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09/09/2015

M6 se prosterne aux pieds du patronat

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The Apprentice. M6. 20 h 55. Lancée en 2004 aux États-Unis avec le peu recommandable Donald Trump, l’émission de télé-réalité The Apprentice débarque sur M6 ce soir. Et les bras nous en tombent.

M6 est en guerre. Une guerre idéologique, sous couvert de divertissement. Les téléspectateurs avaient déjà pu éprouver cela avec Patron incognito, où des dirigeants d’entreprise allaient espionner leurs salariés en s’auto-embauchant comme grouillots. Ce soir, débute The Apprentice, un format lancé en 2004 aux États-Unis par le très conservateur Donald Trump. Le concept : un patron cherche un employé modèle. Il recrute seize candidats, à égalité entre hommes et femmes, pour décrocher un CDI. Les candidats désignent les plus faibles d’entre eux au patron tout-puissant, jusqu’au dernier, qui décroche le fameux contrat. Les équipes sont composées d’un côté de filles, de l’autre côté de garçons, histoire de bien appuyer sur tous les clichés possibles.

Donc, si l’on récapitule : la télévision autorise des patrons à pratiquer ce qui est interdit dans le Code du travail, à savoir organiser un concours pour décrocher un boulot. Les candidats fournissent du travail gratuit, ce qui est encore interdit. L’avocat Jérémie Assous avait prédit en 2009, dans nos colonnes, que la télé-réalité prendrait ce tournant, après avoir exploré les terrains de l’intimité et du quotidien.

Que voit-on dans The Apprentice ? Des candidats qui vont monter un service de pressing en vingt-quatre heures ou vendre 100 kg de poisson, prêts à tout pour décrocher le job. Même à renoncer à toute dignité. Comme cette jeune femme qui dit se sentir comme « une petite fille » face à son patron. Ou cet autre pour qui « le bonheur, c’est faire du chiffre ».

Toute l’émission reprend une terminologie qu’on nous sert depuis des années : se vendre pour décrocher un job, c’est quasi normal. Le discours en voix off de M6 est aussi rythmé par des appels à « briser les tabous » ou les « stéréotypes ».

En gros, pourquoi vous enquiquiner avec le Code du travail, chers patrons ? Pourquoi vous embêter avec les syndicats, alors que vous pourriez exploiter vos salariés comme des esclaves, et qu’en plus, ils pourraient vous en être reconnaissants ? Syndicat, respect du salarié, paiement des heures effectuées : pour M6, c’est en option. Reste une logique immonde, où il est normal de se faire exploiter et humilier, et où l’individualisme forcené remplace la solidarité.

À vomir.

Caroline Constant
Mercredi, 9 Septembre, 2015
L'Humanité
 
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16:52 Publié dans Actualités, Informations, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : m6, patronat, propagande | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

16/11/2013

La folle escalade des faits divers dans les journaux télévisés

marseille, csa, tf1, france 2, jean-claude gaudin, canal plus, chronique médiatique de claude baudry, arte, france 3, m6, journaux télévisés, faits divers,Selon le baromètre thématique trimestriel INA Stat, la présence des faits divers dans les journaux télévisés du soir a augmenté de 73% entre 2002 et 2012.

Cette semaine, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pestait contre ces médias qui font passer Marseille pour «la capitale du crime». Il s’est même fendu d’une lettre au CSA pour dénoncer ce traitement. Pour lui, « la ville subit un procès à charge permanent dans un grand nombre de médias et en particulier à la télévision ».

Étonnement dans les rédactions visées, où l’on évoque l’information sur ces règlements de comptes qui se sont déroulés sur fond de trafic de drogue à Marseille. Cette semaine encore, l’INA a publié son baromètre thématique trimestriel INA Stat, sur les journaux télévisés du soir, d’où il ressort que la présence des faits divers y a depuis dix ans augmenté de 73 %. Vous avez bien lu. Comme si 2002 et le visage tuméfié de papy Voise avec les dégâts politiques que l’on sait n’avait pas suffi.

Rarement l’expression «à qui profite le crime?» n’a pas paru si pertinente. Dans cette étude à consulter ci-dessous, INA Stat note qu’avec «plus de cinq sujets en moyenne par jour, les faits divers occupent une place de plus en plus grande dans les JT (éditions du soir de TF1, F2, F3, Canal Plus, M6 et Arte) qui, en 2012, leur consacrent 2 062 sujets contre 1 191 il y a dix ans, soit +73%».

M6 en pointe

Toutes les chaînes cependant ne leur accordent pas la même importance. S’ils sont quasi absents d’Arte (38 sujets en 2012), ils s’imposent sur M6, qui diffuse un quart de l’ensemble des faits divers de 2012 et leur réserve 9,4 % de son JT. Ils pèsent 6,2 % de l’offre de TF1 et 5,5 % de celle de F2. Ils occupent 7,6 % des JT de F3 mais 4,6 % du JT de Canal Plus. Quelle que soit la chaîne, ce sont d’abord les actes de violence contre les personnes qui sont relatés, représentant plus d’un sujet sur deux (1 041 sujets). Et ce sont surtout les faits divers impliquant des enfants ou des adolescents qui sont exposés : ils occupent 30 % de la rubrique (611 sujets).

Mauvaise nouvelle

Enfin, l’actualité heureuse est rarement exposée: «Seuls 5,5 % des faits divers relatent une bonne nouvelle », note le baromètre. Seul repli en 2005, la rubrique passe sous la barre des 1 000 sujets, année marquée par deux catastrophes naturelles majeures qui occupent l’espace médiatique – le tsunami en Asie du Sud-Est et le cyclone Katrina aux États-Unis. Les chiffres sont têtus. Tenez, celui-ci, qui n’a bien évidement rien à voir : pour la seule semaine du 6 au 12 juillet, c’est le rythme de l’été, TF1 a programmé en soirée 29 épisodes de séries américaines et 8 en journée ! 37 fois les Experts en tous genres et autres Esprits criminels. Et pour changer : une série française de la chaîne : Section de recherche…

La chronique médiatique par Claude Baudry dans l'Humanité