléments extrêmement violents et nationalistes. Je n’ai pas exploité certains aspects comme l’enquête des Allemands et des Anglais qui tend à établir que les fameux tirs de la place Maïdan pourraient venir des propres rangs des insurgés, comme une provocation… Un tas d’éléments laissés dans l’ombre.
Vous dites dans le documentaire qu’il existe ce risque que le monstre se retourne un jour contre son créateur. C’est-à-dire ?
Paul Moreira. La révolution a fait croître les troupes de choc des milices, des groupes paramilitaires. Et ces derniers ne semblent plus du tout mis en échec par l’autorité publique. Ils font la police à la place de la police. Parfois, il y a même des tirs armés entre le Secteur droit et la police ukrainienne. Ce sont effectivement des individus qui ont pris des risques physiques, qui ont fait preuve d’un grand courage pour un changement de régime. Seulement, ils avaient un projet différent que celui de juste mettre en place d’autres hommes politiques. Le problème est là : le mouvement révolutionnaire, qui s’est produit dans la rue, a donné de l’espace à ces troupes. Et celles-ci, aujourd’hui, sur leur propre lancée, veulent aller beaucoup plus loin. Les autorités ukrainiennes semblent incapables de les contrôler. Quand ils bloquent une frontière et que la police regarde passivement car elle ne peut ou ne veut rien faire, c’est bien que la créature leur a échappé.
Vous avez récolté divers témoignages sur place. Les acteurs du crime d’Odessa ne nient rien...
Paul Moreira. Malheureusement, c’est toujours les vainqueurs qui ont l’histoire avec eux. S’ils n’ont pas été punis, si rien n’a indiqué qu’ils ont commis un crime, ils se sentent légitimes. Joshua Oppenheimer, dans « The act of killing », évoque cela à travers les grands massacres qui ont suivi le mouvement de 1965 en Indonésie. Les assassins expliquent les méthodes qu’ils ont utilisées pour tuer et ils le disent très clairement : nous sommes les vainqueurs donc c’est nous qui déterminons ce qui est l’histoire et ce qui ne l’est pas. Cette référence m’est venue en tête face à ces Ukrainiens. L’un des leaders d’une milice pro-ukrainienne montre bien qu’il n’a aucun remord. Il estime qu’ils ont eu ce qu’ils méritaient.
Ils vous accueillent, aussi, volontiers dans leurs camps d’entraînement. D’après vous, qui sont-ils ?
Paul Moreira. Quand je pars à leur rencontre, j’ai évidemment pleins d’éléments qui me montrent qu’ils sont fortement noyautés par des néonazis et des membres de l’extrême-droite. Il existe une partie des informations, au trait forcé, qui relèvent de la propagande des Russes. Je voulais donc prouver par l’image, et à travers leurs paroles, qui ils étaient réellement. Je le mets en scène comme une révélation car ils mettent énormément d’énergie à dissimuler leur affiliation au néonazisme. Ils savent que ce n’est pas gérable en Europe occidentale d’appartenir à ce courant historique. Je souhaitais aussi montrer cette intention. Par exemple, dans une scène, un jeune Français s’entraîne avec eux. Et pendant que je tourne, il réalise qu’il a oublié de retirer son nom de code, collé à son uniforme. On y lit «Mussolini»...
Entre les conclusions sur ces troupes et l’attitude des Etats-Unis dans cette région de l’Europe, vouliez-vous rendre compte de son jeu dangereux ?
Paul Moreira. L’ex-patron de la CIA, le général Petraeus, est passé au privé mais reste très proche du pouvoir américain. Il dit quelque chose que le gouvernement n’oserait pas dire : il faut des armes offensives. Jouer dans le jardin de la maison Russie comporte un risque énorme. La révolution ukrainienne avait des motifs totalement louables. Mais la réalité est que le degré d’investissement des Américains dans ce changement de régime peut être interprété par Poutine comme un acte guerrier. Ce qui pourrait le mobiliser d’autant plus contre les Ukrainiens. La stratégie anti-Poutine des Etats-Unis, pour empêcher comme le dit Petraeus la Russie de devenir un empire, est très claire. Elle peut déboucher sur un conflit massif.
18:51 Publié dans Actualités, ACTUSe-Vidéos, Eclairage, Entretien, Journaliste, Manipulation, Télévision, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paul moreira, ukraine, faciste | |
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16/12/2015
Lancée après "Charlie Hebdo", une nouvelle web série décrypte les médias avec humour et pédagogie
Sur un ton ludique et accessible à tous, la web série "Les Clés des médias" décrypte l'information et dévoile les coulisses du journalisme et des médias. Initié par France Télévisions après les attentats de janvier, le projet est aussi ludique qu'indispensable. "Les vidéos de chat sur Internet, ça occupe cinq minutes, mais ça n'a aucun intérêt", indique le journaliste de France Inter Bruno Duvic dans un des épisodes de la nouvelle websérie d'éducation aux médias que vient de lancer France TV Education.
La phrase est provocante, frappante, elle parle aux plus jeunes. Elle permet surtout d'illustrer l'un des premiers épisodes des "Clés des médias" intitulé "C'est quoi une info?" "Un journaliste, qu'est ce que c'est?", La pub, ça sert à quoi?", "La rumeur", "Les Youtubers", "Le droit à l'image" : en tout, "Les Clés des médias" proposent de répondre à vingt-cinq questions (neuf sont déjà en ligne) que peut se poser le public. Le projet est né après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, alors que la liberté d'expression avait été attaquée ou que la théorie du complot naissait ici ou là. "Il s'agit d'expliquer les mécanismes des médias, de revenir sur des notions de base, de répondre à la défiance que le public a des journalistes et d'ouvrir le débat", précise Bruno Duvic, qui a écrit l'ensemble de la série produite par la Générale de production avec FranceTV Education, Canopé, le Clemi, France Inter et Enjeux e-medias.
Chaque numéro dure deux minutes et part d'un cas concret pour expliquer les situations auxquelles les journalistes doivent faire face ou qui sont proposées aux lecteurs-auditeurs-téléspectateurs-internautes. Par exemple, voici pourquoi un accident sans victime près de chez moi prend parfois plus de place que vingt morts à l'autre bout du continent :
Ces épisodes animés en stop motion parlent aux jeunes, mais pas seulement. Ils seront également des outils essentiels aux enseignants, puisque l'éducation aux médias est désormais une de leurs missions. "Et ce n'est pas toujours facile pour eux d'avoir la bonne réponse sur le fonctionnement des médias. Cette série constitue pour eux une vraie boîte à outils indispensable au ton décalé", indique Mathieu Jeandron, le directeur du numérique au ministère de l'Education national. En effet, le ton est souvent drôle, jamais donneur de leçon. Parce que, ainsi que conclut l'un des réalisateurs, Mathieu Decarli, "la pédagogie n'est pas forcément pénible".
18:11 Publié dans ACTUSe-Vidéos, Eclairage, Journal, Journaliste, Réseaux sociaux, Société, Télévision, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, vidéos, pédagogie | |
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