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23/12/2012

Pierre-Louis  Basse : "Dans notre société, les journalistes doivent s’engager"

internet, entretien, journalisme, audiovisuel, pierre-louis basse, europe 1Entretien réalisé par l'Humanité. Pierre-Louis Basse a remporté un succès critique et public avec son livre Gagner à en mourir. De retour à l’antenne sur la chaîne Sport 365, sur Internet, il livre avec gourmandise son actualité. Et pose un regard sans complaisance sur les médias français.

Vous avez deux livres en écriture…

Pierre-Louis Basse. Je travaille sur deux livres. Le premier est un roman, à partir d’une histoire d’amitié de Jesse Owens avec le sauteur en longueur Lutz Long, le héros allemand que toute l’Allemagne d’Hitler attendait. C’est une histoire extraordinaire en noir et blanc. Mon second ouvrage m’excite, il portera sur les racines familiales, industrielles et politiques de l’extrême droite.

Et la chaîne Sport 365

Pierre-Louis Basse. C’est une très belle aventure, qu’il faut mettre au crédit de Patrick Chêne, et de toute l’équipe autour d’Arnaud de Courcelles, le rédacteur en chef. Il avait envie de mettre en place un grand magazine, chaque soir de la semaine, avec quatre présentateurs différents (Philippe Vandel le lundi, Jean-Philippe Lustyk le mardi, Benoît Maylin le mercredi et Pierre-Louis Basse, de 22 heures à minuit le jeudi – NDLR). Ce qui m’intéressait, c’est de travailler autour de la mémoire du sport. Depuis trois mois, j’ai reçu Bernard Chambaz, Bernard Pivot, Philippe
 Bordas, Finkielkraut. Nous avons abordé le sport sous le nazisme, splendeur et misère du sport au cinéma… Ma vie, c’est la radio et l’écriture, je ne suis pas un homme de télé, d’image. Mais je suis heureux le jeudi soir, l’équipe est très jeune et très curieuse, très chouette. J’y ai carte blanche. Un an après avoir quitté Europe 1, c’est une vraie belle lumière. Je n’oublierai jamais la main que m’a tendue Patrick Chêne et la liberté que j’ai. J’invite vraiment tous ceux qui aiment le sport, qui ne se satisfont pas du bruit, de la seule répétition des matchs et surtout de la vulgarité des commentaires sportifs, à regarder cette chaîne sur Internet. Où ce sont des valeurs de dignité, de sens, qui nous guident. Patrick voulait faire ça, et il est en train de réussir son pari.

Parce que ça a été un gros désert après 
votre départ d’Europe 1 ?

Pierre-Louis Basse. Je suis très heureux et je vis très bien sans Europe 1. Il n’y a aucun souci, je ne suis plus fâché. Un gros désert ? Non. J’écris, on publie mes livres, le dernier a très bien marché auprès du public. Je ne suis pas comme les filles de Moulinex, qui se font jeter à soixante ans et qui n’ont ni argent ni travail. Mais la radio, c’est ma vie.

Dans vos dernières interviews, vous donnez 
le sentiment de ne retenir des médias existants que du bruit et de la confusion…

Pierre-Louis Basse. Pas partout. Il y a des choses qui restent encore dignes. Par exemple, le matin, je me gave du journal de Patrick Cohen sur France Inter, qui est remarquable, du travail de Pascale Clarke. Il y a plein de très belles émissions sur le service public. J’aime bien le travail de Franck Ferrand sur Europe 1, c’est très digne, et avec un contenu de haute volée. Il ne s’agit pas de dire que tout vaut tout. Mais on a abdiqué, il y a quinze ou vingt ans, une partie de notre devoir. On n’est pas journaliste uniquement pour montrer sa gueule ou donner sa voix à entendre. On est dans une société qui bouge, qui vit, ça veut dire de l’engagement, une prise de risque. Ou alors, on sera éternellement dans la pâmoison devant Zola, devant Hugo. Mais avec nos contemporains ?

Mais il y a un credo, depuis au moins deux décennies, sur la prétendue objectivité, 
voire neutralité du journaliste…

Pierre-Louis Basse. C’est une illusion, ça. Nous avons tous notre propre subjectivité. C’est ce que je défends, et qui m’a coûté ma place à Europe 1. L’objectivité, c’est déjà un engagement sourd et plein d’hypocrisie. Je veux citer un seul exemple : si les journalistes n’avaient pas abdiqué, nous n’aurions pas cédé à la monomanie de l’expert. Qui sont des gens qui viennent vous voir le lundi et disent rouge, le mardi violet, le mercredi rose bonbon… Si l’on veut comprendre le monde, il faut pouvoir s’appuyer sur des gens qui en ont une lecture, des historiens, des philosophes, des écrivains. Le métier a abdiqué de ce point de vue.

Qui dans le métier ? Les gens qui dirigent l’audiovisuel ? Le journaliste de base ? 
Est-ce que les conditions économiques désastreuses dans lesquelles s’exerce notre métier ne participent pas, aussi, à une mise sous pression des individus ?

Pierre-Louis Basse. C’est un mélange de tout ça. C’est une pipolisation. Ce sont des connivences de réseau, de salon, les jeux de chaise musicale : un jour tu fais de la radio, le lendemain de la télé. Il y a une nomenklatura. Ceux qui dénonçaient l’Union soviétique ont créé la même structure dans nos sociétés hyperlibérales : il ne s’agit plus de la qualité au service du plus grand nombre, mais de quelques-uns qui se gavent. Et qui exploseront. Ce sont des signes que nous avons dans l’audiovisuel, mais aussi dans l’économie et le social. Ça ne pourra pas durer. Le FN naît aussi de ce qu’on offre du point de vue intellectuel et politique. Il n’est pas normal par exemple de voir très peu de gens de l’Huma, depuis des années, sur les plateaux ou dans les studios ? Ils ont peur de quoi ? De quelle parole ?

Vous critiquez beaucoup le recours systématique aux chroniqueurs, qui induisent selon vous une certaine forme d’hystérie.

Pierre-Louis Basse. On est passé d’un rire subversif à la Desproges, à une galerie des grimaces. Et le rire, dans l’émission, est tellement fort qu’il finit par pratiquement mordre sur l’éditorial. Et c’est aussi vrai avec le sport, la politique. Pour moi, ça s’appelle le fascisme froid, ça. L’expression est de Houellebecq et elle est tout à fait juste.

Et Internet ?

Pierre-Louis Basse. Il y a un flux d’infos. Il y a toute une jeunesse malicieuse qui va chercher du contenu culturel en ligne. On l’a vu dans les révolutions arabes, d’ailleurs. Certains blogs n’ont rien à envier à ce qui se passe sur certains plateaux de télévision. La télévision, c’est tellement effrayant qu’il ne restait qu’à décider comme Pflimlin : mettre Taddeï sur France 2... À l’inverse, lors de la campagne de pub de D8, j’ai quand même vu des slogans comme « se distraire ou mourir » ! Au secours ! D’où le besoin d’inventer encore et encore.

Portrait d’un révolté. Pierre-Louis Basse a été, vingt-cinq ans durant, une des grandes voix d’Europe 1. Spécialiste du sport, il a animé sur la station privée des émissions sportives qui ne se contentaient pas de commenter des matchs, mais se mêlaient aussi de littérature, de cinéma, de politique. Bienvenue chez Basse, la dernière en date, c’était une émission vivante, qui se proposait aussi de réfléchir sur la place du sport dans 
la société. La direction d’Europe 1 a interrompu cette intéressante expérience à la rentrée 2011. Pierre-Louis Basse, qui a aussi, au fil de sa carrière, travaillé pour Canal Plus, France 5, ou l’hebdomadaire Marianne, a profité de ce temps pour se consacrer à sa seconde passion : l’écriture. Auteur d’ouvrages remarqués, dont 
le fameux Guy Môquet, une enfance fusillée, 
il associe désormais ses deux passions : le sport et la littérature. Avide de connaissances toujours nouvelles, Pierre-Louis Basse allie un esprit frondeur à une réelle générosité.

26/04/2012

L’Humanité, le journal que ne supporte pas Sarkozy…

l'humanité, nicolas sarkozy, front de gauche, présidentielle 2012Le président-candidat n’a pas supporté que l’Humanité prouve, citations à l’appui, que son discours sur le 1er mai, contre les syndicats et les corps intermédiaires ressemblait mot à mot à ce qu’en disait Pétain en 1940.

Aujourd'hui, sur France Inter, il a parlé de « stupidité de ceux, je pense à un journal, l’Humanité qui m’accusent de fascisme », avant de se lancer dans une violente tirade anti-communiste et une mise en cause de Jean-Luc Mélenchon. Mettons les choses au point. Nicolas Sarkozy a un rapport très complexe avec la vérité : nous n’avons pas parlé de fascisme mais de « relents pétainistes ».

 l'humanité, nicolas sarkozy, front de gauche, présidentielle 2012Les émanations en sont si fortes qu’elles incommodent jusque dans les rangs de l’UMP et qu’il a dû renier le terme de « vrai travail », en prétendant mensongèrement devant des millions de téléspectateurs mercredi soir sur TF1 qu’il n’avait pas usé de ce terme.

Il reste que pour la première fois depuis la Libération, un dirigeant de droite organise une contre-manifestation anti-syndicale le 1er mai. Notre journal n’a pas usé de qualificatifs mais de faits sur lesquelles certains de nos confrères qui ont accompagné la fureur sarkozyste devraient se pencher. N’avait-il pas déjà évoqué avec des accents des années sombres la terre qui ne ment pas ? C’est toujours quand elle flirte avec l’extrême-droite que la droite renoue avec les idées et les mots du maurrassisme ou des ligues factieuses d’avant-guerre.

L’épouvantail agité par Nicolas Sarkozy sur l’appel à voter Hollande lancé dans 700 mosquées, s’est également avéré un mensonge éhonté. Utiliser ce type de stigmatisation de populations pour leur origine religieuse ou ethnique, faire du mensonge un ressort de campagne… ça ne vous rappelle rien ?

A entendre le président-candidat, on mesure que son programme est pire encore que son bilan. Nous le dirons et le redirons, sans crainte d’être la cible des colères élyséennes.

Patrick Apel-Muller, directeur de la rédaction de l’Humanité

23/03/2012

35 millions de Français lisent la presse écrite chaque jour

humamelenchon.jpgLes premiers résultats de l'étude One d'audience de la presse ont été présentés, lors de la publication du 22ème observatoire de l'OJD.

« La presse écrite est belle et vivante, arrêtons de dire qu'elle est en crise ! ». En évoquant ce matin les résultats de l'étude One, qui mesure pour la première fois l'audience de tous les titres de presse (quotidiens et magazines), Sébastien Danet, président de Vivaki, a tenu à rappeler le dynamisme de certains titres et le rôle majeur de la presse dans les dispositifs des annonceurs.

Car la presse reste un média puissant : 35 millions de Français lisent au moins un titre par jour, soit 69 % des Français. Et toutes les grandes familles de presse restent représentées : 30 % des titres lus appartiennent à la famille Féminins-Santé-Cuisine-People-Famille, 20 % sont des quotidiens, 17 % des magazines dits « à centre d'intérêt », 14 % des magazines de télévision, 10 % des news ou des magazines économiques, et enfin 10 % des titres de la famille Maison-Décoration-Jardin.

Baisse globale des diffusions

Pour autant, cette puissance peine à masquer la baisse globale des diffusions l'an dernier. Selon le 22ème observatoire de l'OJD, lui aussi présenté ce matin, la diffusion France payée de la presse grand public a reculé en 2011 de 2,3 %. Elle avait déjà baissé de 2,2 % l'année précédente. Au total, elle a perdu 15 % depuis 2001. Toutes les familles de presse ont baissé l'an dernier : -2,04 % pour la presse quotidienne et -3,1 % pour la presse magazine.

Dans cette dernière catégorie, les news et les autres magazines d'information ont plutôt bien résisté (-0,8 % et -0,5 %), contrairement à la presse people (-4,67 %), la presse de télévision (-3,3 %), ou même les féminins (-2 %). La presse masculine a particulièrement souffert l'an dernier (-27 %). Ayant subi de plein fouet l'impact des mutations numériques, la presse technique et professionnelle a également accusé une baisse de 5,7 % l'an dernier, soit près de 60 % en dix ans.

Dans ce paysage global, certains n'en ont pas moins tiré leur épingle du jeu. Nouvelles formules et innovations ont en effet permis à certains titres de progresser -et de se voir récompensés d'une étoile OJD. Au tableau d'honneur cette année, « Libération », « Les Inrockuptibles », « Le Nouvel Observateur », ou encore, parmi les mensuels, « Modes & Travaux » et « Détours en France ».

Les sites Internet du Figaro et de Sud Ouest ont de même été primés. « Le Télégramme » et lequipe.fr ont de leur côté reçu l'étoile de la constance dans le succès. « Les Echos », enfin, n'ont pas à rougir de leurs performances puisqu'ils ont été nominés dans deux catégories (presse quotidienne et constance dans le succès).

Anne FEITZ, les Echos

 

 

14:09 Publié dans Actualités, Journal | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : journaux, audience, presse, humanité, mélenchon | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

30/10/2011

Les tablettes moins intéressantes pour les médias écrits, révèle une étude

SiPadmedia.pngi les tablettes électroniques se vendent, qu’en est-il du contenu journalistique payant qui prend d’assaut ces gadgets? Les résultats d’une étude réalisée par le Programme d’excellence en journalisme du Pew Research Center, qui ont été publiés en début de semaine, pourraient bien avoir l’effet d’une douche froide sur les enthousiastes des nouvelles numériques.

Au dire de cette étude, 11 pour cent des adultes américains possèdent désormais une tablette numérique d’une marque ou une autre, et ce après que l’arrivée du iPad d’Apple sur le marché eut fait exploser la demande pour ce type d’appareil. De ce nombre, un peu plus de la moitié (53 pour cent) s’en servent pour consulter les informations sur une base quotidienne, explique le Pew Research Center, avant de préciser qu’une majorité affirme ne pas avoir l’intention de s’en servir pour acheter de l’information à consulter sur ces tablettes.

Les faits, s’ils peuvent en étonner plusieurs, font dire à Alan Mutter que le potentiel de vente de nouvelles via ce type de gadgets semble « limité », et l’euphémisme est ici bien choisi. M. Mutter, qui a eu une longue carrière dans les médias écrits avant de passer à la télévision, puis aux compagnies spécialisées sur le web dans la fameuse Silicon Valley, ajoute, sur son blogue Reflections of a Newsosaur, que 14 pour cent seulement des détenteurs de iPads et tablettes – selon les données de l’étude – possédaient une application d’information payante.

Le coup de sonde, conduit auprès de 1200 utilisateurs de tablettes par le Pew Research Center et The Economist Group, vient davantage fragiliser l’idéal journalistique autrefois représenté par les tablettes. Présentées comme des appareils pouvant sauver les médias écrits de la crise – entre autres par Steve Jobs, défunt patron d’Apple -, les tablettes ne seraient ainsi qu’un débouché aux possibilités limitées.

Dans le rapport présentant les conclusions de l’étude, les auteurs précisent que la façon dont les premiers acheteurs de tablettes consomment leur information est surprenante. Lorsque le iPad a débarqué sur le marché, rapidement suivi de ses concurrents, plusieurs observateurs croyaient que les tablettes pourraient aider à modifier l’expérience des consommateurs d’information et les règles économiques de base de la consommation de nouvelles sous forme électronique.

Cette croyance, explique l’étude, était basé sur l’impression que les gens consommeraient de l’information via des applications spécialisées ou des applications servant d’agrégateurs de nouvelles. Les utilisateurs téléchargeraient les applications, qui pourraient être facturées par les médias, ce qui les rendraient plus intéressantes pour les publicitaires.

Les résultats de l’étude, toutefois, tendent à prouver le contraire. Quarante pour cent des répondants ont dit consulter les nouvelles principalement à partir d’un navigateur web, tandis que 31 pour cent utilisent, dans une même proportion, les applications et les navigateurs, et que seuls 21 pour cent des personnes interrogées utilisent principalement des applications.

Perspective encore plus décevante pour les responsables de médias, des gens n’ayant pas acheté directement une application pour avoir accès à des nouvelles (soit 86 pour cent des répondants), seuls 21 pour cent seraient d’accord pour débourser cinq dollars par mois si cela était la seule méthode pour accéder à leur source d’information préférée sur tablette.

La partie est ainsi bien loin d’être gagnée pour les médias. Le salut se trouverait-il dans les ententes avec les fournisseurs de tablettes pour faire signer un contrat de plusieurs années avec les abonnés leur donnant accès à une tablette et au journal sous forme numérique? L’enthousiasme des lecteurs de L’Acadie Nouvelle, dans les provinces atlantiques, pour ce genre d’entente, est peut-être précurseur d’une vague qui pourrait déferler au Québec et dans la région de Toronto, quand le groupe Gesca et deux quotidiens torontois présenteront respectivement leurs propres plans en ce sens.

Du côté de Quebecor, qui a lui aussi lancé son propre forfait tablette et accès à ses médias il y a quelques semaines, la force de l’empire médiatique, avec ses nombreux quotidiens, mais aussi ses magazines, pourrait lui donner une longueur d’avance.

Publié par http://www.pieuvre.ca/

19:01 Publié dans Actualités, Blog, Journal, Web | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tablettes, journaux, ipod | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |