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01/02/2016

TV. Derrière les masques de la révolution ukrainienne

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Spécial Investigation, documentaire du journaliste d’investigation Paul Moreira sur le massacre d’Odessa et le rôle des milices d’extrême droite dans l’après-révolution ukrainienne. Un travail essentiel de désintoxication.

Paul Moreira, dans le documentaire d’investigation, est une référence. Son enquête, diffusée sur Canal+, ne fait pas exception. Le journaliste, cofondateur de l’agence Premières Lignes, s’est penché sur l’après-révolution ukrainienne. En trois parties, il déconstruit l’image bien trop lisse d’un mouvement qui a enjoué l’Europe de l’Ouest, alors que trois mouvances néonazies présentes aux côtés de la population pro-ukrainienne ont infiltré le pouvoir, avant de devenir petit à petit des forces militaires. Images et témoignages à l’appui, cette enquête dénonce ce crime impuni de 45 pro-Russes brûlés vifs à Odessa, en mai 2014, mais aussi la complicité intéressée des États-Unis.

Vous expliquez, en introduction de votre documentaire, avoir observé trois symboles présents aux rassemblements de la révolution ukrainienne. Est-ce le point de départ de votre enquête ?

Paul Moreira. Je n’avais jamais mis les pieds en Ukraine. La seule perception que j’avais de la révolution était les images que je voyais à la télévision. Je constate alors une sorte d’inadéquation entre l’enthousiasme médiatique autour de la révolution et des petits signes qui me perturbent. Comme des interférences, des éléments qui ne sonnent pas juste. Je parle des bannières du Secteur droit, extrêmement martiales, des brassards avec le symbole de ce qui va devenir Azov par la suite… Des signes inquiétants, pas vraiment explorés. J’ai toujours eu une défiance vis-à-vis des histoires racontées en noir et blanc. En fouillant, je m’aperçois que nous avons omis, sans pour autant dire censurer, de traiter une partie de l’histoire. Omis par pente naturelle, omis parce que les démocraties occidentales ne se sont pas insurgées quand les ‘’gentils’’ révolutionnaires ukrainiens ont massacré des civils à Odessa. Un ensemble de constatations qui me font dire qu’il y a eu un traitement problématique des événements ukrainiens.

Comment expliquez-vous ce silence?

Paul Moreira. Pour que le massacre d’Odessa prenne de l’ampleur, il aurait fallu une dénonciation du fait, qu’en plein cœur de l’Europe et au XXIème siècle, quarante cinq personnes soient tuées avec une totale absence de réaction de la part de la police. C’est un massacre de masse complètement impuni et non enquêté : la commission européenne s’est intéressée à l’histoire. Elle a lu des rapports écrits mais n’a pas enquêté sur le terrain. On se retrouve donc avec une situation, assez paradoxale et étonnante, où Youtube est bourré de visuels sur ce qui s’est passé. Comme beaucoup, je n’ai pas vu cette information. Alors, j’ai passé plusieurs semaines à visionner et à croiser les vidéos pour métaboliser les faits. Je pense n’avoir jamais vu un événement, aussi dramatique, autant filmé et en même temps aussi peu traité. Des articles, certes, ont été écrits. Seulement, la perception générale du public est qu’il ne s’est rien passé. Parce que c’était des pro-russes, des vieux communistes. Cela aurait dû réveiller un peu plus les citoyens sur le fait, qu’au sein des forces révolutionnaires, il existe des éléments extrêmement violents et nationalistes. Je n’ai pas exploité certains aspects comme l’enquête des Allemands et des Anglais qui tend à établir que les fameux tirs de la place Maïdan pourraient venir des propres rangs des insurgés, comme une provocation… Un tas d’éléments laissés dans l’ombre.

Vous dites dans le documentaire qu’il existe ce risque que le monstre se retourne un jour contre son créateur. C’est-à-dire ?

Paul Moreira. La révolution a fait croître les troupes de choc des milices, des groupes paramilitaires. Et ces derniers ne semblent plus du tout mis en échec par l’autorité publique. Ils font la police à la place de la police. Parfois, il y a même des tirs armés entre le Secteur droit et la police ukrainienne. Ce sont effectivement des individus qui ont pris des risques physiques, qui ont fait preuve d’un grand courage pour un changement de régime. Seulement, ils avaient un projet différent que celui de juste mettre en place d’autres hommes politiques. Le problème est là : le mouvement révolutionnaire, qui s’est produit dans la rue, a donné de l’espace à ces troupes. Et celles-ci, aujourd’hui, sur leur propre lancée, veulent aller beaucoup plus loin. Les autorités ukrainiennes semblent incapables de les contrôler. Quand ils bloquent une frontière et que la police regarde passivement car elle ne peut ou ne veut rien faire, c’est bien que la créature leur a échappé.

Vous avez récolté divers témoignages sur place. Les acteurs du crime d’Odessa ne nient rien...

Paul Moreira. Malheureusement, c’est toujours les vainqueurs qui ont l’histoire avec eux. S’ils n’ont pas été punis, si rien n’a indiqué qu’ils ont commis un crime, ils se sentent légitimes. Joshua Oppenheimer, dans « The act of killing », évoque cela à travers les grands massacres qui ont suivi le mouvement de 1965 en Indonésie. Les assassins expliquent les méthodes qu’ils ont utilisées pour tuer et ils le disent très clairement : nous sommes les vainqueurs donc c’est nous qui déterminons ce qui est l’histoire et ce qui ne l’est pas. Cette référence m’est venue en tête face à ces Ukrainiens. L’un des leaders d’une milice pro-ukrainienne montre bien qu’il n’a aucun remord. Il estime qu’ils ont eu ce qu’ils méritaient.

Ils vous accueillent, aussi, volontiers dans leurs camps d’entraînement. D’après vous, qui sont-ils ?

Paul Moreira. Quand je pars à leur rencontre, j’ai évidemment pleins d’éléments qui me montrent qu’ils sont fortement noyautés par des néonazis et des membres de l’extrême-droite. Il existe une partie des informations, au trait forcé, qui relèvent de la propagande des Russes. Je voulais donc prouver par l’image, et à travers leurs paroles, qui ils étaient réellement. Je le mets en scène comme une révélation car ils mettent énormément d’énergie à dissimuler leur affiliation au néonazisme. Ils savent que ce n’est pas gérable en Europe occidentale d’appartenir à ce courant historique. Je souhaitais aussi montrer cette intention. Par exemple, dans une scène, un jeune Français s’entraîne avec eux. Et pendant que je tourne, il réalise qu’il a oublié de retirer son nom de code, collé à son uniforme. On y lit «Mussolini»...

Entre les conclusions sur ces troupes et l’attitude des Etats-Unis dans cette région de l’Europe, vouliez-vous rendre compte de son jeu dangereux ? 

Paul Moreira. L’ex-patron de la CIA, le général Petraeus, est passé au privé mais reste très proche du pouvoir américain. Il dit quelque chose que le gouvernement n’oserait pas dire : il faut des armes offensives. Jouer dans le jardin de la maison Russie comporte un risque énorme. La révolution ukrainienne avait des motifs totalement louables. Mais la réalité est que le degré d’investissement des Américains dans ce changement de régime peut être interprété par Poutine comme un acte guerrier. Ce qui pourrait le mobiliser d’autant plus contre les Ukrainiens. La stratégie anti-Poutine des Etats-Unis, pour empêcher comme le dit Petraeus la Russie de devenir un empire, est très claire. Elle peut déboucher sur un conflit massif.

Entretien réalisé par Audrey Loussouarn
Lundi, 1 Février, 2016
L'Humanité
 
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24/01/2016

Pujadas face à Sarkozy sur France 2 : le journaliste a commis une faute professionnelle

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Nicolas Sarkozy était l'invité du 20 heures de France 2, mercredi 21 janvier. L'ancien chef de l'État y a listé quelques propositions pour lutter contre le terrorisme. Mais c'est la prestation de David Pujadas qui a retenu l'attention de notre chroniqueur Bruno Roger-Petit. Le présentateur de France 2 n'a pas fait honneur au journalisme et à l'interview politique, explique-t-il.

Contemplant l'entrevue Nicolas Sarkozy/David Pujadas, on a longtemps cru que France 2 avait décidé de rediffuser un journal télévisé de 2007. Ou 2008. Ou 2009. Ou 2010, 2011, 2012...

Sans les "questions" posées, en rapport avec l'actualité, on pouvait se méprendre, tant on avait le sentiment de renouer avec les interviews de complaisance qui sont la marque de fabrique journalistique de David Pujadas dès qu'il se retrouve face à Nicolas Sarkozy.

 À quoi reconnait-on l'interview de complaisance, celui qui exhale la connivence et la révérence à chaque question posée ? En ce que les questions commencent le plus souvent par : "Que pensez-vous de", "Quel est votre regard sur...", "Comment jugez-vous ?"...

Le procédé est vieux comme le monde. On pose une question qui permet à l'interviewé de dire ce qu'il a envie de dire. L'important n'est pas de chercher une vérité, mais d'offrir à l'interlocuteur l'occasion de délivrer la sienne. Et tant pis s'il ment, on n'est pas là pour corriger, on est à la télé publique.

Pujadas ne fait pas son travail

Face à Nicolas Sarkozy, David Pujadas s'est surpassé, endossant sans broncher le costume de Michel Droit de l'ère information 2.0.

16/12/2015

Lancée après "Charlie Hebdo", une nouvelle web série décrypte les médias avec humour et pédagogie

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Sur un ton ludique et accessible à tous, la web série "Les Clés des médias" décrypte l'information et dévoile les coulisses du journalisme et des médias. Initié par France Télévisions après les attentats de janvier, le projet est aussi ludique qu'indispensable.  "Les vidéos de chat sur Internet, ça occupe cinq minutes, mais ça n'a aucun intérêt", indique le journaliste de France Inter Bruno Duvic dans un des épisodes de la nouvelle websérie d'éducation aux médias que vient de lancer France TV Education.

La phrase est provocante, frappante, elle parle aux plus jeunes. Elle permet surtout d'illustrer l'un des premiers épisodes des "Clés des médias" intitulé "C'est quoi une info?" "Un journaliste, qu'est ce que c'est?", La pub, ça sert à quoi?", "La rumeur", "Les Youtubers", "Le droit à l'image" : en tout, "Les Clés des médias" proposent de répondre à vingt-cinq questions (neuf sont déjà en ligne) que peut se poser le public. Le projet est né après les attentats de janvier contre Charlie Hebdo, alors que la liberté d'expression avait été attaquée ou que la théorie du complot naissait ici ou là. "Il s'agit d'expliquer les mécanismes des médias, de revenir sur des notions de base, de répondre à la défiance que le public a des journalistes et d'ouvrir le débat", précise Bruno Duvic, qui a écrit l'ensemble de la série produite par la Générale de production avec FranceTV Education, Canopé, le Clemi, France Inter et Enjeux e-medias.

Chaque numéro dure deux minutes et part d'un cas concret pour expliquer les situations auxquelles les journalistes doivent faire face ou qui sont proposées aux lecteurs-auditeurs-téléspectateurs-internautes. Par exemple, voici pourquoi un accident sans victime près de chez moi prend parfois plus de place que vingt morts à l'autre bout du continent :  

Ces épisodes animés en stop motion parlent aux jeunes, mais pas seulement. Ils seront également des outils essentiels aux enseignants, puisque l'éducation aux médias est désormais une de leurs missions. "Et ce n'est pas toujours facile pour eux d'avoir la bonne réponse sur le fonctionnement des médias. Cette série constitue pour eux une vraie boîte à outils indispensable au ton décalé", indique Mathieu Jeandron, le directeur du numérique au ministère de l'Education national. En effet, le ton est souvent drôle, jamais donneur de leçon. Parce que, ainsi que conclut l'un des réalisateurs, Mathieu Decarli, "la pédagogie n'est pas forcément pénible".

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25/10/2015

Le pitoyable contenu de l’Express sous la coupe de Patrick Drahi

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En quelques mois l’hebdomadaire crée par Jean-Jacques Servan-Schreiber est devenu un journal insipide tandis que Christophe Barbier, éditorialiste et directeur de la rédaction, se conduit en avocat du MEDEF.

Semaine après semaine, il suffit de feuilleter l’hebdomadaire l’Express pour constater une dégradation permanente du contenu rédactionnel, depuis le rachat du titre par Patrick Drahi. Chaque semaine on y affiche un grand titre en couverture sur un seul sujet, lequel sujet est souvent mal pensé et mal écrit dans une rédaction que le nouveau patron veut faire fonctionner avec un minimum de journalistes.

C’est encore le cas cette semaine avec un sujet consacré à  New Yorksur 23 pages. L’actualité politique et sociale en France a pratiquement disparu tandis que trois chroniqueurs réguliers défendent les intérêts du capital en publiant des textes généralement insipides. Les autres articles relèvent davantage du publi-reportage que d’un rédactionnel journalistique. Au point qu’une motion de défiance a été votée contre le propriétaire et le directeur de la rédaction.

Subsiste toutefois la tribune hebdomadaire de Jacques Attali.

Mais ce dernier écrit davantage pour lui-même que pour les lecteurs du titre sans quitter des yeux son nombril. Il est capable de nous expliquer cette semaine comment « l’imminence du désastre » planétaire est devant nous en cinq petit points. Et de nous dire aussi comment nous pouvons éviter ce même désastre à condition de suivre ses cinq recommandations : « 1/ Lancer en le finançant par les énormes capitaux dormants, un programme massif d’investissements publics.. . 2/ Décider de dépenser avant 2025 les 100 milliards de dollars nécessaires à la satisfaction des besoins en économies d’énergie des pays du sud. 3/ mettre en place des procédures de police et de stabilité militaire par l’alliance des cinq membres du Conseil de sécurité des nations Unies. 4/ Prendre l’initiative d’un vaste dialogue des civilisations et des religions …5/ Coordonner les principales banques centrales, pour que leurs actions massives donnent aux initiatives gouvernementales le temps d’avoir de l’effet ».

Chirstophe Barbier surnommé le « Barbier le servile »

Notons enfin que l’Express garde encore un directeur de la rédaction en la personne de l’éditorialiste  Christophe Barbier. Contesté par sa rédaction, le touche à tout amoureux de théâtre et que certains ont surnommé « Barbier le servile » pour d’autres raisons, se montre effectivement de plus en plus servile envers l’homme dans la main duquel il mange désormais.

Ce qui ne l’empêche pas, au contraire, de se faire donneur de leçon en s’adressant à se lecteurs. En témoigne la lecture qu’il leur donne de l’accord sur les retraites complémentaires entre le MEDEF et certains syndicats.

Amputer la retraite de quiconque de fera pas du rab, même en chômage longue durée à plus de 62 ans est la principale nouveauté de cet accord. Sous la plume de Christophe Barbier, il n’y a plus que des avantages. Car grâce à cet accord, « le salarié qui aura cotisé assez longtemps pourra choisir un départ immédiat, mais avec une pension minorée, ou un départ différé d’un an, qui lui permettra d’en toucher l’intégralité. S’il prolonge encore son activité, sa retraite sera même améliorée. Bref, les partenaires sociaux viennent d’inventer, si l’on peut dire, « la quille gonflable ».

Qualifiant cet accord sur les retraite AGIRC et ARRCO de «gagnant-gagnant-gagnant» il nous dit aussi que « les caisses sont sauvées, les salariés récompensés et les entreprises assez peu ponctionnées». Sur sa lancée, il demande que l’on fasse de la Sécurité sociale « une voie lactée » et trace la route pour y parvenir en ces termes : « permettons à chacun de construire sa stratégie de retraite, de composer son assurance chômage et d’élaborer sa protection médicale à la carte ».

Il a de quoi être content Patrick Drahi, s’il prend le temps le lire l’Express. Pour ce qui est des lecteurs, on ne peut pas dire qu’ils en aient pour leur argent avec « Barbier le servile » devenu carpette !    

Gérard Le Puil
Vendredi, 23 Octobre, 2015
Humanite.fr
 
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19:43 Publié dans Actualités, Eclairage, Journal, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : express, barbier | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |