26/03/2020
Essai. Un économiste décortique la presse dominante
L’économie vue des médias Anatomie d’une obsession morale Michaël Lainé Éditions Le Bord de l’eau, 225 pages
À partir d’une lecture méthodique de six journaux appartenant aux grandes fortunes, Michaël Lainé met à bas le prêt-à-penser néolibéral.
Disons-le d’emblée : le titre de l’ouvrage n’est pas tout à fait adéquat au contenu. Car ce qu’analyse en réalité Michaël Lainé, membre des Économistes atterrés, ce n’est pas l’économie « dans les médias », mais dans une poignée d’entre eux. « Vu l’immensité de la tâche, il fallait faire un choix. Nous nous sommes focalisés sur la presse écrite nationale », explique-t-il dès l’avant-propos.
Mais, même à ce niveau, la sélection semble avoir été rude, puisque les seuls titres retenus sont le Figaro, le Monde, Libération, le Point, l’Express et l’Obs. Cela en exclut quelques-uns, qu’il eût été pourtant intéressant de mettre en balance, à commencer par l’Humanité, ne serait-ce que pour mieux faire ressortir la plus ou moins forte homogénéité des journaux étudiés, en matière de pensée économique. Et c’est là tout l’objet du livre. Certes, le manque de diversité pointé n’est pas en soi une surprise. En revanche, c’est certainement la première fois que cette réalité se voit quantifiée avec précision.
Michaël Lainé a lu plus de 15 000 articles, produits sur les années 2014 et 2015. Grâce à une méthodologie visant à s’approcher au maximum de l’« objectivité », et qu’on ne peut ici décrire de façon exhaustive, il recense ainsi, par exemple, 66 articles fustigeant le Code du travail, contre 13 seulement « qui le louent ». Dans le panel, « seul Libération consacre plus d’analyses pour sa défense », observe-t-il. Mais en regardant dans le détail, seuls 15,4 % des articles de ce quotidien sont franchement « pour » le Code du travail, et 30,8 % « plutôt pour ». Bien sûr, c’est toujours mieux que l’Express et le Point, où 100 % des papiers s’avèrent hostiles.
Une série d’« éclairages empiriques » ou « théoriques »
Outre cette production de données statistiques, que l’on retrouve sur bien d’autres thèmes, comme les 35 heures ou le Smic, l’ouvrage apporte une série d’« éclairages empiriques » ou « théoriques », démontant un à un tous les préjugés néolibéraux promus par une majorité de médias : le culte de l’austérité budgétaire, le dénigrement systématique des fonctionnaires (ces « privilégiés ») et de l’intervention de l’État dans les entreprises, l’invocation à tout bout de champ des contraintes de la « mondialisation » ou, sur un registre plus « moral », les saillies contre l’« assistanat » auquel conduirait notre modèle social… Bien que l’auteur porte un regard pessimiste sur l’avenir des médias, on trouvera dans son travail de solides raisons pour redoubler d’efforts dans le soutien à la presse indépendante des puissances financières.
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10/08/2019
LREM-GOUVERNEMENT-RN : MAIN BASSE SUR LES MEDIAS
Avec pas moins de 2 500 interviews, les matinales TV et radio ont accueilli en moyenne neuf invités chaque jour. Où ce sont souvent les mêmes qui trustent les places. Plus de la moitié des invités sont ministres, parlementaires LREM, membres de l'extrême droite soit 1280 exactement.
Les centaines d'heures accordées complaisamment au Président de la République dans ses nombreux passages dans les médias ne sont pas comptabilisées.
La proportionnalité politique n’est pas la même que la proportionnalité médiatique. La compilation, effectuée par le Figaro, à partir des données du site Internet Politiquemedia, des principales interviews politiques matinales dans l’audiovisuel (1) témoigne d’une écrasante surreprésentation du tandem gouvernement/majorité parlementaire.
Avec la crise des gilets jaunes, ministres et secrétaires d’État, envoyés sur les plateaux ou les studios pour diffuser les éléments de langage ou effectuer la « pédagogie des réformes », se taillent la part du lion des 2 500 passages analysés avec 745 passages en tout (+ 153 par rapport à l’année dernière). Tous médias audiovisuels confondus, le gouvernement est le plus représenté le matin sur les antennes, à raison de… deux interviews par jour en moyenne. Premier de cette classe, le ministre de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer (47 passages). Mais moins que Yannick Jadot qui, sur la même période, s’est vu invité 54 fois, à la faveur de la campagne des européennes. Troisième sur le podium, Benjamin Griveaux, comme porte-parole du gouvernement puis candidat à la Mairie de Paris. En quatrième position, figure François de Rugy, qui a écumé plateaux et studios pour se défendre, avant et après sa démission forcée du gouvernement.
Le décalage est flagrant selon l’appartenance politique
Le palmarès reflète en creux le besoin des grands médias de « bons clients » ; ainsi, le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan est… la cinquième personnalité la plus invitée durant la période étudiée (1) avec 38 passages en un peu moins d’un an, tout en ayant réalisé 3,5 % aux dernières élections européennes. Pourtant, hormis Olivier Faure (PS, 30 passages) et Stanislas Guerini (LaREM, 22), les chefs de parti n’apparaissent guère. C’est parfois une stratégie de garder la parole rare, donc solennelle. Si Jean-Luc Mélenchon, avec 2 passages, a quasiment déserté les émissions matinales, c’est le député Adrien Quatennens (31) qui est désormais la première figure médiatique des Insoumis. Année électorale, 2019 a vu l’émergence de têtes de liste nouvelles, comme Raphaël Glucksmann (13 passages), François-Xavier Bellamy (LR, 20) ou Manon Aubry (FI, 30). Les invitations, une fois l’élection passée, se sont taries…
C’est si l’on prend ces chiffres par ventilation partisane que le décalage est flagrant. Sur 2 500 passages médias, gouvernement et majorité s’en arrogent 1 062. Juste derrière, « Les Républicains » cumulent 504 passages. Puis viennent le PS, avec 197 passages, le Rassemblement national de Marine Le Pen (180 passages), la France insoumise (165 passages), EELV avec 93 invitations, et enfin le PCF, avec 56 occurrences, en dépit de posséder deux groupes parlementaires et 7 500 élus. Lesquelles invitations doivent beaucoup, si l’on regarde plus en détail, au fait qu’une campagne électorale s’est tenue. Ainsi sa tête de liste aux européennes, Ian Brossat, cumule 41 % des invitations faites au PCF.
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18/09/2018
La Fête de l’Humanité bat son record de fréquentation… et (presque) personne n’en parle, ce qui agace le PCF
La Fête de l’Humanité qui s’est déroulée à La Courneuve du 14 au 16 septembre 2018 a connu une très forte affluence battant son record avec 800 000 visiteurs. LE PCF, organisateur de l’évènement, s’étonne que la presse nationale ait accordé plus d’importance à Marine Le Pen ayant fait un discours devant 1 000 personnes.
« Ce weekend a été historique pour les militants communistes. Notre fête, la Fête de l’Humanité a explosé les compteurs en terme de participation en dépassant la barre des 800 000 visiteurs, soit 6 fois plus que les Eurockéennes de Belfort. Cette affluence fait de la Fête de l’Humanité la plus grande fête populaire de France, mais c’est aussi un évènement culturel incontournable avec plus de 60 concerts, avec un village du livre accueillant près de 200 auteurs, des spectacles vivants, des expositions… C’est aussi et surtout l’évènement politique incontournable de la rentrée avec la présence de nombreuses personnalités du monde politique, syndical, sportif ou associatif. C’est aussi la présence de stand venant de toute la France (comme le stand de la Fédération du Doubs du PCF avec ses 50 militants bénévoles), aux côtés des stands de partis progressistes du monde entier » décrit le PCF dans un communiqué.
« Nous avons vu plus de personnes sous le stand du PCF de Doubs ce week-end qu’il n’y en a eu devant Marine Le Pen »
Il explique également que « pendant ce temps, Marine Le Pen lance sa campagne européenne à Fréjus devant 1 000 personnes. Même pas un quart des militants bénévoles de la fête de l’Humanité. Il y a d’ailleurs fort à parier (même si nous n’avons pas tenu les comptes) que nous avons vu plus de personnes sous le stand du PCF de Doubs ce week-end qu’il n’y en a eu devant Marine Le Pen, et que la teneur des nos débats étaient bien plus dense politiquement que le vide idéologique du repli identitaire prôné par le Rassemblement national – (ex FN) ».
« Comment s’étonner alors que le RN sort en tête des sondages des européennes si le micro lui est tendu en permanence ? »
Le PCF a constaté qu’à la radio ou dans la presse papier/internet, « tout le monde parle de Fréjus et la Courneuve apparaît dans le meilleurs des cas dans les faits divers. » Et d’ajouter : « Comment s’étonner alors que le RN sort en tête des sondages des européennes si le micro lui est tendu en permanence ? » questionne le parti d’extrême gauche.
Il conclut : « Les communistes qui sont attachés à une presse libre et pluraliste se demandent parfois les raisons qui poussent les éditorialistes à nous écarter de l’actualité traitée par leurs journaux. »
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29/08/2018
Médias français : qui possède quoi
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Dernière mise à jour : août 2018 (v. 13)
Cette affiche prend le parti de la lisibilité plutôt que de l’exhaustivité. Y figurent des médias d’information qui « font l’opinion » et qui dépendent d’intérêts industriels ou financiers, de groupes de presse ou de l’État :
• les titres de presse écrite papier à diffusion nationale de type généraliste, économique et politique ;
• les titres de la presse quotidienne régionale ;
• la télévision nationale (et quelques chaînes de télévision locales) ;
• les canaux de radio à portée nationale ;
• certains sites d’information en ligne.
Les journaux départementaux, les titres indépendants (comme Le Canard enchaîné) ainsi que la presse dite alternative ne sont pas représentés (1). Enfin, on a limité les liens capitalistiques aux principaux actionnaires (2).
Conception : Jérémie Fabre
Documentation : Marie Beyer et Jérémie Fabre
Adaptation : Guillaume Barou, avec Boris Séméniako et Cécile Marin
Un travail en cours
Base de données publique sur GitHub.
Ce graphique est une mise à jour du poster imprimé avec le numéro de décembre 2016, lui-même une adaptation de l’infographie « Médias français : qui possède quoi ». Laquelle était déjà une refonte de la carte du Parti de la presse et de l’argent (PPA) conçue pour Le Plan B en 2007 et mise à jour à l’occasion de la sortie du documentaire Les Nouveaux Chiens de garde en 2012.
16:16 Publié dans Actualités, Informations | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médias, concentation | | del.icio.us | Imprimer | | Digg | Facebook | |