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26/07/2016

Turquie. Les journalistes en état d’arrestation

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Pierre Barbancey, L'Humanité

Istanbul, envoyé spécial. Quarante-deux journalistes sont sous le coup d’un mandat d’arrêt pour soutien présumé au coup d’État avorté. Les attaques contre les journalistes et les médias ont commencé il y a plusieurs mois déjà.

Des mandats d’arrêt ont été délivrés à l’encontre de 42 journalistes dans le cadre des purges tous azimuts lancées après le putsch du 15 juillet. Cinq d’entre eux auraient déjà été interpellés. Le président Recep Tayyip Erdogan avait prévenu, samedi, dans un entretien à France 24, que, « si les médias soutiennent le coup d’État, qu’il s’agisse de médias audiovisuels ou autres, ils en paieront le prix ».

Le 19 juillet, le régulateur turc des médias audiovisuels avait retiré leur licence à de nombreuses chaînes de télévision et de radio soupçonnées de soutenir le réseau du prédicateur Fethullah Gülen, exilé aux États-Unis depuis 1999, accusé d’être l’instigateur du putsch. Cette décision concernait 24 chaînes de télévision et radios et 34 journalistes, considérés comme proches de ce religieux. Ils avaient été privés de leur carte de presse. Depuis l’échec du coup d’État, plus de 11 000 personnes ont été placées en garde à vue et plus de 5 800 placées en détention. Plus de 1 000 établissements d’enseignement, 15 universités, plus de 1 200 associations ou fondations et 19 syndicats ont déjà été fermés. À ce compte-là, ce n’est plus une purge mais les écuries d’Augias.

En réalité, derrière ces attaques se cachent les règlements de comptes entre les deux ex-alliés, Recep Erdogan lui-même et Fethullah Gülen, dont le divorce est apparu en 2013, lorsque ont éclaté des affaires de corruption éclaboussant des caciques du pouvoir et des proches du président turc, largement relayées par des médias proches ou appartenant à la mouvance Gülen. L’une des journalistes recherchés n’est autre que Nazli Ilicak, figure éminente de la presse conservatrice, limogée du quotidien progouvernemental Sabah en 2013 pour avoir critiqué des ministres impliqués dans le scandale de corruption. Elle a créé une revue l’an passé, Özgür Düsünce (la libre-pensée), mais était également chroniqueuse dans un journal taxé de güleniste, Bugün.

Depuis des mois, les médias de gauche sont particulièrement visés

Est-ce que l’appartenance d’un(e) journaliste à un média fait de lui (elle) un soutien réel de la ligne éditoriale ? La question vaut d’être posée (y compris en France). L’inquiétude est grande, d’autant qu’Amnesty International affirme avoir réuni des « preuves crédibles » attestant de tortures, et même de viols, de personnes détenues en Turquie après la tentative de coup d’État ratée qui a fait 270 morts. Autre élément d’inquiétude, la situation nouvelle, l’état d’exception en vigueur, pourrait servir d’écran pour poursuivre les attaques contre les journalistes et les médias, commencées il y a plusieurs mois déjà et qui n’ont aucune affinité avec Gülen. C’est le cas, par exemple, de Can Dündar, ancien rédacteur en chef de Cumhuriyet, inculpé avant la tentative de putsch.

Les médias de gauche, qui ouvrent leurs antennes et leurs pages aux revendications kurdes, sont particulièrement visés depuis des mois. Inan Kizilkaya, rédacteur en chef du quotidien Özgür Gündem, explique ainsi que depuis qu’il a pris ses fonctions, le 27 mars dernier, il y a « pratiquement un procès chaque jour. Près de 100 instructions ont été ouvertes à mon encontre pour “propagande d’un groupe terroriste”. C’était pareil pour mon prédécesseur, Reyhan Çapan, qui vient de faire appel d’une condamnation à trois ans et demi de prison.

Depuis que la guerre a recommencé contre les Kurdes, l’État est passé à l’offensive contre nous. Il y avait déjà des problèmes s’agissant de la liberté de la presse mais ce qui restait a été balayé ». Depuis le mois de septembre, 13 journalistes ont été arrêtés au Kurdistan, seuls 4 ont été relâchés. Les journalistes qui les soutiennent sont aussi inquiétés. C’est le cas de Faruk Eren, coordinateur de l’information sur la chaîne IMC et président de la section des journalistes au sein de la centrale syndicale Disk. Rédacteur en chef d’un jour à Özgür en signe de solidarité, il est maintenant poursuivi pour « propagande de la terreur ». Nos deux confrères en appellent à la solidarité internationale. « Tout peut nous arriver. Quand on va seul à un procès, on se sent vraiment vulnérable. Mais quand on y va accompagné ou soutenu par une campagne de solidarité, on se sent beaucoup plus fort. »

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13:21 Publié dans Actualités, Informations, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, journaliste, arrestation | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

18/06/2016

Le pluralisme dans les 20H de France2 : « A bout de souffle…! »

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Jeudi, 16 Juin, 2016, Communiqué du SNJ-CGT

« Journaliste à France 2 ou éditorialiste au Figaro ? ». C’était déjà la question que posait Acrimed le 27 mai dernier pour dénoncer l’intervention orientée anti-CGT de la « chef » du service politique de France 2 dans le 20H.

Dans le collimateur de l’éditorialiste : la CGT de Martinez et sa « radicalisation tous azimuts », qui veut paralyser le pays malgré « une base rabougrie »… Et déjà elle pointait un « mouvement qui s’essouffle »…

Si 700.000 adhérents (ça c’est vérifiable) est une « base rabougrie », que dire alors de la légitimité des partis politiques, qui, TOUS confondus, (et il y a 400 partis déclarés en France !) n’atteignent même pas le niveau des adhérents CGT !

Ou bien notre consœur ignore ce paramètre de la démocratie française, ou bien elle a décidé de ne pas en tenir compte pour servir son propos orienté !

Alors l’édito, pourquoi pas, à condition que l’exercice ne trahisse pas nos missions de service public à commencer par le respect du pluralisme et la vérification des informations !

Ainsi, que penser de cette phrase entendue ce 23 mai : « alors cette stratégie, elle est justifiée par un score en chute libre à la CGT ?...»

Mais de quel score parle-t-elle ? Qui mesure quoi ? Dans quel contexte ? Sans explication ? La phrase n’a d’autre sens que de vouloir discréditer la centrale syndicale ! Comme le font le gouvernement, le Président de la république et le chef du principal parti d’opposition ! Mais apparemment pas 59% des Français qui continuent de trouver justifiée la mobilisation contre la loi (sondage IFOP pour Atlantico juin 2016).

Et rebelote le 14 juin, la journée de mobilisation suivante et son imposante manifestation parisienne : au 20H de France 2, « ça s’essouffle… » à nouveau, c’est « le commencement de la fin… », « le chant du cygne… » et au passage, on fustige la CGT en oubliant que ce sont bien sept organisations syndicales qui continuent d’appeler à manifester contre la loi travail…

Ce communiqué n’est pas le premier à dénoncer la dérive libérale, « bien-pensante » de la rédaction de France 2 et du 20 h en semaine en particulier…

Du haut de l’esplanade Henri-de-France, « l’élite, les représentants du vaisseau amiral de l’audiovisuel public » décident donc d’indiquer au bon peuple ce qu’il faut penser, comment il faut réagir : une pensée unique bien loin de correspondre à la réalité française !!!

Le respect du pluralisme, voila ce qui s’essouffle à la rédaction de France 2 et le 20H du 14 juin dernier en est une autre caricature !

Que la déontologie journalistique soit respectée ! Le journal de 20h, ce n’est, ni la cafétéria du MEDEF, ni le buffet de l'Elysée, quel que soit le régime de son locataire !!

Et souhaitons à ces têtes de pont du 20H de France 2 en semaine que ce mouvement social ne soit pas leur « chant du cygne » !

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29/05/2016

Journaliste de France 2 ou éditorialiste du Figaro ? Nathalie Saint-Cricq face à la CGT

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Retour sur une appropriation privée du service public par une cheffe de la rédaction.

Pris dans le flot des commentaires à sens unique contre les grèves et la CGT, l’éditorial de combat de Nathalie Saint-Cricq, prononcé lors du ,JT de 20 h sur France 2 le 23 mai 2016, aurait pu passer inaperçu, si nous n’avions pas été quelques-uns à le relever [1].

Il mérite pourtant qu’on lui réserve un sort particulier. Mais d’abord regardons la responsable du service politique de France 2 et relisons sa prose.

- David Pujadas : « Et dans le même temps la CGT souhaite encore durcir et élargir le mouvement. Elle appelle à une grève illimitée à la RATP à partir du 2 juin rappelant qu’elle est le premier syndicat de l’entreprise. Elle demande la réouverture des négociations salariales et, toujours, le retrait du projet " loi travail ". Bonsoir Nathalie Saint-Cricq. »
- Nathalie Saint-Cricq : « Bonsoir David. »
- David Pujadas : « Est-ce qu’on assiste là à une radicalisation de la CGT ? »
- Nathalie Saint-Cricq : « Ah ben clairement David, à une radicalisation tous azimuts et une technique révolutionnaire bien orchestrée ou comment paralyser un pays malgré une base rabougrie et même si le mouvement s’essouffle. Alors regardez bien cette affiche, elle est d’une confondante clarté. On y parle de compte à rebours, on y voit des bâtons de dynamite, un slogan "On bloque tout", bref clairement on joue la rue et l’affrontement total. Alors la CGT de Philippe Martinez veut tout faire sauter alors que celle de Bernard Thibault laissait toujours une petite porte entr’ouverte et quand clairement la CFDT a choisi le voie de la réforme négociée. »
- David Pujadas : « Pourquoi cette stratégie ? Est-ce que ça n’est pas un pari risqué ? »
- Nathalie Saint-Cricq : « Alors cette stratégie elle est justifiée par un score en chute libre à la CGT. Mais c’est un pari risqué d’abord parce que rien ne permet de dire que cette radicalisation va dans le sens de l’histoire ou au contraire. Ensuite jouer l’explosion sociale c’est prendre finalement la responsabilité qu’il y ait un accident, un blessé ou un mort. Et puis c’est aussi risqué de se mettre à dos durablement l’opinion publique. Enfin exiger purement et simplement le retrait de la "loi travail" ben c’est jouer un va-tout qui n’a pratiquement aucune chance d’aboutir. »
- David Pujadas : « Merci Nathalie. »

Économisons nos commentaires. Cet éditorial digne du Figaro a été servi sur France 2. Or France 2 n’est pas, en principe, un média d’opinion. La chaîne est tenue, autant que faire se peut (et sans qu’il soit besoin de se bercer d’illusion sur la « neutralité ») de respecter un minimum de pluralisme éditorial.

France 2, il faut le rappeler, est une chaîne du secteur public qui prétend être une chaine de service public ! Elle n’est pas, en principe, la propriété privée de sa chefferie éditoriale.

L’engagement éditorial est une forme d’engagement militant. Et dans le cas présent l’outrance de cet engagement militant soulève au moins deux questions :

- Le CSA qui s’occupe de déontologie quand ça l’arrange, alors que ce n’est pas son rôle va-t-il s’insurger contre ce déni de pluralisme éditorial, alors que la garantie du pluralisme entre dans son domaine de compétence (ou d’incompétence…) ?

- Les journalistes de la rédaction de France 2 (du moins ceux qui sont « protégés » par un CDI) vont ils se rebeller contre cette atteinte manifeste à la mission qu’officiellement ils s’assignent ?

Naïfs que nous sommes ? La radicalisation de Nathalie Saint-Cricq mériterait que ces deux questions reçoivent des réponses.


Henri Maler (avec Denis Souchon) pour Acrimed

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18/04/2016

Malgré les "Panama Papers", une majorité des eurodéputés français votent une directive sur le secret des affaires

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Droite, FN et PS font passer la directive sur le secret des affaires

Quand François Hollande se réjouit des révélations de fraude fiscale via les Panama Papers, c’est du flan : au Parlement européen, aucun élu du groupe socialiste français n’a voté contre la directive sur le secret des affaires, propre à dissuader à l’avenir toute révélation de ce type.

« Ce texte est le reflet d’une société qui préfère l’opacité des affaires à l’information libre », ont accusé Patrick Le Hyaric, Marie-Christine Vergiat, Jean-Luc Mélenchon et Younous Omarjee, eurodéputés Front de gauche. Trois des douze élus PS se sont abstenus (Emmanuel Maurel, Édouard Martin et Guillaume Balas), les autres votant pour.

Le FN, « Les Républicains », le Modem, le PRG ont aussi voté pour, à quelques exceptions. Seuls le Front de gauche et Europe Écologie-les Verts (EELV) ont voté contre. Au final, le texte a été adopté à 77 % par le Parlement, dans une version qui ne définit pas précisément la frontière entre secret des affaires et intérêt public général.

L'affaire des Panama Papers a secoué le monde avec la publication de 11,5 millions de documents, décryptés par plusieurs médias. Ce scandale a pu éclater grâce à un lanceur d'alerte "dont l'identité reste protégée". Ce dernier a contacté un journal allemand, Süddeutzsche Zeitung, qui a ensuite transmis les informations à d'autres médias et plus précisément au Consortium international de journalistes d'investigation. Selon l'émission Cash Investigation, il faudrait 26 ans pour analyser la totalité des données collectées dans cette affaire. En France, les révélations ont principalement concerné la Société Générale. La banque est soupçonnée de détenir 979 sociétés offshore. Selon les informations du Monde, l'entreprise aurait opéré via sa filiale luxembourgeoise afin de mettre en place un mécanisme international d'évasion fiscale.

Autre cible des Panama Papers : le Front national. Des proches de Marine Le Pen, Frédéric Chatillon et Nicolas Crochet, seraient impliqués dans l'affaire. Les deux hommes avaient déjà été mis en examen dans le cadre de l'enquête sur le micro-parti de Marine Le Pen et le financement des campagnes présidentielle et législatives de 2012.

Protéger les entreprises face au risque d'espionnage

Le scandale des Panama Papers a fait réagir la classe politique française et en particulier François Hollande, qui avait annoncé que ces révélations donneraient lieu à des "enquêtes" fiscales, ainsi que des "procédures judiciaires", en France. Mais dans les faits, les partis politiques semblent avoir pris du recul par rapport à l'affaire. Le 13 avril dernier, le Parlement européen, dont des eurodéputés Les Républicains, socialistes et du Front national, a voté la directive sur le secret des affaires. Selon le site Vote Watch, 503 eurodéputés ont ratifié le texte, contre 131 qui s'y sont opposés. 99 étaient absents et 18 se sont abstenus. 

À quoi sert cette directive ? Ce texte vise "à mieux protéger les entreprises européennes réputées vulnérables face à l'espionnage économique et industriel, surtout les PME", explique Le Monde. Cette directive a été lancée à la fin de l'année 2013 par Michel Barnier. Elle garantit ainsi qu'en  cas de "vol, acquisition ou d'utilisation illégale des informations confidentielles, la victime pourra défendre ses droits devant les juridictions civiles de la même façon partout en Europe", poursuit le journal. Cependant, ce texte ne fait pas l'unanimité auprès des eurodéputés verts. Selon eux, une définition trop vague du secret des affaires pourrait entraîner "l'absence d'une protection spécifique pour les lanceurs d'alerte". "Si les journalistes ne peuvent être condamnés pour avoir fait leur travail, alors il faudrait que cela soit expressément écrit dans le texte, or cela ne l'est pas", explique au Monde l'eurodéputé écologiste français Pascal Durand.

Les lanceurs d'alerte en danger ?

Le vote du Parlement européen et des politiques français pourraient ainsi se retourner contre les lanceurs d'alerte et les journalistes d'enquête. Élise Lucet a d'ailleurs posté un message sur Twitter où elle écrit : "Informer n'est pas un délit. Messieurs et Mesdames les députés européens, ne votez pas la directive secret des affaires !!!" Dans un autre message, la journaliste à la tête de l'émission Cash Investigation explique qu'il s'agit d'un "danger sur le journalisme d'investigation économique !!"

Sources l'Humanité et RTL