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08/03/2013

Journalistes / syndicalistes : un mépris de classe ?

goodyear, libres-échanges, journalistesPar Romain Geoffroy, 22 ans, Strasbourg, jeune correspondant de l'Humanité.

"Avec moi aujourd’hui, trois stars du syndicalisme de combat", le 5 février dernier, Jean-Pierre Elkabbach reçoit sur Europe 1, trois syndicalistes : Jean-Pierre Mercier (CGT Aulnay PSA), Mickael Wamen (CGT Goodyear Amiens Nord), Edouard Martin (CFDT ArcelorMittal. Décryptage.

Jean-Pierre Mercier vante l’ampleur de la mobilisation à Aulnay, « grâce à nous ce sont zéro voitures qui sortent depuis trois semaines ». Le « matinalier » d’Europe 1 s’insurge alors : « Et vous en êtes fiers ? » L’expression reflète bien le ton paternaliste que prendra Elkabbach tout au long de l’interview. Il faut dire qu’il est plus habitué aux bancs d’HEC, qu’il fréquente lors de l’université du Medef, qu’aux barricades dans les usines en grève.

Dans Les Nouveaux Chiens de Garde, documentaire de Yannick Kergoat et Gilles Balbastre récemment nommé aux César, Michel Naudy (ancien rédacteur en chef chargé de missions à France 3) remarquait : « Les ouvriers sont une réserve d’indiens pour les journalistes. Ils ne viennent pas de ces milieux, ne les connaissent pas. Ils n’en connaissent pas les codes, les conditions de vie, la culture, les traditions. Dès qu’ils rompent avec le consensus mou de la démocratie molle, ils rompent avec la règle du jeu. »

 


Mercier : "Montebourg fait cause commune avec... par Europe1fr

Un traitement médiatique inégal

Comment réagirait un patron traité comme ces syndicalistes ? Philippe Varin (PSA), Henry Dumortier (Goodyear France) et Lakshmi Mittal (ArcelorMittal) bénéficient, comme tous les « grands », de l’aide d’une équipe de communicants. Chaque intervention est préparée, le ton est mesuré. Ils sont d’ailleurs bien plus habitués aux projecteurs que des ouvriers, invités uniquement lors des grandes crises industrielles. En 1996, Pierre Bourdieu s’attaquait au monde médiatique dans Sur la Télévision.

Il écrivait alors « Il est évident que tous les locuteurs ne sont pas égaux sur le plateau. Vous avez des professionnels de la parole et du plateau, et en face d’eux des amateurs (…), c’est d’une inégalité extraordinaire. Et pour rétablir un tout petit peu d’égalité, il faudrait que le présentateur soit inégal, c’est-à-dire qu’il assiste les plus démunis relativement. » Il s’étonnait alors de voir à quel point ce n’était pas le cas dans les médias de masse, avec des présentateurs qui non seulement n’aident pas les défavorisés, mais les enfoncent.

19 ans plus tard, la situation n’a pas évolué, les chiens de garde du système occupent les plus hautes sphères médiatiques. Les micros, les caméras, les colonnes des journaux leur sont grands ouverts. Alors que tous les sondages montrent la méfiance de plus en plus croissante du public face aux journalistes, aucune instance de déontologie compétente n’a encore été mise en place.

07/03/2013

CHRONIQUE SUR CUBA ET AILLEURS ( DROIT A L’INFORMATION OU MANIPULATION ? )

médias,manipulation,france,agence,afpPar rapport à la liberté de la presse, je serais tenté de dire que nulle part elle n’existe. Elle dépend de ceux qui maîtrisent les moyens de communication, les propriétaires, les groupes financiers, les actionnaires, les éditeurs, la politique d’État.

Maria Castro Espin, fille du Président Raoul Castro

Cette vision de la liberté de la Presse est loin d’être fausse. A ces médias s’ajoutent les grosses agences qui fournissent 95 % des informations et dont le nombre dans le monde est limité véritablement une dizaine. En France Reuters mais surtout l’AFP déterminent le choix et l’orientation des flux d’actualités. L’AFP décide seule par exemple si une grève ou une manifestation est réussie ou pas et n’hésite pas a orienter subjectivement cette information. Ainsi un dernier exemple avec ce titre fourni par l‘Agence et repris par la plupart des journaux sans la moindre vérification : « Goodyear: l'avenir de l'usine d'Amiens débattu, 19 policiers blessés ». Des blessés sont nombreux aussi parmi les manifestants, mais le titre ne le dit pas. C’est tout simplement de la manipulation.

mediascontrole.jpgL’Agence doit plaire ainsi à ces clients constitués de deux grands groupes : Le Figaro, TF1, Europe1, RTL, la plupart de la Presse de Province, les journaux gratuits, les portail internet comme Orange, orientés à Droite ou ne vivant exclusivement que des annonceurs travaillant pour les entreprises du CAC 40 dont le seul objectif est d’augmenter les profits, et de l’autre la Télévision et Radio Publique, le Nouvel Observateur, Libération contrôlés étroitement par l’Etat, le Parti au pouvoir, et par des entreprises.

La diffusion de l’information n’est pas libre et est de fait contrôlé selon des critères économiques et idéologiques précis. La force de cette méthode ainsi ce n’est pas la diffusion de cette information, mais sa répétition, qui s’apparente à un gavage d’oie. La même information par exemple sur Gooyear donnée sur toutes les chaînes de télévision, les radios, la plupart des journaux, sur internet donne une impression de vérité répétée et unique. C’est en quelque sorte un lavage de cerveau.

Les blogs, des journaux indépendants comme l’Humanité, d’autres agences fournissent d’autres informations importantes mais qui par définition ne se situe pas dans la répétition et sont trop souvent non connus du grand public.

Quelques exemples qui sait qu’Obama dans son discours à la Nation a proposé une hausse du salaire minimum de 25 % ? Qui sait que Mme Lagarde et plusieurs experts du FMI ont reconnu des erreurs de calculs sur les conséquences de l’austérité facteurs de récessions ? Qui sait qu’un récent rapport d’experts conclue qu’avec les 100 premières fortunes de la planète la pauvreté pourrait être éradiquer quatre fois dans la planète ? Qui sait que Djibouti est un pays africain où les élections ne sont pas respectés et les opposants en prison mais qui a la particularité d’avoir sur son territoire deux bases militaire, une Française, une Américaine (la seule du continent), d’où le silence d’Etat, Qui sait que Cuba a mis au point un vaccin capable de soigner de nombreux malades atteint du cancer du fumeur ?

Ces informations effectivement peuvent être trouvé par des curieux dans un certain nombre de médias mais ne sont pas diffusés en masse. Cela donne un sentiment de liberté d’information, mais qui est de fait très restreint.

L’opinion publique dans son ensemble est formatée par une ou deux agences étroitement contrôlés par des clients aux exigences idéologiques évidentes. Et cela est vrai dans la plupart des pays du monde.

Pour Cuba Maria Castro Espin reconnait que l’information est contrôlé par l’Etat, mais ajoute « À Cuba, il y a un grand nombre de blogs indépendants et des milliers de blogueurs intéressants, courageux dans leurs remises en questions tout en assumant leurs responsabilités, sans apport d’argent d’un pays qui veut nous maîtriser, nous harceler. Certes, un petit nombre d’entre eux reçoivent de l’argent du gouvernement des États-Unis pour inventer des histoires contre Cuba. »

C’est donc le même scénario indiqué plus loin mis en place en France.

L’information de masse n’est pas plus libre en France qu’à Cuba, mais toutes informations circulent, mais sur l’essentiel les opinions publiques sont formatées.

Diego Diaz

23/12/2012

Pierre-Louis  Basse : "Dans notre société, les journalistes doivent s’engager"

internet, entretien, journalisme, audiovisuel, pierre-louis basse, europe 1Entretien réalisé par l'Humanité. Pierre-Louis Basse a remporté un succès critique et public avec son livre Gagner à en mourir. De retour à l’antenne sur la chaîne Sport 365, sur Internet, il livre avec gourmandise son actualité. Et pose un regard sans complaisance sur les médias français.

Vous avez deux livres en écriture…

Pierre-Louis Basse. Je travaille sur deux livres. Le premier est un roman, à partir d’une histoire d’amitié de Jesse Owens avec le sauteur en longueur Lutz Long, le héros allemand que toute l’Allemagne d’Hitler attendait. C’est une histoire extraordinaire en noir et blanc. Mon second ouvrage m’excite, il portera sur les racines familiales, industrielles et politiques de l’extrême droite.

Et la chaîne Sport 365

Pierre-Louis Basse. C’est une très belle aventure, qu’il faut mettre au crédit de Patrick Chêne, et de toute l’équipe autour d’Arnaud de Courcelles, le rédacteur en chef. Il avait envie de mettre en place un grand magazine, chaque soir de la semaine, avec quatre présentateurs différents (Philippe Vandel le lundi, Jean-Philippe Lustyk le mardi, Benoît Maylin le mercredi et Pierre-Louis Basse, de 22 heures à minuit le jeudi – NDLR). Ce qui m’intéressait, c’est de travailler autour de la mémoire du sport. Depuis trois mois, j’ai reçu Bernard Chambaz, Bernard Pivot, Philippe
 Bordas, Finkielkraut. Nous avons abordé le sport sous le nazisme, splendeur et misère du sport au cinéma… Ma vie, c’est la radio et l’écriture, je ne suis pas un homme de télé, d’image. Mais je suis heureux le jeudi soir, l’équipe est très jeune et très curieuse, très chouette. J’y ai carte blanche. Un an après avoir quitté Europe 1, c’est une vraie belle lumière. Je n’oublierai jamais la main que m’a tendue Patrick Chêne et la liberté que j’ai. J’invite vraiment tous ceux qui aiment le sport, qui ne se satisfont pas du bruit, de la seule répétition des matchs et surtout de la vulgarité des commentaires sportifs, à regarder cette chaîne sur Internet. Où ce sont des valeurs de dignité, de sens, qui nous guident. Patrick voulait faire ça, et il est en train de réussir son pari.

Parce que ça a été un gros désert après 
votre départ d’Europe 1 ?

Pierre-Louis Basse. Je suis très heureux et je vis très bien sans Europe 1. Il n’y a aucun souci, je ne suis plus fâché. Un gros désert ? Non. J’écris, on publie mes livres, le dernier a très bien marché auprès du public. Je ne suis pas comme les filles de Moulinex, qui se font jeter à soixante ans et qui n’ont ni argent ni travail. Mais la radio, c’est ma vie.

Dans vos dernières interviews, vous donnez 
le sentiment de ne retenir des médias existants que du bruit et de la confusion…

Pierre-Louis Basse. Pas partout. Il y a des choses qui restent encore dignes. Par exemple, le matin, je me gave du journal de Patrick Cohen sur France Inter, qui est remarquable, du travail de Pascale Clarke. Il y a plein de très belles émissions sur le service public. J’aime bien le travail de Franck Ferrand sur Europe 1, c’est très digne, et avec un contenu de haute volée. Il ne s’agit pas de dire que tout vaut tout. Mais on a abdiqué, il y a quinze ou vingt ans, une partie de notre devoir. On n’est pas journaliste uniquement pour montrer sa gueule ou donner sa voix à entendre. On est dans une société qui bouge, qui vit, ça veut dire de l’engagement, une prise de risque. Ou alors, on sera éternellement dans la pâmoison devant Zola, devant Hugo. Mais avec nos contemporains ?

Mais il y a un credo, depuis au moins deux décennies, sur la prétendue objectivité, 
voire neutralité du journaliste…

Pierre-Louis Basse. C’est une illusion, ça. Nous avons tous notre propre subjectivité. C’est ce que je défends, et qui m’a coûté ma place à Europe 1. L’objectivité, c’est déjà un engagement sourd et plein d’hypocrisie. Je veux citer un seul exemple : si les journalistes n’avaient pas abdiqué, nous n’aurions pas cédé à la monomanie de l’expert. Qui sont des gens qui viennent vous voir le lundi et disent rouge, le mardi violet, le mercredi rose bonbon… Si l’on veut comprendre le monde, il faut pouvoir s’appuyer sur des gens qui en ont une lecture, des historiens, des philosophes, des écrivains. Le métier a abdiqué de ce point de vue.

Qui dans le métier ? Les gens qui dirigent l’audiovisuel ? Le journaliste de base ? 
Est-ce que les conditions économiques désastreuses dans lesquelles s’exerce notre métier ne participent pas, aussi, à une mise sous pression des individus ?

Pierre-Louis Basse. C’est un mélange de tout ça. C’est une pipolisation. Ce sont des connivences de réseau, de salon, les jeux de chaise musicale : un jour tu fais de la radio, le lendemain de la télé. Il y a une nomenklatura. Ceux qui dénonçaient l’Union soviétique ont créé la même structure dans nos sociétés hyperlibérales : il ne s’agit plus de la qualité au service du plus grand nombre, mais de quelques-uns qui se gavent. Et qui exploseront. Ce sont des signes que nous avons dans l’audiovisuel, mais aussi dans l’économie et le social. Ça ne pourra pas durer. Le FN naît aussi de ce qu’on offre du point de vue intellectuel et politique. Il n’est pas normal par exemple de voir très peu de gens de l’Huma, depuis des années, sur les plateaux ou dans les studios ? Ils ont peur de quoi ? De quelle parole ?

Vous critiquez beaucoup le recours systématique aux chroniqueurs, qui induisent selon vous une certaine forme d’hystérie.

Pierre-Louis Basse. On est passé d’un rire subversif à la Desproges, à une galerie des grimaces. Et le rire, dans l’émission, est tellement fort qu’il finit par pratiquement mordre sur l’éditorial. Et c’est aussi vrai avec le sport, la politique. Pour moi, ça s’appelle le fascisme froid, ça. L’expression est de Houellebecq et elle est tout à fait juste.

Et Internet ?

Pierre-Louis Basse. Il y a un flux d’infos. Il y a toute une jeunesse malicieuse qui va chercher du contenu culturel en ligne. On l’a vu dans les révolutions arabes, d’ailleurs. Certains blogs n’ont rien à envier à ce qui se passe sur certains plateaux de télévision. La télévision, c’est tellement effrayant qu’il ne restait qu’à décider comme Pflimlin : mettre Taddeï sur France 2... À l’inverse, lors de la campagne de pub de D8, j’ai quand même vu des slogans comme « se distraire ou mourir » ! Au secours ! D’où le besoin d’inventer encore et encore.

Portrait d’un révolté. Pierre-Louis Basse a été, vingt-cinq ans durant, une des grandes voix d’Europe 1. Spécialiste du sport, il a animé sur la station privée des émissions sportives qui ne se contentaient pas de commenter des matchs, mais se mêlaient aussi de littérature, de cinéma, de politique. Bienvenue chez Basse, la dernière en date, c’était une émission vivante, qui se proposait aussi de réfléchir sur la place du sport dans 
la société. La direction d’Europe 1 a interrompu cette intéressante expérience à la rentrée 2011. Pierre-Louis Basse, qui a aussi, au fil de sa carrière, travaillé pour Canal Plus, France 5, ou l’hebdomadaire Marianne, a profité de ce temps pour se consacrer à sa seconde passion : l’écriture. Auteur d’ouvrages remarqués, dont 
le fameux Guy Môquet, une enfance fusillée, 
il associe désormais ses deux passions : le sport et la littérature. Avide de connaissances toujours nouvelles, Pierre-Louis Basse allie un esprit frondeur à une réelle générosité.

21/08/2012

LE JOURNAL VIDEO TELE BIEN !

Décapant et nouveau, découvrir l'actualité sous un autre angle...

11:49 Publié dans Actualités, Manipulation, Vidéo | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journal vidéo, télé bien, décapant | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |