Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

17/12/2019

Grève des transports : France 2 n’est jamais fatiguée des usagers fatigués

Delahouse.png

Tous les soirs à 20 heures, France 2 documente la fatigue et l’inquiétude des usagers des transports et des trottoirs. Sur BFMTV, on continue de considérer que “les Français” ne sont pas concernés par la réforme des retraites, seulement par les fêtes de fin d’année.

« A la une, neuvième jour de grève, le gros coup de fatigue des usagers », déplore Laurent Delahousse vendredi. Le 20 heures de France 2, lui, n’est pas fatigué de réaliser chaque jour les mêmes reportages sur la fatigue des usagers. « Les usagers, notamment en Ile-de-France, développe le présentateur, commencent à montrer des signes de grosse fatigue. » Certains s’endorment même devant le JT. « Les annonces d’aucune trêve durant les fêtes de Noël par certains syndicats fragilisent encore la situation. » Euh… pardon ? Les annonces fatiguent les usagers par anticipation ? Le pouvoir de nuisance des syndicats est proprement surnaturel.

« Ce soir, décrit la reporter, la scène se répète. » Comme tous les soirs au JT. « Bousculade et panique pour entrer dans le RER. Comme dans une fourmilière. » Et comme tous les soirs au JT. « Ce matin, pour accéder aux quais du métro bondé, il fallait attendre son tour. Les nerfs de certains lâchent. » « La grève, pourquoi ?! Les bâtards ! », hurle le voyageur d’une vidéo amateur. « Pour d’autres, c’est l’épuisement. » Paroles d’usagers : « Tout le monde est fatigué, tout le monde galère. » « On est au bout du rouleau. On a envie de faire un arrêt de travail. »

« Transports en commun saturés, embouteillages permanents…, gémit la journaliste. Pour ceux qui arrivent au bureau, c’est aussi l’épuisement. » Euh… pardon ? Ceux qui sont épuisés par le trajet jusqu’au boulot sont aussi épuisés au bureau ? C’est incompréhensible. Normalement, le seul fait de se mettre au service de son employeur suffit à gommer toute fatigue. « Pour cette directrice des ressources humaines, il faut revoir toute l’organisation. » Pour toute directrice des ressources humaines, les salariés sont des « collaborateurs » : « Les collaborateurs rentrent plus tôt, partent plus tard. » Il faudrait savoir. « Et il y a aussi la fatigue morale. » Les « collaborateurs » sont morts d’inquiétude à l’idée que les syndicats pourraient les priver d’une réforme qui ne fera que des gagnants.

« Des salariés assommés, épuisés », insiste la journaliste de France 2, qui s’épuise à répéter le mot « épuisé ». « Ils sont désormais de plus en plus nombreux à poser des arrêts maladie. » Euh… pardon ? Sur France 2, on « pose » des arrêts maladie ? Même pas besoin de consulter un médecin ? « C’est ce que remarque ce médecin depuis quelques jours. » Je ne comprends plus. « J’ai constaté des patients fatigués, exténués par les transports, les 600 kilomètres de bouchons… » Si ses patients parcourent 600 kilomètres de bouchons par jour, je comprends qu’ils soient exténués. « Ils sont venus me solliciter pour demander soit des vitamines, soit des arrêts de travail. » Qu’ils pourront ensuite « poser » à leur guise.

« Malgré la fin de la semaine, le week-end est loin de s’annoncer de tout repos, désespère la reporter. En pleines courses de Noël, la situation dans les transports restera compliquée. » Les consommateurs épuisés poseront-ils des arrêts maladie pour échapper aux courses de Noël ?

« Une séquence de bras de fer social qui pousse de nombreuses personnes à s’élancer à pied pour rejoindre leur travail, reprend Laurent Delahousse. Un itinéraire que nous avons effectué aujourd’hui à Paris aux côtés de plusieurs salariés. » Euh… pardon ? Un itinéraire de bras de fer à pied ? Le reportage est titré « Grève des transports : à marche forcée » — à défaut de « marche ou crève ».

« Voilà un moyen de transport sur lequel on peut compter : ses pieds, assure la reporter. Ce matin, ils étaient nombreux à arpenter pour aller travailler. » Pour l’occasion, arpenter est devenu un verbe intransitif. « Les moins sportifs battent des records. » Une marcheuse montre une application sur son téléphone : « Pour mercredi, 11 442 pas. » « Ah tout de même ! », s’exclame la journaliste. Rappelons que la moyenne conseillée par les autorités de santé est de 10 000 pas par jour. « Pour jeudi, ça indique 9,3 kilomètres. » « 9 kilomètres à pied, c’est ce que vous faites d’habitude ? » « Non, pas du tout. Mais ça va faire grand plaisir à mon médecin généraliste quand je vais lui dire. » Ce ne doit pas être le médecin du reportage précédent.

« Une séance de sport dont se serait bien passé ce jeune homme qui travaille de nuit dans la restauration. » « J’en ai pour trente minutes alors que j’en ai pour cinq minutes en RER donc ça me fatigue. » Trente minutes de marche ? Un calvaire. « Nous accompagnons Julie, elle s’apprête à marcher quarante-cinq minutes… Et gare aux embouteillages de trottoir. » Avec 1 450 kilomètres, le record des bouchons de trottoir a d’ailleurs été battu la semaine dernière à Paris. « La journée sera longue, conclut la reporter. Alors, une fois arrivés au travail, ceux qui se sont équipés pour utiliser leurs pieds doivent savoir aussi les récompenser. » La voici qui enfile des pantoufles.

Ça me fait tout drôle de voir réapparaître Laurent Delahousse en sachant désormais qu’il porte des pantoufles sous la table du 20 heures. « Jean-Pierre Farandou, le nouveau pdg de la SNCF, demande aux grévistes de faire un pause durant les fêtes. » Et de reporter leur grève après l’adoption de la réforme.

Le 20 heures consent tout de même un reportage dans les familles de deux grévistes de la SNCF pour documenter leurs propres sacrifices. Puis Laurent Delahousse évoque la réforme elle-même. « L’un des reproches fait à l’exécutif concerne le flou, l’absence de pédagogie qui entoure cette réforme complexe. » Avec un peu de pédagogie, les grévistes reprendraient immédiatement le travail. « La valeur du point de ce système par points mérite bien justement un petit point. » Le présentateur ne lésine point sur les points.

Ça me fait tout drôle de voir réapparaître Laurent Delahousse en sachant désormais qu’il porte des pantoufles sous la table du 20 heures. « Jean-Pierre Farandou, le nouveau pdg de la SNCF, demande aux grévistes de faire un pause durant les fêtes. » Et de reporter leur grève après l’adoption de la réforme.

Le 20 heures consent tout de même un reportage dans les familles de deux grévistes de la SNCF pour documenter leurs propres sacrifices. Puis Laurent Delahousse évoque la réforme elle-même. « L’un des reproches fait à l’exécutif concerne le flou, l’absence de pédagogie qui entoure cette réforme complexe. » Avec un peu de pédagogie, les grévistes reprendraient immédiatement le travail. « La valeur du point de ce système par points mérite bien justement un petit point. » Le présentateur ne lésine point sur les points.

« À la une ce soir, récidive Laurent Delahousse le lendemain, la grève ou la trêve pour les fêtes de Noël ? » Le titre questionne : « Grève, y aura-t-il des trains à Noël ? » Curieusement, il ne demande pas s’il y aura toujours une réforme des retraire à Noël. « Une incertitude qui inquiète les usagers, les commerçants et qui pèse sur le gouvernement. » Mais pas sur les grévistes, qui ne fêtent pas Noël.

« On commence par des images qui suscitent depuis quelques heures beaucoup de réactions et d’indignation, propose Laurent Delahousse. Que s’est-il passé à Saint-Ouen, dans l’enceinte du stade du Red Star ? L’ex-championne du monde de natation et vice-championne olympique devenue ministre, Roxana Maracineanu, assistait à la rencontre de football à titre privé. Un attroupement se forme, les insultes pleuvent, la forçant à quitter le stade. » « Tout dérape », témoigne le reporter. A mon avis, la ministre a été victime d’usagers excédés et fatigués de devoir aller jusqu’au stade à pied.

Laurent Delahousse travaille sa transition : « Une affaire qui résonne dans un contexte de colère et de questionnement sur l’avenir et l’impact du conflit des retraites. » La colère et le questionnement des usagers, bien sûr, mais pas seulement : « C’est un scénario que les commerçants redoutaient qui se dessine depuis quarante-huit heures. » Pauvres commerçants, principaux bénéficiaires de la compassion de France 2 qui leur consacre de nombreux sujets mais néglige les travailleurs précaires et sous-payés des lointaines banlieues dont le salaire sera amputé des heures de travail manquées, comme le notait Arrêt sur images. « Moins 30 % de fréquentation dans les magasins, rapporte une journaliste. Le représentant des petits commerçants tire la sonnette d’alarme. » Pour pouvoir la tirer, il a au moins réussi à monter dans un train ou un métro.

« À huit jours des vacances, reprend Laurent Delahousse, le bras de fer se durcit entre gouvernement et syndicats sur la question d’une potentielle trêve de Noël. Entre les deux, les usagers eux voient l’échéance arriver avec inquiétude. » Paroles d’usagers aussi inquiets que fatigués (d’être inquiets). « Hier, dans une vidéo interne, le nouveau patron de la SNCF a lancé un appel aux grévistes. » Pour leur demander de repousser leur grève après l’adoption de la réforme.

« Autre secteur économique qui suit de près la situation, alerte Laurent Delahousse, c’est celui du tourisme et particulièrement celui des stations de sports d’hiver. » Un secteur qui passionne aussi intensément les JT autant qu’il concerne une infime minorité de Français (seulement 7 % d’entre eux partent en vacances d’hiver au moins un an sur deux). « Elles jouent gros et justement les perturbations sur le trafic ferroviaire sont le socle des réservations. » Euh… pardon ? Les perturbations du trafic ferroviaire sont le socle des réservations ? Pourvu qu’il y ait beaucoup de perturbations afin d’assurer un bon niveau de réservations. À La Plagne, le reporter interroge notamment de pauvres propriétaires de logements et un modeste couple qui a réussi à parvenir jusqu’à la station mais qui ne sait s’il pourra en repartir.

Le dimanche soir, c’est au tour du présentateur de BFMTV Gilane Barret de proposer : « Parlons de la vie des Français. » Mais pas de n’importe quels Français « C’est une nouvelle semaine très compliquée qui s’ouvre pour les Français. » Rappelons que les grévistes, les manifestants et les personnes concernées par la réforme des retraites ne sont pas français. « La paralysie dans les transports se poursuit. Les Français déjà fatigués et même énervés vont devoir faire avec. » La parole est aux Français fatigués et énervés.

« Question pratique, que peut faire un gouvernement face à une telle grève pendant les fêtes ?, interroge Gilane Barret. Est-ce qu’il peut aller plus loin dans des réquisitions ? » Envoyer l’armée pour mettre les conducteurs dans leurs trains ? « Est-ce qu’il en fait assez pour assurer les meilleures fêtes possibles aux Français ? » Rappelons que, n’étant pas français, les grévistes, les manifestants et les personnes concernées par la réforme des retraites ne fêtent pas Noël.

Michel Sapin, un invité de saison, répond : « Si le gouvernement avait voulu éviter ce problème au moment des fêtes, il ne fallait pas faire une annonce qui était une agression pour la totalité de syndicats juste avant les fêtes. » « Donc, erreur de timing, déduit Gilane Barret. Il fallait faire ça en janvier ? » Ou, mieux, le 3 août. « Est-ce qu’il faut faire une trêve de cette grève… ou bien une trêve de la réforme jusqu’en janvier ? » « Laurent Berger a la bonne attitude, juge Michel Sapin. Il dit que son objectif n’est pas d’embêter les gens à Noël. » Il a même réclamé ce lundi matin une trêve pour les fêtes (comme le gouvernement). Et assuré qu’il désirait continuer à travailler avec Jean-Paul Delevoye (comme le gouvernement)… quelques heures avant que le haut-commissaire démissionne.

Michel Sapin, comme Laurent Berger, milite pour la suppression de « cette histoire de l’âge pivot ». « La CGT voudra quand même continuer », désespère Gilane Barret. Et de conclure : « Ne manquez pas mardi notre émission spéciale sur BFMTV : “La grève, jusqu’à quand ?” Bonne question. » On ne se lasse pas de la poser. Le titre de la précédente émission spéciale de BFMTV, mercredi dernier, était « Grève, stop ou encore ? » Curieusement, la chaîne ne titre jamais « Réforme de retraites, stop ou encore ? » ni « Réforme des retraites, jusqu’à quand ? »

La pub déboule. Message de prévention du gouvernement : « Dans la vie, il y a des moments qui comptent plus que d’autres. (…) Des moments où l’on décide d’être son propre patron. (…) On a tous une bonne raison de faire le test du VIH et des infections sexuellement transmissibles. » Se faire dépister parce qu’on crée son entreprise ? Je ne vois pas bien le rapport. Jusqu’où va se nicher le mythe de la start-up nation dans laquelle chacun est entrepreneur de soi-même — et de sa retraite…

Sources Samuel Gontier Télérama

09/09/2015

M6 se prosterne aux pieds du patronat

m6_1.jpg

The Apprentice. M6. 20 h 55. Lancée en 2004 aux États-Unis avec le peu recommandable Donald Trump, l’émission de télé-réalité The Apprentice débarque sur M6 ce soir. Et les bras nous en tombent.

M6 est en guerre. Une guerre idéologique, sous couvert de divertissement. Les téléspectateurs avaient déjà pu éprouver cela avec Patron incognito, où des dirigeants d’entreprise allaient espionner leurs salariés en s’auto-embauchant comme grouillots. Ce soir, débute The Apprentice, un format lancé en 2004 aux États-Unis par le très conservateur Donald Trump. Le concept : un patron cherche un employé modèle. Il recrute seize candidats, à égalité entre hommes et femmes, pour décrocher un CDI. Les candidats désignent les plus faibles d’entre eux au patron tout-puissant, jusqu’au dernier, qui décroche le fameux contrat. Les équipes sont composées d’un côté de filles, de l’autre côté de garçons, histoire de bien appuyer sur tous les clichés possibles.

Donc, si l’on récapitule : la télévision autorise des patrons à pratiquer ce qui est interdit dans le Code du travail, à savoir organiser un concours pour décrocher un boulot. Les candidats fournissent du travail gratuit, ce qui est encore interdit. L’avocat Jérémie Assous avait prédit en 2009, dans nos colonnes, que la télé-réalité prendrait ce tournant, après avoir exploré les terrains de l’intimité et du quotidien.

Que voit-on dans The Apprentice ? Des candidats qui vont monter un service de pressing en vingt-quatre heures ou vendre 100 kg de poisson, prêts à tout pour décrocher le job. Même à renoncer à toute dignité. Comme cette jeune femme qui dit se sentir comme « une petite fille » face à son patron. Ou cet autre pour qui « le bonheur, c’est faire du chiffre ».

Toute l’émission reprend une terminologie qu’on nous sert depuis des années : se vendre pour décrocher un job, c’est quasi normal. Le discours en voix off de M6 est aussi rythmé par des appels à « briser les tabous » ou les « stéréotypes ».

En gros, pourquoi vous enquiquiner avec le Code du travail, chers patrons ? Pourquoi vous embêter avec les syndicats, alors que vous pourriez exploiter vos salariés comme des esclaves, et qu’en plus, ils pourraient vous en être reconnaissants ? Syndicat, respect du salarié, paiement des heures effectuées : pour M6, c’est en option. Reste une logique immonde, où il est normal de se faire exploiter et humilier, et où l’individualisme forcené remplace la solidarité.

À vomir.

Caroline Constant
Mercredi, 9 Septembre, 2015
L'Humanité
 
Google-Translate-English to French Traduire français en German  Traduire français en Italian Google-Translate-English to Japanese BETA  Traduire français en Portuguese  Traduire français en Russian  Traduire français en Spanish Traduire français en Arabic  Traduire français en danish Traduire français en Greek

16:52 Publié dans Actualités, Informations, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : m6, patronat, propagande | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

18/05/2015

Quand France Inter défend les retraites chapeau

france inter,propagande,retraite châpeau

Une radio de service public doit-elle tenter de convaincre ses auditeurs que les retraites chapeau des patrons licencieurs sont justifiées et bonnes pour l’économie du pays ?

Ce fut le pari douteux de France Inter le jeudi 14 mai de 19H20 à 20H

Que reste-t-il de la mission de service public quand une radio comme France Inter- dont une partie du personnel vient de conduire une longue grève pour avoir les moyens de travailler-  vend à ses auditeurs une  séance du « Téléphone sonne »  qui passe quarante minutes à justifier la « retraite chapeau » de Philippe Varin  ex patron du groupe PSA Peugeot-Citroën?  Je ne pense pas avoir été le seul auditeur à me poser cette question quand, circulant sur une autoroute, j’ai  écouté de bout en bout, l’émission animée par Pierre Weill le jeudi 14 mai à partir de 19H20.
 
L’animateur avait trois invités qui étaient Laurence Parisot, ex patronne du MEDEF ; un patron d’une société de conseil pour fixer les salaires de patrons,   un professeur d’économie.  Autant dire qu’ils avaient été triés sur le volet  pour orienter l’émission en faveur des intérêts de Philippe Varin, ce qui fut le cas en dépit de quelques questions d’auditeurs eux aussi bien filtrés m’a-t-il semblé.
 
On rappellera ici que l’homme qui a fermé l’usine d’Aulnay-sous-Bois   avait dit qu’il renonçait  à sa « retraite chapeau» en 2013 devant le tollé de protestation qui suivit l’annonce d’un cadeau de départ de 21 millions d’euros, comme récompense d’un sale boulot. Mais ce  n’était qu’un stratagème. En réalité, le règlement intérieur  ne devait pas lui accorder  ce droit  à ce moment là car il lui manquait quelques mois pour avoir une ancienneté de …5ans, susceptible de justifier une telle somme  lors de son départ ! Ce qui conduira son successeur à lui faire signer  un « contrat à durée déterminée » taillé sur mesure pour percevoir  ensuite cette retraite chapeau annoncée tout récemment.
 
Ainsi avons-nous appris  qu’il percevrait moins que  la somme annoncé en 2013. Mais il s’agit quand même de 300.000€ brut par an en plus de  la retraite pour laquelle il a cotisé comme tout un chacun et qui ne saurait être comparée à celle d’un ouvrier de Citroën. Ici apparaît un scandale que l’émission de Pierre Weill se garda bien d’aborder.
 
Ces quarante dernières années , des millions de retraités, mais aussi  d’actifs plus ou moins proches de la retraite,   ont vu leur pension ou future pension de retraite gravement amputée par des licenciements économiques, des périodes de chômage et des reprises d’activité avec un salaire réduit dans un nouveau métier du fait des décisions prises par des hommes comme Philippe Varin à la tête de grandes sociétés. Beaucoup de  travailleurs aux carrières brisées n’étaient même pas des salariés directs de grandes entreprises comme Peugeot ou Citroën, mais de leurs équipementiers que les donneurs d’ordre ont pillé de plus en plus au fil des ans afin de dégager plus de profits pour les sociétés cotées en Bourse.
 
C’est même pour leur «capacité» à dégager des taux de profits de plus en plus élevés sur de courtes périodes  que des PDG comme Philippe Varin ont été gratifiés de retraites chapeau, de  primes liés aux rendements financiers qui sont la part « variable » du salaire dès lors que leur stratégie  fait monter provisoirement le prix de l’action et le bénéfice sur quelques exercices. Et tant pis si cette stratégie de court terme débouche à un moment ou à un autre sur une fermeture d’usine comme à Aulnay !  Voilà aussi pourquoi les rémunérations patronales liées aux rendements financiers conduisent souvent à fragiliser de grandes entreprises  faute de stratégie industrielle tournée ver le long terme. Voilà des tas de questions que Pierre Weill aurait pu et aurait du poser à ses invités.
 
Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? Pourquoi n’y avait-il pas un syndicaliste de PSA  parmi ses invités face à trois défenseurs des retraites chapeau? 
Enfin, dans quel pays de droit sommes nous  quand on permet à des individus qui ont ruiné la carrière de milliers de salariés et amputé de ce fait leurs droits futurs à une bonne retraite  de percevoir ,eux, une seconde pension (de 25.000€ par mois dans le cas qui nous occupe)  pour laquelle ils n’ont pas cotisé et que l’entreprise qu’il ont malmenée doit pourtant provisionner pour leur servir cette retraite indue jusqu’à leur mort ?
 
Aucune de ces questions ne fut posée lors de l’émission de France Inter le 14 mai dernier. Nous sommes en droit d’attendre autre chose d’une radio du service public. Mais pour qui donc roulez-vous monsieur  Pierre Weill ? Le confrère qui vous pose cette question est titulaire de la carte de presse 52622 obtenue en avril 1984, quelques mois après avoir été viré d’une usine où il fabriqua des pneus pendant près de 18 ans !
 
Gérard Le Puill, l'Humanite.fr
 
Google-Translate-English to French Traduire français en German  Traduire français en Italian Google-Translate-English to Japanese BETA  Traduire français en Portuguese  Traduire français en Russian  Traduire français en Spanish Traduire français en Arabic  Traduire français en danish Traduire français en Greek

05/04/2011

Quand la propagande défigure le débat public

lybie0001.jpgHenri Maler, membre de l'association Action-Critique-médias (Acrimed), décrypte le traitement médiatique qui a été fait en France de l'entrée en guerre en Libye.

Quelles sont les premières observations recueillies par Acrimed sur le traitement médiatique de cette guerre en Libye ?

Henri Maler. Avant même que ne commencent les bombardements, on a assisté à une véritable exaltation guerrière. Dès le vote de la résolution de l'ONU, la plupart des sites des quotidiens et des hebdos, impatients, nous prévenaient : « Le compte à rebours a commencé. » Il n'est pas exagéré de dire que le petit monde des grands médias s'est félicité de la perspective des bombardements sur la Libye, semblant oublier qu'une guerre est avant tout. une guerre. Entre les journalistes qui bombent le torse et ceux qui, à défaut de revêtir leur treillis, se mettent à parler comme les militaires, rien ne nous est épargné. Une rhétorique va-t-en guerre soutenue par une fièvre chauvine sur le rôle de « la France ». Qui a « frappé la première », pouvait-on lire à la une de la plupart des quotidiens, le lendemain des premiers bombardements. Cocorico, c'est la guerre !

Une guerre présentée comme indispensable.

Henri Maler. Inévitable et indiscutable. Or, qu'on la soutienne ou la réprouve - que l'on pense que l'intervention militaire était nécessaire (pour empêcher les forces armées de Kadhafi d'écraser la révolte à Benghazi) ou au contraire que l'on devait et pouvait l'éviter -, on est en droit d'attendre des médias qu'ils ne soient pas le service après-vente du ministère de la Défense, reprenant la moindre de ses informations et le moindre de ses termes, sans aucune distance critique. C'est à peine si les principaux médias osent parler de « guerre », alors que des centaines de missiles ont été tirés dès les premiers jours. Ils évoquent, non des bombardements, mais des « frappes » : des frappes « ciblées », nouvel avatar des « frappes chirurgicales ». On nous montre, à grand renfort d'images fournies par l'armée elle-même, le haut degré de précision et de technologie de « nos » armes.

Pourtant, cette guère soulève au moins quelques questions. Quelle place a été accordée aux divergences ? Le pluralisme des avis et analyses sur cette intervention a-t-il été respecté ?

Henri Maler. Dans leur emballement, la plupart des médias ont « oublié » de commencer par poser ces questions. Et quand des questions partielles ont surgi, après l'euphorie des premiers jours (sur les dissensions, le commandement, les objectifs), les interrogations sur la nécessité et la légitimité de cette guerre qui ne dit pas son nom - présentée, au fond, comme une opération humanitaire, et non comme une intervention militaire - étaient devenues « hors sujet ». On nous a répété jusqu'à la nausée que cette opération était soutenue par la « communauté internationale ». Les gouvernements de la Chine, l'Inde, la Russie, l'Allemagne, le Brésil. ont fait part de leurs réserves ? Ce n'est pas un problème, puisqu'ils se sont abstenus ! D'autres se sont déclarés franchement hostiles. Qu'importe : la « communauté internationale » existera sans eux. Plutôt que d'informer sur leurs arguments et de tenter de les comprendre, avant de soutenir ou de réprouver leurs positions, on a traité tous les réfractaires par le mépris. Quand aux arguments de ceux qui, en France même, émettent des objections sur le fond ou s'opposent à cette guerre-là, ils ont été relégués, dans les meilleurs des cas, dans les « tribunes libres

Comment expliquer ce traitement médiatique ?

Henri Maler. On peut être tenté d'expliquer ce traitement par le poids des marchands d'armes dans le paysage médiatique français. Le cas du Figaro, propriété de Serge Dassault, qui fournit l'armée française (et qui a aussi vendu des avions à Kadhafi) est presque caricatural. Mais ce serait un raccourci. Ce qui domine, c'est le suivisme des grands médias à l'égard de la prétendue « communauté internationale », des institutions politiques et militaires, et de l'unanimisme des partis dominants en France même. Cette déférence institutionnelle se nourrit des croyances partagées, sinon par tous les journalistes, du moins par les chefferies éditoriales. Dès lors, la propagande menace de dévorer l'information et de défigurer le débat public

Henri Maler est coauteur de l'Opinion, ça se travaille. Les médias et les guerres justes : Kosovo, Afghanistan, Irak (avec Serge Halimi et Dominique Vidal, Agone, 2006). Voir aussi www.acrimed.org

13:47 Publié dans Eclairage, Entretien, Manipulation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : libye, propagande, médias, manipulation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |