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11/09/2025

Télé, radio, presse, réseaux sociaux : quels médias captent vraiment l’attention des Français ?

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Qui capte vraiment l’attention des Français quand il s’agit d’information ? En combinant télévision, presse, radio, réseaux sociaux ou agrégateurs, une nouvelle mesure permet d’évaluer avec finesse la place réelle des médias dans notre quotidien. À la clé, une carte inédite du paysage médiatique, marqué par une forte concentration autour de quelques grands groupes – et une place centrale, souvent oubliée, du service public.


Pour répondre à ces questions, nous avons déployé une nouvelle mesure de consommation des médias : la part d’attention, (initialement introduite par l’économiste Andrea Prat). Contrairement aux mesures traditionnelles d’audience, cet indicateur permet de tenir compte de la multiplicité des sources et des plateformes par lesquelles l’actualité est consommée (TV, radio, presse, médias sociaux, etc.), tout en considérant que certains vont partager leur attention entre plusieurs sources alors que d’autres n’en consultent qu’une seule. Par exemple, une chaîne de télévision qui est la seule source d’information d’une population concentre 100 % de l’attention de cette population. Elle a davantage de pouvoir attentionnel qu’une chaîne qui est consommée en même temps que d’autres sources (une station de radio, un titre de presse et un média social, par exemple). Dans ce cas, si chaque source est consommée à la même fréquence, la part d’attention de la chaîne de télévision sera de 25 %, tout comme celle de la station de radio, celle du titre de presse et celle du média social.

Télé, radio, réseaux sociaux : qui capte vraiment l’attention des Français ?

À partir des données d’une enquête, menée en 2022, obtenues auprès d’un échantillon représentatif de 6 000 Français, les résultats indiquent de faibles écarts entre les sources médiatiques, même si l’attention des Français se concentre principalement sur les chaînes de télévision et les médias sociaux.

TF1 arrive en tête en cumulant 5,9 % de l’attention des Français, suivi par Facebook (4,8 %), France 2 (4,5 %), M6 (4,4 %) et BFMTV (4,1 %). Le premier agrégateur de contenus, Google actualités, arrive en onzième position (2,3 %), la première station de radio (RTL) en vingt-deuxième (1,33 %) et le premier titre de presse (20 minutes) en vingt-troisième (1,31 %).

Un marché des médias dominé par quelques groupes

En revanche, le regroupement des sources par groupe médiatique (par exemple, Facebook, Instagram et WhatsApp appartiennent à Meta) révèle une importante concentration. Les quatre premiers groupes concentrent 47 % de l’attention des Français. Si l’on prend les huit premiers groupes, on arrive à 70 % de l’attention des Français captée.

En moyenne, le groupe public composé principalement de France Télévisions et Radio France est, de loin, celui qui concentre le plus l’attention des consommateurs de médias (19,8 %), suivi par le Groupe Meta (10,1 %) et le Groupe TF1 (9,9 %).

La place centrale de médias publics

Le service public d’information, contrairement à une idée reçue, n’est donc pas réservé à une élite, mais occupe une place centrale dans le menu de consommation médiatique des Français.

Ce résultat peut s’expliquer par la confiance accordée aux médias du service public dans la production d’information (voir l’enquête du Parlement européen) et légitime l’octroi d’un budget suffisant pour y répondre. Cela met également en lumière l’importance de son indépendance vis-à-vis de l’État.

La place croissante des médias sociaux

Notons que le Groupe Meta dispose du pouvoir attentionnel le plus fort auprès des 18-34 ans, avec une part d’attention de l’ordre de 14 %, devant les groupes de médias du service public (11 %) et Alphabet-Google News (8 %).

Même si Meta ne produit pas directement d’information, il met en avant et ordonne les différentes informations auprès de ses usagers. Sans être soumis aux mêmes règles que les médias traditionnels, les médias sociaux disposent donc d’un rôle clé sur la vie démocratique.

Pourquoi cette mesure doit peser dans les décisions sur les fusions médiatiques ?

L’analyse par groupe s’avère particulièrement importante dans un contexte où les groupes de médias contrôlent une part de plus en plus importante de titres de presse, de chaînes de télévision, de stations de radios ou de plateformes d’informations au travers d’opérations de fusions ou d’acquisitions (par exemple, l’OPA de Vivendi sur Lagardère).

De récents rapports sur le secteur des médias recommandent, d’ailleurs, le recours à la part d’attention comme un nouvel outil d’évaluation des opérations de concentration sur le marché des médias d’information par les autorités de la concurrence (Autorité de la concurrence, Commission européenne, Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique [ARCOM]). Cet outil est particulièrement adapté pour juger si la nouvelle entité formée à l’issue de la fusion de deux groupes ou de l’acquisition de nouvelles sources par un groupe n’aurait pas un trop grand pouvoir attentionel et si le marché des médias serait trop concentré autour de quelques acteurs dans un contexte où les médias sont au cœur du processus démocratique. La littérature académique reconnaît, en effet, qu’ils peuvent influencer les positions idéologiques des citoyens, les votes et la démocratie et peuvent être idéologiquement biaisés.

Source The Conversation


Pour approfondir : S. Dejean, M. Lumeau, S. Peltier, « Une analyse de la concentration de l’attention par les groupes médiatiques en France », Revue économique, 76(2), pp. 133 à 177.

10/01/2025

Comment les journaux français couvrent la guerre à Gaza

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En dépit d’un bilan humain effroyable, le récit de la guerre à Gaza fait par les grands titres vendus en kiosques tend à invisibiliser les victimes du côté palestinien. L’Humanité a mené l’enquête en collaboration avec l’ONG Techforpalestine en analysant 13 394 articles consacrés au conflit publiés dans cinq journaux français... dont l'Humanité.

« Les gens ont peur, c’est l’omerta », affirmait la journaliste du Figaro Eugénie Bastié dans sa dernière « enquête » dénonçant le supposé prisme pro-Palestiniens du journal le Monde dans sa couverture de la guerre à Gaza. Pourtant, en dehors des polémiques entretenues par la droite et l’extrême droite, rien ne permet d’affirmer que la presse française se soit émue du sort des Palestiniens depuis le 7 octobre 2023.

Grâce au travail de l’ONG Techforpalestine et de son outil Media Bias Meter, nous avons pu analyser les données d’un corpus de 13 394 articles consacrés au conflit par des journaux français : l’Humanité, Libération, le Monde, le Figaro et le JDD. Et, loin des obsessions de certains de nos confrères, on peut en conclure que la presse française ne se distingue vraiment pas par un engagement en faveur des Palestiniens.

Depuis le 7 octobre, la riposte d’Israël aux attaques meurtrières du Hamas a été abordée avec distance. Malgré l’ampleur des destructions et le lourd bilan humain – 46 738 morts confirmés, en date du 8 janvier –, les rédactions ont fait état du conflit en invisibilisant les premiers concernés : les Palestiniens.

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« Une sorte de masse indistincte »

En filtrant les articles de chaque journal avec les termes « Palestiniens » et « Palestiniennes », on découvre qu’ils figurent dans moins de la moitié des articles sur la guerre en cours. Dans le Monde, l’Humanité et Libération, la part des articles mentionnant les Palestiniens est respectivement de 47 %, 41 % et 37 %. Pour le Figaro, cette même part tombe à 28 %, soit 19 points de moins que le Monde, 13 points de moins que l’Humanité et 9 points de moins que Libération. Mais c’est dans le JDD que cette invisibilisation est la plus flagrante, avec seulement 21 % des articles sur la guerre à Gaza mentionnant les Palestiniens.

À l’inverse, le JDD mentionne les Israéliens dans 32 % des articles, soit près d’un tiers, et surtout 11 points de plus que pour les Palestiniens. On retrouve une configuration similaire dans les pages du Figaro, de Libération et du Monde, avec respectivement 33 % (+ 5 points par rapport aux Palestiniens), 46 % (+ 8 points) et 50 % (+ 3 points). Dans l’Humanité, les Israéliens sont mentionnés dans 35 % des articles, soit 6 points de moins que les Palestiniens.

Invisibilisation du massacre de la population palestinienne

« On est dans un huis clos, il est très difficile de donner un visage et de faire entendre la voix des personnes qui subissent la guerre. Donc, on a une impression un peu vague, comme une sorte de masse indistincte », analyse Nathalie Godard, directrice de l’action d’Amnesty International en France. Outre l’invisibilisation du massacre de la population palestinienne, cet élément soulève d’autres remarques sur ce récit médiatique.

« Consciemment ou non, cet angle mort lexical accompagne symboliquement l’entreprise de dilution, pour ne pas dire de destruction, de l’identité nationale palestinienne menée depuis des décennies par l’État d’Israël », souligne Pauline Perrenot, journaliste à Acrimed, association spécialisée dans la critique des médias.

Une autre opération menée de longue date par l’État israélien est elle aussi passée sous les radars : la colonisation des territoires occupés. Si l’on retrouve le terme de « colonisation » dans 10 % des articles de l’Humanité et dans 7 % de ceux du Monde, il n’est présent que dans 4 % des pages du JDD consacrées au conflit et dans 2 % de celles de Libération et du Figaro. « En proportion de ce qui est écrit sur la guerre, on est largement en deçà de ce qui était écrit auparavant sur le sujet », analyse Dominique Vidal, journaliste et historien.

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La guerre à Gaza n’a pas stoppé la colonisation

Sauf que la guerre à Gaza n’a pas stoppé la colonisation, bien au contraire. 1 746 attaques de colons ont été recensées entre le 7 octobre et le 3 janvier. Encouragées par les discours racistes et suprémacistes des ministres israéliens d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, elles ont coûté la vie à 791 Palestiniens.

Quant au génocide, désormais reconnu par des organisations telles qu’Amnesty International, Médecins sans frontières ou Human Rights Watch, le manque d’attention médiatique est encore plus flagrant. En ne conservant que les articles publiés à partir du 26 janvier 2024, date à laquelle la Cour internationale de justice met en garde contre le risque d’un génocide à Gaza, on découvre que trois des cinq journaux analysés ont évoqué le terme dans moins de 10 % de leurs écrits sur le conflit.

La part est de 6 % pour le Figaro, 7 % pour Libération et 8 % pour le JDD. Si elle dépasse les 10 % dans les colonnes de l’Humanité et du Monde, elle reste faible. Pour le premier, elle s’établit à 18 %, soit trois fois plus que le Figaro. Dans le quotidien du soir, elle est de 11 %.

Pour Pauline Perrenot, il est clair qu’avant la date du 26 janvier le génocide n’a pas « fait l’agenda », bien que le terme ait pourtant été très vite utilisé par les Palestiniens eux-mêmes ainsi que par certains chercheurs, intellectuels ou juristes.

Une entreprise de disqualification quasi systématique

« L’augmentation des occurrences dans une partie de la presse ne signifie pas, pour autant, que la médiatisation ait été à la hauteur d’un événement pourtant historique », analyse la journaliste. Une bonne partie des occurrences peuvent en effet être rattachées à l’entreprise de disqualification quasi systématique des acteurs évoquant le génocide. Entreprise qui s’est surtout déployée dans les médias audiovisuels, mais également dans la presse par le biais de tribunes et d’éditoriaux.

Cette disqualification, Amnesty International en a fait les frais, et ce même avant la publication de son rapport sur le génocide rendu public le 4 décembre 2024. « Après le 7 octobre, nous avons essayé de traiter les choses avec du factuel et de l’analyse juridique (…) dans un moment où c’était d’abord l’émotion et la polarisation qui prenaient le dessus sur tout le reste, raconte Nathalie Godard. Nous subissions des attaques extrêmement fortes avec un système récurrent : un éditorial qui nous critiquait pour l’emploi ou non d’un terme, puis un autre qui ne vérifiait pas le premier. » Le tout amplifié par des centaines de partages sur les réseaux sociaux.

Contribuer à la « fabrique du consentement au génocide »

En plus de les invisibiliser, la presse entretient un double standard au sujet des Palestiniens. Quand les morts israéliens font la une des quotidiens, les morts palestiniens tiennent en un chiffre en bas de page. Quand on ne compte plus les séries de portraits des victimes du Hamas, le bilan des victimes palestiniennes est mis en doute. Quand le 7 octobre représente l’horreur absolue car des civils sont tués, les hôpitaux gazaouis remplis de femmes et d’enfants sont bombardés car des membres du Hamas s’y cachent.

Ce deux poids deux mesures s’explique notamment par une focalisation sur les attaques du 7 octobre. Comme si le temps s’était arrêté à ce moment-là, et que rien de ce qui s’est produit par la suite ne pouvait être plus horrible.

À l’exception de l’Humanité, on retrouve les termes « 7 » et « octobre » en tête des collocations (association fréquente de deux éléments dans un discours) du mot « massacre » dans tous les journaux étudiés. Ce terme de « massacre » est associé au terme « juifs » dans les 10 premières collocations du journal le Monde, et le plus souvent à celui d’« antisémite » dans le Figaro et le JDD.

« Nous combattons des animaux humains »

« À de rares exceptions près, le récit du 7 octobre domine dans le discours médiatique », analyse Dominique Vidal. Or, comme le rappelle ce spécialiste du conflit israélo-palestinien, les signes du déchaînement aveugle de la violence israélienne sont visibles dès le surlendemain.

« Nous combattons des animaux humains », déclarait le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dans son discours du 9 octobre, promettant par la même occasion qu’il n’y aurait « pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau » à Gaza.

« On a affaire à un naufrage persistant de la plupart des médias dominants, lesquels auront tout de même amplement participé, par leurs partis pris et leurs silences, à la fabrique du consentement au génocide », conclut Pauline Perrenot.

Bombarder les écoles et les hôpitaux, affamer la population, bloquer l’aide humanitaire, torturer les prisonniers ou bien encore utiliser les Palestiniens comme boucliers humains… rien, rien de tout ça n’aura suscité une émotion médiatique comparable à celle du 7 octobre.

Sources et méthodologie

Pour réaliser cette enquête, l’Humanité a analysé 13 394 articles de presse. Dans le détail : 2 827 de l’Humanité, 2 408 articles de Libération, 2 668 articles du journal Le Monde, 3 788 articles du Figaro et 1 703 articles du JDD. Ce corpus regroupe les articles, éditoriaux, tribunes et brèves de direct concernant la guerre à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 11 octobre 2024. Il nous a été fourni par l’ONG Techforpalestine et a fait l’objet de plusieurs nettoyages basés sur une liste de mots clés avant l’analyse statistique.

Grâce à leur outil d’analyse (Media Bias Meter) nous avons pu calculer les occurrences de plusieurs termes (Palestiniens, israéliens, génocide…) et le nombre d’articles correspondant afin de calculer des parts en pourcentage. Les collocations de termes ont ensuite été calculées grâce au logiciel opensource VoyantTools.

Cette analyse statistique s’inscrit dans une démarche quantitative. Les données de cette enquête mettent en lumière un phénomène global dans le récit médiatique. Elles ne permettent pas d’expliciter un phénomène qualitatif sur une sélection réduite des articles.

20:04 Publié dans Actualités, Dossier, Eclairage, Journal, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaza, médias | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

10/09/2024

Meurice et sa bande rebondissent sur Nova

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Avec Pierre-Emmanuel Barré, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Florence Mendez, tous recalés de France Inter, Guillaume Meurice a inauguré ce dimanche soir la première de son émission « la dernière », sur la radio Nova. Un peu de bazar, beaucoup de bonne humeur, et énormément de vraie insolence.

Beaucoup d’excitation de la part du public, un petit stress palpable au début, mais au final, l’émission de Guillaume Meurice sur Nova, « La dernière », qui s’est tenue pendant deux heures ce dimanche 8 septembre, a rempli sa mission : tenir la dragée haute à l’actualité avec un regard de gauche assumé, et remplir l’espace laissé vacant par la suppression du Grand Dimanche Soir sur France Inter par Adèle Van Reeth la directrice de la station et Sibyle Veil, la présidente de Radio France.

Accompagné de Pierre-Emmanuel Barré, Florence Mendez, Juliette Arnaud et Aymeric Lompret, Guillaume Meurice avait, sur ses réseaux sociaux, donné la philosophie de cette émission : « comme on a compris que la liberté d’expression, c’était surtout un joli concept, on s’est dit que le mieux, c’était d’imaginer chaque émission comme si c’était la dernière ».

En le précisant d’ailleurs dès le début de l’émission : Matthieu Pigasse, le propriétaire de la station, était présent dans la salle pour la première de La dernière. Ce qui n’a pas empêché les coups de griffe, d’ailleurs, contre la régie publicitaire de Nova confiée à Lagardère (sous contrôle de Bolloré), ou sur Rock-en-Seine, festival également géré par le banquier d’affaires.

Chaque chroniqueur a tiré à boulets rouges sur un fait d’actualité

L’émission se tient sur deux heures. Dans la première heure, chaque chroniqueur a tiré à boulets rouges sur un fait d’actualité : sur la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, Guillaume Meurice a osé un « Macron avait prévenu. Il avait dit : “je vais chercher, un con, promis” ».

Pierre-Emmanuel Barré a rebondi sur la candidature d’Edouard Philippe à l’élection présidentielle : « Il a deux prénoms, Édouard Philippe. En trente ans de vie politique, il n’a pas réussi à se faire un nom ». Juliette Arnaud a fustigé le pape qui ne comprend pas les personnes qui préfèrent adopter un animal domestique que de faire des enfants…

L’émission a eu pour invité l’historien Johann Chapouteau, spécialiste du nazisme, qui a fait un parallèle entre les années 1930 et aujourd’hui. En partant d’abord d’un gros propriétaire de médias, Alfred Hugenburg, antisémite, « colonialiste de l’intérieur », qui a littéralement façonné l’opinion publique allemande et largement préparé le terrain à Hitler.

Idem avec l’invitée de l’invité, Maud Chirio, qui a fait ce même parallèle avec le Brésil de Bolsonaro. Les deux ont aussi montré comment, partout et de tous temps, l’extrême droite tente de discréditer ses adversaires politiques en faisant régner la peur, hier « avec le bolchevisme culturel », aujourd’hui avec « l’islamo-gauchisme » teinté de wokisme.

Une émission vivante, drôle, et surtout sacrément instructive.

Guillaume Meurice a une carte blanche à la fête de l’Humanité le vendredi 13 septembre à 19 h 13.

La dernière. Nova. Le dimanche de 18 à 20 heures.

19:51 Publié dans Actualités, Eclairage, Informations, Journaliste, Radio, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nova, meurice | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

26/03/2020

Essai. Un économiste décortique la presse dominante

medias livre.jpgL’économie vue des médias Anatomie d’une obsession morale Michaël Lainé Éditions Le Bord de l’eau, 225 pages
À partir d’une lecture méthodique de six journaux appartenant aux grandes fortunes, Michaël Lainé met à bas le prêt-à-penser néolibéral.

Disons-le d’emblée : le titre de l’ouvrage n’est pas tout à fait adéquat au contenu. Car ce qu’analyse en réalité Michaël Lainé, membre des Économistes atterrés, ce n’est pas l’économie « dans les médias », mais dans une poignée d’entre eux. « Vu l’immensité de la tâche, il fallait faire un choix. Nous nous sommes focalisés sur la presse écrite nationale », explique-t-il dès l’avant-propos.

Mais, même à ce niveau, la sélection semble avoir été rude, puisque les seuls titres retenus sont le Figaro, le Monde, Libération, le Point, l’Express et l’Obs. Cela en exclut quelques-uns, qu’il eût été pourtant intéressant de mettre en balance, à commencer par l’Humanité, ne serait-ce que pour mieux faire ressortir la plus ou moins forte homogénéité des journaux étudiés, en matière de pensée économique. Et c’est là tout l’objet du livre. Certes, le manque de diversité pointé n’est pas en soi une surprise. En revanche, c’est certainement la première fois que cette réalité se voit quantifiée avec précision.

Michaël Lainé a lu plus de 15 000 articles, produits sur les années 2014 et 2015. Grâce à une méthodologie visant à s’approcher au maximum de l’« objectivité », et qu’on ne peut ici décrire de façon exhaustive, il recense ainsi, par exemple, 66 articles fustigeant le Code du travail, contre 13 seulement « qui le louent ». Dans le panel, « seul Libération consacre plus d’analyses pour sa défense », observe-t-il. Mais en regardant dans le détail, seuls 15,4 % des articles de ce quotidien sont franchement « pour » le Code du travail, et 30,8 % « plutôt pour ». Bien sûr, c’est toujours mieux que l’Express et le Point, où 100 % des papiers s’avèrent hostiles.

Une série d’« éclairages empiriques » ou « théoriques »

Outre cette production de données statistiques, que l’on retrouve sur bien d’autres thèmes, comme les 35 heures ou le Smic, l’ouvrage apporte une série d’« éclairages empiriques » ou « théoriques », démontant un à un tous les préjugés néolibéraux promus par une majorité de médias : le culte de l’austérité budgétaire, le dénigrement systématique des fonctionnaires (ces « privilégiés ») et de l’intervention de l’État dans les entreprises, l’invocation à tout bout de champ des contraintes de la « mondialisation » ou, sur un registre plus « moral », les saillies contre l’« assistanat » auquel conduirait notre modèle social… Bien que l’auteur porte un regard pessimiste sur l’avenir des médias, on trouvera dans son travail de solides raisons pour redoubler d’efforts dans le soutien à la presse indépendante des puissances financières.

18:11 Publié dans Eclairage, Informations, Journal, Manipulation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : essai, médias, laine | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |