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09/10/2015

Air France : salariés et syndicats victimes du « lynchage » médiatique

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Lundi 5 octobre, le directeur des ressources humaines d’Air France a été pris à partie par les salariés en marge du comité central d’entreprise, qui a annoncé 2 900 licenciements d’ici 2017. Un spectacle qui a fait perdre aux éditorialistes leur sang-froid. Retour sur un « lynchage » médiatique : celui des résistances syndicales.

Une presse écrite (presque) unanimement scandalisée

L’occasion était trop belle et Le Figaro n’a pas manqué de s’en saisir. En « Une » de son édition du mardi 6 octobre, le quotidien de Serge Dassault s’interroge : « Les extrémistes d’Air France vont-ils tuer la compagnie ? »

Cette « Une » tonitruante s’accompagne d’un éditorial signé Gaëtan de Capèle qui donne le la de la couverture médiatique des incidents du 5 octobre. On aurait ainsi assisté au « lynchage en règle » du DRH d’Air France, qui ferait écho à de précédentes « prises d’otage de dirigeants ». Des actes criminels, donc, qui « doivent être réprimés avec la plus grande sévérité ».

Mais au-delà de ce seul événement, c’est bien le rôle des syndicats qui est pointé du doigt, responsables du « blocage social dont souffre la France ». Qu’il s’agisse des retraites, du droit du travail ou encore de l’assurance chômage, « il se trouve, à chaque fois, une opposition syndicale pour interdire de mettre en œuvre des solutions d’avenir ».

Le Monde emboîte le pas au Figaro. En « Une » figure l’image du directeur adjoint d’Air France qui escalade une grille avec l’aide de la police pour échapper à la colère des salariés :

La rhétorique figaresque du « lynchage » est reprise de manière très explicite par Plantu, qui signe un dessin avec la tendresse (un brin railleuse) qu’on lui connaît pour le mouvement syndical :

Le quotidien « de référence » revient sur la crise d’Air France dans son supplément économie ; un supplément dont on a déjà évoqué le souci constant de pluralisme. Et logiquement, le seul témoignage que choisit de publier Le Monde pour faire la « chronique d’un crash devenu inévitable » est celui d’un cadre dirigeant pour qui « on en serait pas là si pendant vingt ans les directions de l’entreprise n’avaient pas acheté la paix sociale ».

Mais pour Le Monde la faute en revient à l’État français qui « a soutenu la politique d’achat de la paix sociale, afin d’éviter les grèves. » Autant dire qu’il était temps de taper du poing sur la table ! A la lecture du quotidien, le licenciement de 2 900 salariés pourrait presque sembler magnanime. Puisqu’il s’agit de « s’adapter ou disparaître »…

Ce journalisme pro-marché ne doit cependant pas surprendre de la part du quotidien du soir, devenu « l’accessoire préféré des classes dominantes ». Pas un dérapage, donc, mais bien une ligne éditoriale choisie et assumée.

Le Parisien en rajoute dans le sensationnalisme en figurant la photo, en pleine page, du DRH d’Air France qui semble revenir de l’enfer.

Là encore, une occasion de pester sur les mouvements syndicaux, et « la stratégie suicidaire de ses pilotes et plombée par des grèves indécentes aux conséquences financières désastreuses ».

Un refrain entonné par Les Échos qui dénoncent, en « Une », un « dérapage » :

Les Échos dénoncent les violences des salariés qui « ont manqué de lyncher » les dirigeants d’Air France. Elles témoignent d’une « civilisation où prévaudrait la loi du plus fort ». Mais surtout, elles sont représentatives des « dérapages » des syndicats « dans un pays où réformer est une mission quasi impossible ».

Et l’éditorialiste du quotidien économique de s’indigner : « Trop c’est trop ! Après les occupations d’usine, les dégradations d’outil de travail et les patrons séquestrés, voilà donc venu le temps de l’agression physique des dirigeants. Un degré de plus dans la litanie des dérapages qui ponctuent trop souvent les conflits sociaux dans notre pays […] Le pavillon national ne peut pas être prisonnier de pilotes assis sur leurs privilèges et de casseurs surexcités. » Là encore, ce parti-pris ne doit pas surprendre de la part d’un quotidien qui, à l’instar du Monde, a choisi une ligne éditoriale libérale assumée.

« Sondages » bienveillants

Le Point, quant à lui, en appelle à ses lecteurs avec une question parfaitement neutre [1] :

De la même manière, M6 et Yahoo en appellent à la sagesse populaire par une question là aussi pas du tout orientée :

Côté presse écrite nationale, L’Opinion clôt le bal des outrés avec une délicatesse toute particulière : « Ce serait probablement beaucoup demander à ces quelques abrutis qui ont molesté les dirigeants d’Air France que de réfléchir aux conséquences de leurs actes ».

Notons enfin que les télévisions d’information en continu ne sont pas en reste : alors que BFM business revient gravement sur les maltraitances des patrons par leurs salariés (« Quand les patrons sont malmenés par leurs salariés »), I-télé s’interroge : « Après Air France, quelle vision des syndicats ont les Français ? ».

***

Acrimed a eu beau chercher, aucun « grand média » ne s’est interrogé sur l’image des patrons après l’annonce des licenciements à Air France. Si les violences à l’encontre de deux cadres d’Air France ont suscité les cris d’orfraie des éditorialistes, la violence d’un plan de licenciement touchant 2900 personnes a provoqué, quant à elle, au mieux un silence résigné, au pire des justifications enthousiastes.

Redisons-le encore et encore : le problème du traitement médiatique du cas Air France n’est pas un problème d’opinion. Que des journaux assument une ligne libérale n’est pas en soi un problème, c’est même leur droit le plus absolu. En revanche, l’unanimisme de la presse dominante, en particulier pour jeter l’opprobre sur les résistances sociales, pose un évident problème de pluralisme.

Et le cas Air France montre une fois de plus comment une partie de la presse française se comporte en chien de garde des intérêts des classes dominantes, toujours prompte à condamner les « violences » des salariés et à cautionner la violence (invisible) du marché.

Benjamin Lagues et Frédéric Lemaire (avec Julien Salingue) pour ACRIMED

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04/10/2015

Madame Biraben, apprenez 
le sens du mot « vérité » !

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Le bloc-notes de Jean-Emmanuel Ducoin.

Ad nauseam. Et maintenant, beaucoup disent tout haut ce que beaucoup pensent… tout haut ! Vous croisez, dans le métro parisien, un homme chantant à haute et intelligible voix : « Maréchal, nous voilà », personne ne réagit, vous le sermonnez, il s’étonne de votre étonnement et continue comme si de rien n’était. Vous traversez les Champs-Élysées et vous entendez : « La France aux Français », vous vous retournez, prêt à réagir, et vous voyez un personnage de toute évidence défaillant mentalement hurler : « Toutes des putes ! », en vous montrant du doigt des jeunes filles roms sur le trottoir, et vous êtes seul à l’apostropher. Le soir, vous vous installez sur votre canapé, vous mettez Canal Plus et l’animatrice vedette du Grand Journal, Maïtena Biraben, que l’on classait jadis dans les bobos-chics-pseudo-rive-gauche, déclare tout de go que le Front nationaliste de Fifille-la-voilà est « le premier parti de France ». Vous vous étranglez dans votre verre de whisky et, à peine avez-vous repris vos esprits, que la présentatrice ajoute : « Les Français se reconnaissent dans le discours de vérité » tenu par le FN. Fin de journée. Bienvenue dans la France ad nauseam. Celle de cet ordre brun qui voudrait s’installer dans votre univers mental.

Soumission. Le dernier épisode en date, celui de Canal Plus, s’avère si désolant et scandaleux que nous pourrions presque passer notre chemin – et accessoirement ne plus jamais regarder cette émission et/ou demander la démission de l’impétrante – mais ce serait oublier que la chaîne créée par Rousselet, Lescure, De Greef et les autres vient de tomber dans l’escarcelle de Vincent Bolloré, qu’il y pratique comme partout le ménage par le bas (lisez : le ménage idéologique) et que chacun sait depuis longtemps qu’il prend ses ordres de Nicoléon et prépare le retour du parrain de l’Élysée par tous les moyens, quitte à pratiquer la légitimation des idées les plus « buissonniènes » pour ne pas dire « mariniennes ». Bien sûr, vu l’ampleur de la polémique s’abattant sur une émission mythique du PAF, l’intello de Canal Biraben, façon pépète brushingée qui la joue à la cool tout en blondeur et en mélange des genres, a cherché à s’expliquer. « Il était question de la forme, pas du fond », s’est-elle ainsi défendue, estimant avoir fait uniquement allusion au discours « sans langue de bois, cash » des maréchalistes et consorts, et non de leurs idées. Celle-ci a même demandé aux commentateurs qui la sermonnent de se « détendre »… Qu’on nous permette de douter d’une maladresse supposée, sauf à considérer qu’il n’y a rien de grave et de dangereux pour la République d’associer Fifille-la-voilà à la notion même de « vérité ». Madame Biraben, ouvrez un dictionnaire ! Quand la paresse intellectuelle se conjugue à la soumission de la communication médiatico-politique du moment, y compris la pire qui soit, le procédé vaut définition : complicité avec préméditation.

tabous. Pendant ce temps-là, Emmanuel Macron continue de réciter son manuel de « la terre brûlée à usage des socialistes ». Il assure que le « libéralisme est de gauche ». Mieux, il se « méfie beaucoup des tabous ». Nous y voilà ! La France ne vit désormais que par les briseurs de tabous, tous transformés en nouvelle élite de la posture transgressive, alors qu’ils ne sont que les petits serviteurs de la droite et son extrême, du libéralisme et des remugles néomaurrassiennes. On veut nous faire croire que ce serait résister au « politiquement correct » que de dire des horreurs, mais ne l’oublions jamais : la pensée zemmourienne n’a pas besoin des mots « race » ou « travail-famille-patrie », elle peut très bien s’exprimer, aussi, en termes de culture.

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18:18 Publié dans Informations, Journaliste, Manipulation, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : madame biraben, canal+, fn | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

16/06/2015

La commission européenne JURI adopte la directive liberticide dite « Secret des affaires »

lucet.jpgLa pétition européenne lancée par la journaliste française Elise Lucet contre un projet de directive européenne sur le secret des affaires a recueilli plus de 300 000 signatures en dix jours, l'un des records du site de pétitions en ligne Change.org.

La pétition « Ne laissons pas les entreprises dicter l'info - Stop à la Directive Secret des Affaires ! » a été lancée sur le site change.org. Mardi 16 janvier à midi, elle rassemblait plus de 305.000 signatures.

Chassez une directive liberticide par la porte, elle essaie de revenir par la fenêtre. Fin janvier,  le gouvernement français comptait introduire un amendement à la loi Macron qui anticipait cette directive europénne, avant de renoncer face à une forte opposition des médias. Avec le « Collectif Informer n’est pas un délit » rassemblant des journalistes de multiples rédactions, dont l’Humanité. Le 4 juin, à l’intiative d’Elise Lucet « Cash Investigation » sur France 2), une pétition « Ne laissons pas les entreprises dicter l'info - Stop à la Directive Secret des Affaires ! » a été lancée sur le site change.org. Mardi 16 janvier à midi, elle rassemblait plus de 305.000 signatures. Un record depuis la création du site de pétitions en ligne en 2012. 
 
 
Les  membres de la commission Juri a qui a été adressée la pétition ont mardi 16 juin ignoré les signatures et fait fi des de la mobilisation. 
« C'est une honte, et nous devons réagir a aussitôt indiqué Elise Lucet. Car tout n'est pas perdu, bien au contraire : le texte va maintenant être discuté entre des représentants de la commission, du conseil et du Parlement Européen. C’est maintenant que nous devons les convaincre de répondre à notre appel, mais nous allons devoir taper encore plus fort.
 
Soyons des milliers à partager cette vidéo que j'ai réalisée avec d'autres journalistes pour dénoncer cette directive liberticide. Cliquez pour voir la vidéo et partagez-la autant que possible :
 
Il faut maintenant, plus que jamais faire entendre notre voix pour que s’arrête le parcours de ce texte liberticide et qu’il soit retiré. » 
"Nous craignons mardi que la directive soit adoptée en commission", avait indiqué l'avocate du collectif  Informer n’est pas un délit, Virginie Marquet. Cette pétition avait lundi recueilli 30.000 en Belgique, Allemagne, Espagne et Royaume-Uni. Des versions locales ont été lancées dans ces trois derniers pays.
Elise Lucet, présentatrice du JT de 13H00 sur France 2 et rédactrice en chef de l'émission d'enquêtes "Cash Investigation", a lancé cette pétition avec le collectif "Informer n'est pas un délit".
Des lanceurs d'alerte comme Stéphanie Gibaud (affaire UBS), Antoine Deltour (LuxLeaks) et Hervé Falciani (HSBC) ont apporté leur soutien à la pétition.
 
"Sous couvert de lutte contre l'espionnage industriel, le législateur européen prépare une nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme, le +secret des affaires+", souligne la pétition.
"Si une source ou un journaliste viole ce secret des affaires, des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d'euros (...) On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays". 
 
"Notre métier consistant à révéler des informations d'intérêt public, il nous sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de nos pays", conclut-elle.
"La commission européenne a reçu des énormes groupes, comme Air Liquide, Dassault... Ce sont eux qui font tout pour restreindre au maximum l'investigation économique, en englobant les journalistes, les sources et les lanceurs d'alerte", a souligné lundi Elise Lucet lors d'un rassemblement des initiateurs de la pétition à Paris. 
 
"Je suis devenu malgré moi un cas d'espèce", a commenté de son côté le journaliste d'investigation Edouard Perrin, inculpé au Luxembourg pour avoir révélé le scandale LuxLeaks -- des avantages fiscaux consentis par le Luxembourg à des multinationales. 
La loi luxembourgeoise sur laquelle repose l'inculpation montre "ce que pourrait être cette directive européenne", a-t-il souligné. "Elle permettrait non seulement de sanctionner la divulgation des informations mais même leur acquisition : une entreprise pourra donc poursuivre un journaliste avant même qu'il ait publié, dès qu'il la contacte pour vérifier l'info". 
 
"La directive prévoit une exception pour les journalistes dans le cadre légitime de la liberté d'information, mais ce sera une exception, les journalistes devront démontrer que leurs informations sont d'intérêt général. Et l'entreprise décidera du préjudice entraîné par la divulgation des informations. Qui prendra le risque de subir des dommages et intérêts pouvant atteindre de millions d'euros?", a lancé Virginie Marquet. 
Un appel contre la directive a aussi été lancé par les syndicats français et européens, l'Association européenne des Droits de l'Homme ainsi que Julian Assange, fondateur de Wikileaks.
 
Le texte intégral de la pétition 
« Bientôt, les journalistes et leurs sources pourraient être attaqués en justice par les entreprises s’ils révèlent ce que ces mêmes entreprises veulent garder secret. A moins que nous ne réagissions pour défendre le travail d’enquête des journalistes et, par ricochet, l’information éclairée du citoyen. 
Sous couvert de lutte contre l’espionnage industriel, le législateur européen prépare une nouvelle arme de dissuasion massive contre le journalisme, le "secret des affaires", dont la définition autorise ni plus ni moins une censure inédite en Europe.
 
Avec la directive qui sera bientôt discutée au Parlement, toute entreprise pourra arbitrairement décider si une information ayant pour elle une valeur économique pourra ou non être divulguée. Autrement dit, avec la directive "Secret des Affaires", vous n’auriez jamais entendu parler du scandale financier de Luxleaks, des pesticides de Monsanto, du scandale du vaccin Gardasil... Et j’en passe.
Notre métier consistant à révéler des informations d’intérêt public, il nous sera désormais impossible de vous informer sur des pans entiers de la vie économique, sociale et politique de nos pays. Les reportages de "Cash Investigation", mais aussi d’autres émissions d’enquête, ne pourraient certainement plus être diffusés.
 
Avec ce texte, un juge saisi par l’entreprise sera appelé à devenir le rédacteur en chef de la Nation qui décide de l’intérêt ou non d’une information. Au prétexte de protéger les intérêts économiques des entreprises, c’est une véritable légitimation de l’opacité qui s’organise.
Si une source ou un journaliste "viole" ce "secret des affaires", des sommes colossales pourraient lui être réclamées, pouvant atteindre des millions voire des milliards d’euros, puisqu’il faudra que les "dommages-intérêts correspond(ent) au préjudice que celui-ci a réellement subi". On pourrait même assister à des peines de prison dans certains pays.
 
Face à une telle menace financière et judiciaire, qui acceptera de prendre de tels risques ? Quel employé - comme Antoine Deltour à  l’origine des révélations sur le  le scandale Luxleaks - osera dénoncer les malversations d’une entreprise? Les sources seront les premières victimes d’un tel système, mais  pas un mot ne figure dans le texte pour assurer leur protection.
 
Les défenseurs du texte nous affirment vouloir défendre les intérêts économiques des entreprises européennes, principalement des "PME". Étonnamment, parmi  celles qui ont été en contact très tôt avec la Commission, on ne relève pas beaucoup de petites PME, mais plutôt des multinationales rôdées au lobbying : Air Liquide, Alstom, DuPont, General Electric, Intel, Michelin, Nestlé et Safran, entre autres.
Ces entreprises vont utiliser ce nouveau moyen offert sur un plateau pour faire pression et nous empêcher de sortir des affaires …
 
Vu l’actualité Luxleaks, nous ne tolérons pas que nos élus se prononcent sur un texte aussi grave pour la liberté d'expression sans la moindre concertation avec les représentants de la presse, les lanceurs d'alertes et les ONG.  Seuls les lobbies industriels ont été consultés.
 
Nous, journalistes, refusons de nous contenter de recopier des communiqués de presse pour que vous, citoyens, restiez informés. Et comme disait George Orwell : "Le journalisme consiste à publier ce que d’autres ne voudraient pas voir publié : tout le reste n’est que relations publiques".
C’est pourquoi je demande, avec l’ensemble des signataires ci-dessous (voir sur le site change.org), la suppression de cette directive liberticide. »
 
Pierre Baudry, l'Humanité
 
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01/06/2015

Les affaires aiment la presse

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Le groupe LVMH de Bernard Arnault, propriétaire des Échos, rachète le Parisien ; le Monde, du trio Pigasse-Niel-Bergé, acquiert l’Obs. TF1, de Bouygues, vend Metronews ; et Libération, désormais dans le même groupe que l’Express de Drahi, se « réinvente » avec une formule privilégiant le numérique…

La presse écrite est en ébullition. Les experts préfèrent parler de consolidation du marché. Fini le temps des propriétaires familiaux. L’heure est à la concentration entre les mains de groupes financiers et d’actionnaires fortunés.

Le groupe Amaury vient de décider de vendre le Parisien, Aujourd’hui en France et sa filiale de distribution Proximy au groupe LVMH de Bernard Arnault. « Les deux titres sont complémentaires. Le lectorat du Parisien-Aujourd’hui en France est très large et touche notamment les cadres et PME de province, qui lisent également les Échos. 60 % de notre lectorat se trouve en dehors de la région parisienne ! » a expliqué Francis Morel dans les colonnes du… Figaro, qu’il a dirigé avant de rejoindre les Échos. « Cela devrait nous permettre de capter davantage d’opérations publicitaires, notre puissance étant décuplée en papier et surtout sur le digital », précise-t-il, relevant que LVMH « est prêt à investir davantage sur le digital ». Amaury garde sa partie sportive autour de l’Équipe et de la lucrative société d’organisation d’événements sportifs ASO (Tour de France, Paris-Roubaix…).

Les rachats se multiplient

Le cap sur le Net, c’est aussi ce que vient de décider TF1 en annonçant la vente du gratuit Metronews pour privilégier son offre digitale élargie MyTF1, lancée le 26 mai. Le lendemain, le belge Rossel, propriétaire de titres de presse régionale en France comme la Voix du Nord, a, lui, annoncé qu’il rejoignait le Groupe Sipa-Ouest-France au capital de la société 20 Minutes France, dont il reprendrait le co-contrôle à la place du groupe média norvégien Schibsted, fondateur historique du titre. Les deux groupes sont entrés en négociation exclusive. On ne traîne pas.

Ces rachats se multiplient et réorganisent le paysage de la presse nationale autour de plusieurs grands pôles dans la lignée de ce que préconisaient les états généraux de la presse écrite organisés en 2008 par Nicolas Sarkozy, lequel voulait ses « champions nationaux ».

Ces pôles sont en train de se constituer. Le Figaro, propriété du groupe Dassault, le Point du groupe Artemis de François Pinault ne sont plus seuls. Le développement du groupe Le Monde libre (le Monde, Télérama, l’Obs, Courrier international, la Vie, etc.) du trio Pierre Bergé-Xavier Niel-Matthieu Pigasse et, plus récemment, la formation du groupe Altice Media (Libération, l’Express, l’Expansion, l’Étudiant, Point de vue…). Au total, une vingtaine de titres auxquels s’ajoutent Numericable-SFR et la chaîne israélienne I24news. Dans ce contexte, des titres comme l’Humanité font avec leurs moyens.

Le quotidien Libération, après avoir été sauvé de la faillite par son nouvel actionnaire, traversé une crise interne sans précédent et enregistré le départ d’une centaine de ses journalistes, se « réinvente » avec une nouvelle formule privilégiant le numérique. C’est Laurent Joffrin, directeur de la rédaction, qui l’écrit à ses abonnés. « Dans un monde bouleversé par la révolution numérique, les journalistes de Libération ont décidé de se réinventer.

Désormais une équipe de 130 journalistes donnera tous les jours et à tout instant sa vision de l’actualité sur un quotidien repensé et un site rénové. » Nouvelle maquette, nouvelles rubriques et surtout une autre voie. « Libération était un quotidien qui publiait une version numérique, Libération sera un site qui publie un quotidien », résume Joffrin. En clair, l’information privilégiée sera celle du site et sa version mobile, « premier point de contact avec le lecteur ».

Le quotidien papier vendu 2 euros à partir d’aujourd’hui reprend ainsi des articles du site dans une séquence de 4 pages baptisée « Expresso ». « Aujourd’hui, Libération ouvre un nouveau chapitre de son histoire pour relever les défis du siècle nouveau », commente Joffrin. « Nouveau chapitre » est un euphémisme. Les équipes de Libération devraient bientôt emménager dans les locaux de l’Express… Changement d’époque en effet.

médias
Claude Baudry
Lundi, 1 Juin, 2015
L'Humanité
 
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