10/06/2018
Guy Debord, critique des fakes news
Jean-Jacques Régibier, Humanite.fr
En 1988, dans les « Commentaires sur la société du spectacle, » Guy Debord analysait de manière approfondie le phénomène de la « désinformation, » terme anglicisé depuis sous le nom de fake news. Au delà des débats actuels, mais y faisant écho, son apport théorique est fondamental pour comprendre comment les Etats modernes manipulent les fausses nouvelles pour obtenir la soumission des citoyens aux impératifs de l’ordre dominant.
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04/03/2018
SNCF / MEDIAS : Ils sont devenus fous !
Patrick Le Hyaric, directeur de l'Humanité, député au parlement Européen
Ils ont sorti les bazookas contre les cheminots et la SNCF. On a pu voir à quel point cette semaine la presse de connivence s'est vautrée une nouvelle fois dans le combat contre les travailleurs de notre réseau ferré et le service public. Examinons cet assèchement du pluralisme…
Et puis, il y a le Parisien qui opte ici pour un répertoire limité pour plus d'efficacité dans le bourrage de crâne. Voyons ces mots choisis… « Faire sauter le tabou du sacro-saint statut des cheminots qui alourdit automatiquement la masse salariale » ou encore ce statut est « une vraie bible sociale qui a un coût ».

C'est une bêtise crasse. On dépense plus d'argent pour les routes que pour le réseau ferré. Mais allons plus loin ! L'éducation nationale « coûte » à peu près 990 euros pour chacun de nous. Il faudrait donc fermer les écoles ou les privatiser ? Idem pour la santé. Par contre pourquoi ne nous parle-t-on jamais des crédits CICE aux grandes entreprises qui avoisinent les 20 milliards d'euros sans contrepartie pour l'emploi. C'est en vérité l'idée même de service public qu'ils attaquent.
Pourtant il est précisé que lors du transfert de personnels, les droits sont conservés. Ainsi dans le considérant 14 du texte est écrit ceci : « lorsque les Etats membres exigent que le personnel recruté par l'opérateur précédent soit transféré au nouvel opérateur de service public retenu, ce personnel devrait se voir octroyer les droits dont il aurait bénéficié s'il y avait eu un transfert au sens de la directive 2001/23/CE du Conseil. Les Etats membres devraient être libres d'adopter de telles dispositions. »
L'article 8 précise : « la présente directive ne porte pas atteinte au droit des Etats membres d'appliquer ou d'introduire des dispositions législatives, réglementaires et administratives plus favorables aux travailleurs ou de favoriser ou de permettre des conventions collectives ou des accords conclus entre partenaires sociaux plus favorables aux travailleurs ».
On le voit, ce n'est pas la directive européenne qui oblige à détruire le statut mais la volonté macroniste d'abaisser partout les droits sociaux.
Face à cette inouïe campagne de désinformation, il convient de passer à la contre offensive politique et idéologique. C'est dans ces moments sans doute que nous goutons la chance de disposer de L'Humanité et de L'Humanité Dimanche. (Retrouvez ci-dessous l'article de L'Humanité du 1 mars "Les cinq mensonges de la campagne contre le statut des cheminots".)
13:49 Publié dans Eclairage, Informations, Journal, Journaliste, Manipulation, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sncf, médias, manipulation | |
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23/01/2018
Offensive à Afrine : le gouvernement turc donne une leçon de “journalisme patriotique” aux médias
L’offensive militaire turque dans la région d’Afrine, au nord de la Syrie, s’accompagne d’une nouvelle offensive contre les médias. Les rédacteurs en chef des principaux titres turcs ont été convoqués le 21 janvier à une réunion au sommet sur la couverture des opérations militaires. Accompagné du vice-Premier ministre, du ministre de la Défense et du porte-parole du parti au pouvoir AKP, le premier ministre Binali Yıldırım leur a livré quinze “recommandations” à suivre pour faire du “journalisme patriotique”.
La leçon de “journalisme patriotique” du gouvernement
Les journalistes sont incités à “tenir compte des intérêts nationaux lorsqu’[’ils] reprennent des sources d’information internationales critiquant la Turquie”, “rappeler le soin que prennent les forces armées à ne pas toucher les civils”, “ne pas donner de visibilité aux manifestations et déclarations de structures politiques [...] proches du PKK”...
L’essentiel de ces directives soumettent les médias au contrôle du gouvernement et à ses buts de guerre. Le Premier ministre leur demande d’éviter “les nouvelles susceptibles de remonter le moral du PKK/PYD”, de contacter les représentants du gouvernement et de l’AKP “pour obtenir la bonne information”... et même de se méfier des informations rapportées par la presse internationale, affirmant que le PYD utilise de nombreux journalistes étrangers, notamment aux Etats-Unis et en Europe.
“Ce nouveau déluge de propagande, l’intensification de la chasse aux voix critiques et la quasi-absence de débat sur l’opération militaire illustrent le degré de délabrement atteint par le pluralisme en Turquie, dénonce Johann Bihr, responsable du bureau Europe de l’Est et Asie centrale de RSF. Non content de sa mainmise sur le paysage médiatique, le gouvernement cherche à asseoir un contrôle total sur l’information. Au risque de saper la confiance de l’opinion publique et d’attiser les tensions.”
Coup de filet contre les voix critiques
Plus d’une centaine de mandats d’arrêts ont été lancés contre des personnes suspectées de “propagande terroriste” depuis le 22 janvier. Parmi elles, l’écrivaine et éditorialiste du site d’information T24 Nurcan Baysal, placée en garde à vue par la police antiterroriste à Diyarbakır, dans le sud-est anatolien à majorité kurde. D’après son avocat, son arrestation est liée à ses tweets critiquant l’opération militaire à Afrine.
İshak Karakaş, rédacteur en chef du journal Halkın Nabzı et éditorialiste du site d’information en exil Artı Gercek, a lui aussi été interpellé dans la nuit du 21 au 22 janvier à Istanbul. La correspondante d’Arti TV à Ankara, Sibel Hürtaş, et les reporters de l’agence prokurde Mezopotamya, Hayri Demir et Seda Taşkın, ont été arrêtés à leur tour dans la soirée du 22 janvier.
Cette nouvelle vague d’intimidation a des répercussions au-delà des frontières turques : des centaines de manifestants hostiles s’en sont pris à la rédaction du journal Afrika à Nicosie (Chypre Nord) le 22 janvier, brisant les fenêtres à coups de pierre et démantelant le panneau portant le nom du journal sous l’oeil indifférent de la police. La veille, Recep Tayyip Erdogan avait dénoncé publiquement la une “immorale” d’Afrika, qui qualifiait l’intervention à Afrine de “nouvelle occupation par la Turquie” après celle de Chypre Nord en 1974. “Ils devront en répondre à mes frères et soeurs”, avait menacé le président turc.
Première victime de l’offensive militaire parmi les journalistes
RSF a appris que Zekeriya Şêxo, cameraman de la chaîne Ronahi TV, avait été blessé par des tirs provenant de l’armée turque en couvrant les affrontements dans le district de Rajo (Kurdistan syrien). Touché au ventre et aux jambes, le journaliste a été transféré à Afrine. Ses jours ne sont pas en danger. RSF appelle les belligérants à respecter le travail et le statut de civils des journalistes. L’organisation tient à la disposition de ces derniers un guide pratique destiné à améliorer leur sécurité en zone de conflit.
La Turquie est classée 155e sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse établi en 2017 par RSF. Déjà très préoccupante, la situation des médias est devenue critique sous l’état d’urgence proclamé à la suite de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 : près de 150 médias ont été fermés, les procès de masse se succèdent et le pays détient le record mondial du nombre de journalistes professionnels emprisonnés.
12:20 Publié dans Informations, Journaliste, Manipulation | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turquie, erdogan, journalistes, kurdes | |
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04/04/2017
Facebook complice de la « chasse aux impies »
Lina Sankari, Humanite.fr
Le réseau social accepte de supprimer les pages « blasphématoires » afin de se conformer à la législation pakistanaise et de ne pas perdre 25 à 30 millions d’utilisateurs actifs.
Pas de doute, en 2015, Marc Zuckerberg était « Charlie ». Deux ans plus tard, le patron de Facebook serait plutôt charia. À tel point que le réseau social a reçu les satisfécits du ministre de l’Intérieur pakistanais, Chaudhry Nisar Ali Khan, pour son engagement à bannir les contenus blasphématoires de ses pages. Au Pakistan, en effet, on ne touche pas au prophète.
Une loi sur le blasphème permet même de condamner à mort ou de prison à perpétuité l’outrage à l’islam, en réalité souvent utilisé dans le cadre de règlements de compte personnels, politiques – à l’encontre des progressistes- des laïcs, des soufis ou de la minorité chrétienne. Le blasphème reste une question extrêmement sensible, et de simples accusations peuvent déclencher des lynchages.
Toute référence à une éventuelle réforme de la loi sur le blasphème donne lieu à des sit-in de plusieurs jours voire à des assassinats. À ce titre, Mumtaz Qadri, meurtrier d’un gouverneur favorable à une réforme, avait été élevé au rang de héros par les islamistes. Actuellement, dix-sept personnes croupissent dans le couloir de la mort pour blasphème, dont la chrétienne Asia Bibi. Le texte condamne « ceux qui, par des paroles ou des écrits, des gestes ou des représentations visibles avec des insinuations directes ou indirectes, insultent le nom sacré du prophète ».
Islamabad n’a pu que se féliciter de voir Facebook rentrer dans les rangs
Qu’à cela ne tienne pour Facebook qui préfère conserver ses 25 à 30 millions d’utilisateurs pakistanais actifs plutôt que de se voir interdit dans le pays. Ainsi, le vice-président du réseau social a-t-il pris soin d’adresser un courrier au ministre de l’Intérieur afin de lui assurer qu’il prenait « très au sérieux les préoccupations soulevées par le gouvernement pakistanais ».
Islamabad n’a pu que se féliciter de voir Facebook rentrer dans les rangs. « Un grand progrès », a-t-il assuré. Pour faire montre de sa bonne volonté, l’entreprise a même donné des gages : une soixantaine de pages bloquées dont quarante-cinq ces derniers jours. En 2015, Facebook avait reçu des menaces d’un islamiste pakistanais pour avoir laissé publier du contenu lié à Mahomet. À l’époque, Marc Zuckerberg assurait qu’il ne laisserait aucun « groupe d’extrémistes faire taire les idées et les différentes voix sur son réseau social ». Il ajoutait même : « je m’engage à construire un service où on peut parler librement sans crainte de la violence ». La preuve !
15:24 Publié dans Informations, Internet, Réseaux sociaux | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : facebook, internet, censure, pakistan | |
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