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29/09/2014

Ravier et Rachline entrent au Sénat : comment les médias ont fait la promo du FN

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Le Sénat a basculé de gauche à droite, mais ce sont les deux élus Front national, Stéphane Ravier à Marseille et David Rachline dans le Var qui ont raflé la mise : radios et télés d’infos leur ont offert une banalisation sur tapis rouge. Mais pour notre chroniqueur Olivier Picard, cette arrivée "historique" du FN au Sénat n'est pas anecdotique.

Au terme de ce palpitant dimanche de sénatoriales, il n’est pas sûr que les Français sachent mieux définir à quoi sert vraiment le Sénat. Mais ils savent parfaitement que cette "haute assemblée", si lointaine, dont on a montré à satiété les magnifiques plafonds dorés et les lustres éclatants, comprend désormais deux membres du Front national.

La deuxième chambre du Parlement a basculé de gauche à droite, mais la petite musique télévisuelle de la soirée électorale n’a célébré que deux vrais vainqueurs : le maire FN de Fréjus, David Rachline et le maire du 7e secteur de Marseille, Stéphane Ravier.

L'entrée du FN n'est pas anecdotique

Ces deux-là, impossible de les rater. N’étaient-ils pas les noms et les visages d’une "percée", d’une "entrée fracassante", d’une "poussée historique" du parti d’extrême-droite, à en croire les titres des chaînes et des radios d’info ? Certains commentateurs n’ont même pas pris la peine de nuancer cette terminologie pompière sans même s’apercevoir qu’elle aurait pu être décalquée sur les déclarations de triomphe de Marine Le Pen.

Il ne s’agit pas de minimiser ou d’occulter le bon résultat des deux élus frontistes : le nombre de leurs voix a été bien supérieur à la comptabilité de leur électorat propre et il semble assez évident que dans le Var comme dans les Bouches-du-Rhône, ils sont parvenus à récupérer les suffrages de maires divers droite revenus de tout et saisis par le frisson d’essayer du neuf.

Même si elles ont été acquises dans deux départements où le FN dispose depuis plus de 25 ans d’une implantation et d’une influence fortes, ces victoires sont donc loin d’être anecdotiques, et loin d’être simplement "mécaniques". Il fallait évidemment parler de cette peu rassurante banalisation.

La fascination morbide des médias pour le FN

C’est la facilité avec laquelle les journalistes ont intégré les frontistes dans leurs schémas et autres commentaires passe-partout, qui pose problème. Une fois de plus, malgré quelques belles tentatives pour "ne pas donner plus d’importance que ça" à l’élection de deux sénateurs pas comme les autres sur 348 que compte le Sénat (Sonia Mabrouk sur Europe 1), les médias ont une fois de plus cédé à la fascination morbide pour l’inexorable progression du Front.

Toujours fans d’intensité, ils ont placé cet "événement" au cœur des vibrations de la journée. Très sollicité, Stéphane Ravier a ainsi eu tout le loisir de montrer à la France entière combien il était respectable et bien comme il faut.

Quant à David Rachline, on a répété à l’envi son "jeune âge" – "seulement 26 ans" – (et tant pis s’il en fait quinze de plus) comme une performance. Tapis rouge pour "le benjamin" de la vénérable assemblée. Il ne restait plus à Marine Le Pen de rappeler qu’il y apporterait "un vent de fraîcheur"…

Des élus traités avec indulgence

Aucune question un peu gênante, un peu "urticante" pour reprendre un adjectif très frais de Le Pen-père, n’a été posée à l’un comme à l’autre sur la considération très limitée qu’ils portaient jusque-là aux vertus de la démocratie représentative. Eux avaient l’air ravis à l’idée de pénétrer en vainqueurs dans ce temple de la république UMPS qu’ils passent leurs journées à conchier. Qui le leur a fait remarquer ?

Qui les a charriés – ne serait-ce qu’un peu – sur leur si rapide embourgeoisement ? Ils ne sont pas élus maires depuis six mois que les voilà déjà cumulards ! Une conversion spectaculaire aux us et coutumes de ce "système politique usé et corrompu" qu’ils ne cessent de traîner dans la boue.

Mais qui les a placés en face de cette contradiction ? Qui leur a tendu le miroir dans lequel se reflète une avidité pour les postes qui n’a rien à envier à celle des vieux briscards du palais Bourbon ou du palais du Luxembourg ?

Ces élus très spéciaux ont au contraire bénéficié du traitement très ordinaire et finalement très indulgent réservé par la presse aux professionnels de la profession politique qui nous ont abreuvé toute la soirée d’"effet mécanique", de "sénateurs qui n’aiment pas que l’on s’immisce dans leurs affaires" (sic) de chambre de "résistance".

Un festival de formules toutes faites, de jeu d’esquives et de postures qui non seulement n’auront pas rehaussé l’image cacochyme du Sénat mais fait un peu plus le lit d’un antiparlementarisme rampant.

Un dimanche bleu-marine

Il ne manquait que les micros tendus généreusement aux deux promoteurs de la démocratie directe et du référendum (la seule vraie voix du peuple…) que sont les tout neufs élus frontistes pour que le tableau de ce dimanche sénatorial soit dans les tons bleu-marine.

Ajoutez à cela les excuses trouvées par avance par les trois candidats de l’UMP à la présidence du Sénat aux élus de droite qui auraient voté FN (les pauvres, ils sont "désorientés") pour que les deux représentants du Front se sentent finalement plutôt à l’aise sur les moquettes épaisses avant même de les fouler. Tellement à l’aise que Ravier a déclaré qu’il ne "leur manquait plus qu’une porte à pousser, celle de l’Élysée…".

En attendant, ils n’ont pas eu à forcer celle des médias et encore moins à pénétrer par effraction dans leur univers. Ils y sont désormais les bienvenus. Ne garantissent-ils pas le spectacle en échange d’une promo gratuite assurée ?

Avatar de Olivier Picard

Par 
Chroniqueur politique Nouvel Obs

24/08/2013

La France sous dictature médiatique

	l'humanité, crise de la presse, pluralisme, c'est un monde

C'est un monde, la chronique de José Fort. Une liberté fondamentale – le droit à l’information honnête et pluraliste – va être une nouvelle fois mise à mal à la rentrée par les principaux médias français.

Un système spécieux se met en place avec la complicité de la droite, du gouvernement socialiste, du patronat et des puissances de l’argent. Les représentants des organes de presse dépendant de Lagardère, Dassault, Berger et quelques autres vont rafler tous les postes de chroniqueurs sur les radios et les télévisions privées et publiques.

Le Nouvel Obs, le Point, l’Express, le Figaro, le Figaro Magazine, Valeurs actuelles etc. auront table ouverte avec pour caution de gauche « Marianne » et « Mediapart ». Vous retrouverez les mêmes Barbier,  Joffrin, Domenach, Plenel… Avec des petits nouveaux : l’ancienne patronne du Medef, Laurence Parisot et l’actionnaire du « Monde » Pierre Berger. Quant à la presse de gauche, la vraie gauche, comme « l’Humanité » ou « Politis », rien, nada. Elle n’existe pas.

Ainsi va la liberté de l’information dont se gaussent les personnes citées plus haut. L’affaire n’est pas nouvelle. Mais attention : nous sommes entrés totalement dans un nouveau temps, celui de la dictature médiatique.

José Fort

29/05/2013

Le printemps des chroniqueurs économiques

bfm.jpgpar Mathias Reymond, Acrimed, le 29 mai 2013

Comme nous le soulignions déjà en décembre 2012, les chroniqueurs économiques des grands médias audiovisuels sont interchangeables [1] : ils partagent les mêmes points de vue sur « l’urgence des réformes » (forcément libérales), sur « le rôle de l’État » (forcément trop gourmand), sur « l’Allemagne » (forcément paradisiaque) et sur « la mondialisation » (forcément heureuse). Les crises à répétition, les défaillances d’un système économique et financier qui s’essoufle, l’échec des politiques d’austérité n’y font rien : les mêmes – toujours les mêmes – continuent de pérorer sans plier. Pendant que le printemps se fait attendre, les chroniqueurs économiques, eux, se font entendre…

Les médias de masse (radio et télévision) ne sont pas censés jouer le rôle de prescription que joue la presse écrite qui est aussi souvent une presse d’opinion. Pourtant, dès qu’il est question d’économie, le journalisme devient commentaire. Et l’éditorialiste se transforme en partisan. Partisan de l’économie de marché, de l’économie déréglementée et de l’Europe libérale…

Les réformes, toujours...

Comme toujours, le dénominateur commun des chroniqueurs économiques est l’enthousiasme effréné pour les réformes qui se traduisent toujours par moins d’État et plus de marché. Ainsi, sur Europe 1, Éric Le Boucher donne le « la » en faisant état des chantiers qui attendent la France pour les années à venir :« réforme des retraites, baisse des dépenses de santé, recul des crédits aux collectivités locales et surtout plus de réformes structurelles pour la compétitivité. » (6 mai 2013)

Pour relancer l’économie française, Nicolas Doze sur BFMTV suggère naturellement de « réduire les prélèvements obligatoires. » Et prévient : « ce n’est plus possible de reculer sur les trois réformes attendues et exigées par le reste de l’Europe : réforme sur le marché du travail et sa rigidité ; réforme sur les retraites ; réforme de la libéralisation des professions qui sont encore sous numerus clausus. » (15 mai) La partition est exactement la même sur la chaîne concurrente I-Télé où Jérôme Libeskind préconise donc « de dépenser moins, de taxer moins. » (17 avril) Original...

Même son de cloche sur les autres radios généralistes. Le chroniqueur matinal de France Inter, Dominique Seux, s’inquiète d’un risque d’overdose de la France : « les dépenses publiques, si rien n’est fait, seront en 2014, pour la première fois, les plus élevées des 27 pays européens, au-dessus du Danemark, à plus de 57% du PIB. À ce niveau, ce n’est plus de l’aspirine, c’est de la morphine, c’est-à-dire une drogue. » (6 mai) Et sur RTL, Christian Menanteau pratique un copier-coller exemplaire : « Il va falloir apprendre à gérer sobrement, reformer les prestations sociales, les retraites, les allocations chômage et ça va être d’autant plus indispensable que la corde de rappel allemande ne va pas disparaître. » (6 mai)

On l’aura compris, les réformes libérales sont plus que nécessaire pour tendre vers le modèle allemand.

L’Allemagne, encore...

La rigueur allemande est régulièrement donnée en exemple par les commentateurs de l’économie. Sur Europe 1, Axel de Tarlé incite François Hollande à suivre l’exemple de Gerhard Schröder - « on va voir maintenant si François Hollande aura le même courage » (24 mai) dit-il – en le conseillant sur les réformes à faire dans le cadre de l’assurance-chômage : « Gerhard Schröder en 2005 a réduit de moitié l’indemnisation du chômage à un an contre deux ans en France. Résultat : en Allemagne les entreprises payent deux fois moins de cotisations donc oui elles sont plus fortes et oui les entreprises créent plus d’emplois. Franchement, au point où il en est, François Hollande a tout intérêt maintenant à suivre cette voie qui a fait ses preuves. »

Des preuves qui ne seront nullement contestées par Éric le Boucher : « On peut les soupçonner [les socialistes qui critiquent l’Allemagne] de vouloir, comme leur aile gauche, un abandon de la rigueur au profit d’un retour à la politique menée depuis trente ans d’un nouvel endettement national ou européen. » (29 avril) Mais, ajoute-t-il, « le parti au pouvoir entretient les illusions d’hier : relance des dépenses publiques et attente de la sortie de crise par les autres – par les Allemands, par l’Europe, par l’extérieur. Mais hélas, les problèmes de la France sont français, ils ne sont pas allemands, la compétitivité ne viendra des réformes qu’en France pas en Allemagne. » (29 avril)

Pour que la sauce de la relance prenne, un subtil mélange s’impose : moins d’État, plus d’Allemagne et surtout un blanc-seing pour le patronat.

Les patrons, évidemment...

Le candidat François Hollande voulait encadrer les salaires des grands patrons, mais le gouvernement Ayrault est revenu à la raison : le patrons ne seront pas accablés. Le chœur des chroniqueurs pousse un « ouf ! » de soulagement.

Sur I-télé, Jérôme Libeskind prend la défense des chefs d’entreprise car le moment de les incommoder est mal choisi : « Si le gouvernement avait décidé en plus de légiférer sur la rémunération des patrons, et bien, il aurait à nouveau brouillé ses relations avec les entreprises et leurs dirigeants, et ce n’est pas franchement le moment. » (24 mai) Son collègue de BFMTV, Nicolas Doze – qui avait flairé avec ce projet l’entrée des chars soviétiques dans Paris – approuve le renoncement de Pierre Moscovici : « Passer par la loi sur ce sujet, ça n’a aucun sens. Contrôler les prix, contrôler les salaires, c’est complètement fossilisé comme politique. (…) » (27 mai) Cela aurait été « une loi complètement anachronique. »

Derrière toutes ces analyses, il n’y aurait pas d’idéologie. Tout cela résulterait du bon sens et ne serait teinté d’aucune arrière-pensée politique. Que dire alors quand Axel de Tarlé fait sa chronique sur « l’explosion abusive des arrêts maladie en dix ans » (25 avril). Pour lui cela ne fait pas de doute : il y a de « l’abus ». Pourquoi serions-nous plus malade aujourd’hui qu’il y a dix ans ? » s’interroge-t-il, avant d’insister : « Il y a de l’abus partout, y compris dans le privé ! ». Mais si de Tarlé s’était donné la peine de lire l’ensemble du rapport qu’il cite, il aurait vu que la population active vieillit, que le temps de travail s’allonge et qu’entre « 2008 et 2011, les salariés de plus de 50 ans ayant bénéficié d’un arrêt-maladie ont augmenté de 8,5 %, soit un rythme plus soutenu que celui du nombre total d’arrêts (+1,4 %) » [2]. De plus, « la durée des absences s’accroît avec l’âge : en moyenne, elle est 3,5 fois plus importante pour les salariés de plus de 60 ans que pour ceux de 30 ans.  » [3].

Que penser également de la chronique de Bruce de Galzain « l’éco du jour », sur France Inter, qui prend le parti du libéralisme, le vrai. En effet, il salue la sortie d’un livre de Daniel Tourre (membre du parti Alternative libérale) qui veut combattre les clichés du libéralisme en France : « L’ouvrage est documenté, abordable, drôle ; pas prosélyte, didactique ! Et lorsque l’on demande à Daniel Tourre pourquoi le libéralisme est tant décrié en France, il prend sa part de responsabilité : il y a bien sûr l’omnipotence de l’État-nounou selon lui, la religion de l’État-Dieu qui ne laisse pas beaucoup de place (…) » (10 mai)

***

Toutes ces chroniques sont construites sur le même modèle : plutôt que d’informer sur l’état de l’économie ou du débat économique, leurs auteurs, pourtant journalistes de profession, se contentent, semaine après semaine, de faire valoir leur opinions tout en se faisant juges et prescripteurs des politiques économiques nécessaires à la France.

Et dès lors que tous ces chroniqueurs professent, à quelques nuances infimes près, le même libéralisme échevelé, six semaines (seulement) de leurs élucubrations dans les médias dominants se résument à un seul et même petit refrain, monotone et entêtant, celui du marché… Et tant pis pour l’objectivité journalistique, le pluralisme médiatique et le débat démocratique !

Mathias Reymond

Notes

[1] Lire « Le chœurs des chroniqueurs économiques des ondes.

[2] Le Monde, 25 avril 2013.

[3] Ibid.

03/04/2013

ACTUSe - VIDEO : CAHUZAC - APATHIE : L'AMOUR SERVILE


Le Billet de Sophia Aram par franceinter

Dans une chronique epoustouflante la chroniqueuse de France Inter, Sophia Aram décortique les rapports des journalistes à propos de l'affaire Cahuzac et en particulier l'attitude servile de Apathie.

 

APATHIE, JOURNALISTE SERVILE

sofia aram,apathie,cahuzacC'est une petit affaire dans la grande affaire. Pendant les quelques quatre mois d'enquêtes menées par Mediapart sur la fraude fiscale de Jérôme Cahuzac, le chroniqueur politique Jean-Michel Aphatie n'a cessé de remettre en cause les méthodes du site d'investigation, estimant que l'enquête n'était pas sérieuse et que le site se "substituait aux autorités judiciaires". Après les aveux de l'ancien ministre du budget mardi 2 avril, qui donnent raison au site fondé par Edwy Plenel, Jean-Michel Aphatie n'a exprimé aucun regret. "On m'accuse d'avoir défendu les puissants dans cette affaire, alors que j'ai défendu une conception du journalisme", se justifie-t-il dans une interview à Télérama.

"Je suis le seul kamikaze à m'être interrogé sur le travail de Mediapart, dont l'enquête publiée le 4 décembre était selon moi inaboutie", explique Jean-Michel Aphatie, qui officie sur Canal + et RTL. S'il reconnaît qu'il est "logique que tout le monde [lui] tombe dessus maintenant", le chroniqueur "estime que [sa] crédibilité n'est absolument pas remise en cause". Il admet avoir donné plus de crédit à la parole de Jérôme Cahuzac qu'à l'enquête de Mediapart, parce que "nos représentants publics ont une présomption de moralité". Mais "Jérôme Cahuzac est un menteur comme je n'en ai jamais vu" avoue Jean-Michel Aphatie.

 
 

Dans sa chronique quotidienne sur Canal +, l'éditorialiste a dû évidemment s'exprimer sur l'affaire Cahuzac. Face à Louis-Marie Horeau, rédacteur en chef du Canard Enchaîné, l'hebdomadaire qui a annoncé que l'ex-ministre était passé aux aveux, Jean-Michel Aphatie a évoqué "une crise dans un pays qui n'a pas confiance." "Voir un élu mentir au Parlement. C'est une crise morale. C'est une éclaboussure pour tout le monde", a-t-il conclu, avant de prédire "une élection partielle à Villeneuve-sur-Lot très vite". Pas un mot en revanche sur son conflit avec Mediapart.

Article publié par le journal Le Monde

11:51 Publié dans ACTUSe-Vidéos, Manipulation, Radio, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sofia aram, apathie, cahuzac | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |