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10/02/2020

La fake news de Madame Salamé sur France Inter

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Ce qui est terrible quand on profère un mensonge en direct à la radio, c’est qu’il révèle aussi votre méthode de travail : cliquer sur le premier lien Google et lire la première phrase. Bernard Marx rétablit les faits.

Ce lundi 10 février sur France Inter, Monsieur Demorand et Madame Salamé interviewaient Gabriel Zucman, économiste spécialiste des inégalités et de la fiscalité, professeur à l’université de Berkeley aux États-Unis. Il publie en France, avec son collègue Emmanuel Saez, le livre Le Triomphe de l’injustice [1] après une parution en anglais aux États-Unis où il a fait évènement. Gabriel Zucman et Emmanuel Saez figurent en effet parmi les conseillers des équipes de Bernie Sanders et d’Elizabeth Warren en matière de réforme fiscale et notamment d’imposition de la fortune.

J’étais tout à ma joie de ne pas avoir à écouter un des ministres qui ont leur rond de serviette au Grand Entretien de France Inter, ou à tourner le bouton pour ne pas avoir à écouter leurs sempiternelles rengaines. Je me disais que ce serait sûrement pour demain, mais qu’à chaque jour suffit sa peine, profitons du moment présent. Cela rajeunissait beaucoup d’entendre quelqu’un se référer à un dirigeant politique qui avait dit et fait : « Au-dessus de tant, je prends tout ! » Même s’il s’agissait des États-Unis et pas de la France.

C’est alors que j’ai entendu Léa Salamé apostropher l’économiste avec l’assurance de quelqu’un qui sait naturellement de quoi elle parle : « Comment on explique le taux de pauvreté inférieur aux États-Unis qu’il l’est en France. Ça, c’est clair. Et qui continue à baisser ces cinq dernières années, malgré les politiques Trump. » « Heu ! Alors là, je suis loin d’être sûr que le taux de pauvreté soit inférieur aux États-Unis qu’en France », lui a répondu poliment l’ignorant chercheur. Mais la journaliste a tenu à conclure : « Je veux juste préciser, parce que j’ai retrouvé sur ce que j’ai dit sur le taux de pauvreté, le taux de pauvreté c’est 13,1% aux États-Unis et 14,8% en France ».

Effectivement, quand on tape sur Google « taux de pauvreté aux États-Unis », apparaît en première ligne la phrase : « La pauvreté aux États-Unis concerne officiellement 43,1 millions de personnes, soit 13,5% de la population américaine en 2015 ». Et si l’on tape « taux de pauvreté France », la première phrase qui s’affiche est : « Selon l’Institut national des études économiques, 14,7 % de la population vivaient sous le seuil de pauvreté en 2018 ».

Sauf qu’il faut quand même faire l’effort de lire les deuxièmes phrases. Si elle les avait lues, la journaliste politique de référence sur les ondes du service public n’aurait pas pu dire que le taux de pauvreté aux États-Unis est inférieur à celui de la France. Ou alors elle aurait diffusé sciemment une fausse nouvelle. À chacun son opinion sur ce point.

Au-delà du premier résultat Google

Le fait est que la deuxième phrase pour la recherche « taux de pauvreté États-Unis » est : « Selon plusieurs universitaires, le taux officiel de pauvreté ne donnerait pas une appréciation juste de la réalité, plus préoccupante ». Cependant que pour « taux de pauvreté France », la deuxième phrase est : « (60 % du niveau de vie médian : près de 1065€ mensuels, après impôts) : soit 9,3 millions de personnes. En 2017, 8,9 millions vivaient sous ce seuil. »

En clair, le taux de pauvreté officiel aux États-Unis n’est pas calculé de la même manière qu’en France. Il est évalué là-bas sur la base d’un montant absolu de revenus, alors qu’en France il est évalué sur la base d’un pourcentage du revenu médian. 50 ou 60%. En France, effectivement en 2018, 14,7% de la population dispose de revenus inférieurs à 60% du revenu médian. Ce taux tend à augmenter puisqu’il était de 14% en 2014. Merci Monsieur Macron.

Gabriel Zucman a raison de dire que les trois mesures principales de sa politique fiscale – la transformation de l’ISF en IFI, la baisse du taux d’imposition sur les sociétés et la flat taxe sur les revenus du capital – permettent de la caractériser comme une politique en faveur des très riches. Et l’OFCE a raison d’affirmer que cette politique appauvrit les pauvres.

Si l‘on prend comme référence la limite de 50% du revenu médian et non plus 60% le taux de pauvreté est en France proche de 8% quasiment constant depuis 2013. Et évidemment, si l’on veut comparer les taux de pauvreté aux États-Unis et en France, il faut les calculer de la même manière. Il n’y a pas à chercher très loin. Il suffit de taper « taux de pauvreté par pays ». Le premier lien qui s’affiche est celui de l’OCDE. On tombe sur une page qui donne le taux de pauvreté calculé avec un seuil de 50% du revenu médian. Pour la ligne France cela donne 8,3% (en 2016) et pour la ligne États-Unis 17,8% (en 2017).

Le graphique est éloquent. La France figure encore – avant l’impact de la réforme macronienne du chômage et celle de la retraite – parmi les pays où le taux de pauvreté est le plus bas et les USA est le pays riche où le taux de pauvreté est le plus élevé. Si l’on prend le seuil de 60% du revenu médian, le taux de pauvreté aux USA est de près d’un quart (24,2%), soit 10 points de plus qu’en France selon l’Observatoire des Inégalités.

Madame Salamé va-t-elle corriger et s’excuser ou s’enfoncer dans le journalisme de fake news de classe ? Réponse demain.

 

Bernard Marx, Regard

Notes

[1Emmanuel Saez, Gabriel Zucman : Le triomphe de l’injustice - Richesse, évasion fiscale et démocratie. Seuil, février 2020

17/12/2019

Grève des transports : France 2 n’est jamais fatiguée des usagers fatigués

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Tous les soirs à 20 heures, France 2 documente la fatigue et l’inquiétude des usagers des transports et des trottoirs. Sur BFMTV, on continue de considérer que “les Français” ne sont pas concernés par la réforme des retraites, seulement par les fêtes de fin d’année.

« A la une, neuvième jour de grève, le gros coup de fatigue des usagers », déplore Laurent Delahousse vendredi. Le 20 heures de France 2, lui, n’est pas fatigué de réaliser chaque jour les mêmes reportages sur la fatigue des usagers. « Les usagers, notamment en Ile-de-France, développe le présentateur, commencent à montrer des signes de grosse fatigue. » Certains s’endorment même devant le JT. « Les annonces d’aucune trêve durant les fêtes de Noël par certains syndicats fragilisent encore la situation. » Euh… pardon ? Les annonces fatiguent les usagers par anticipation ? Le pouvoir de nuisance des syndicats est proprement surnaturel.

« Ce soir, décrit la reporter, la scène se répète. » Comme tous les soirs au JT. « Bousculade et panique pour entrer dans le RER. Comme dans une fourmilière. » Et comme tous les soirs au JT. « Ce matin, pour accéder aux quais du métro bondé, il fallait attendre son tour. Les nerfs de certains lâchent. » « La grève, pourquoi ?! Les bâtards ! », hurle le voyageur d’une vidéo amateur. « Pour d’autres, c’est l’épuisement. » Paroles d’usagers : « Tout le monde est fatigué, tout le monde galère. » « On est au bout du rouleau. On a envie de faire un arrêt de travail. »

« Transports en commun saturés, embouteillages permanents…, gémit la journaliste. Pour ceux qui arrivent au bureau, c’est aussi l’épuisement. » Euh… pardon ? Ceux qui sont épuisés par le trajet jusqu’au boulot sont aussi épuisés au bureau ? C’est incompréhensible. Normalement, le seul fait de se mettre au service de son employeur suffit à gommer toute fatigue. « Pour cette directrice des ressources humaines, il faut revoir toute l’organisation. » Pour toute directrice des ressources humaines, les salariés sont des « collaborateurs » : « Les collaborateurs rentrent plus tôt, partent plus tard. » Il faudrait savoir. « Et il y a aussi la fatigue morale. » Les « collaborateurs » sont morts d’inquiétude à l’idée que les syndicats pourraient les priver d’une réforme qui ne fera que des gagnants.

« Des salariés assommés, épuisés », insiste la journaliste de France 2, qui s’épuise à répéter le mot « épuisé ». « Ils sont désormais de plus en plus nombreux à poser des arrêts maladie. » Euh… pardon ? Sur France 2, on « pose » des arrêts maladie ? Même pas besoin de consulter un médecin ? « C’est ce que remarque ce médecin depuis quelques jours. » Je ne comprends plus. « J’ai constaté des patients fatigués, exténués par les transports, les 600 kilomètres de bouchons… » Si ses patients parcourent 600 kilomètres de bouchons par jour, je comprends qu’ils soient exténués. « Ils sont venus me solliciter pour demander soit des vitamines, soit des arrêts de travail. » Qu’ils pourront ensuite « poser » à leur guise.

« Malgré la fin de la semaine, le week-end est loin de s’annoncer de tout repos, désespère la reporter. En pleines courses de Noël, la situation dans les transports restera compliquée. » Les consommateurs épuisés poseront-ils des arrêts maladie pour échapper aux courses de Noël ?

« Une séquence de bras de fer social qui pousse de nombreuses personnes à s’élancer à pied pour rejoindre leur travail, reprend Laurent Delahousse. Un itinéraire que nous avons effectué aujourd’hui à Paris aux côtés de plusieurs salariés. » Euh… pardon ? Un itinéraire de bras de fer à pied ? Le reportage est titré « Grève des transports : à marche forcée » — à défaut de « marche ou crève ».

« Voilà un moyen de transport sur lequel on peut compter : ses pieds, assure la reporter. Ce matin, ils étaient nombreux à arpenter pour aller travailler. » Pour l’occasion, arpenter est devenu un verbe intransitif. « Les moins sportifs battent des records. » Une marcheuse montre une application sur son téléphone : « Pour mercredi, 11 442 pas. » « Ah tout de même ! », s’exclame la journaliste. Rappelons que la moyenne conseillée par les autorités de santé est de 10 000 pas par jour. « Pour jeudi, ça indique 9,3 kilomètres. » « 9 kilomètres à pied, c’est ce que vous faites d’habitude ? » « Non, pas du tout. Mais ça va faire grand plaisir à mon médecin généraliste quand je vais lui dire. » Ce ne doit pas être le médecin du reportage précédent.

« Une séance de sport dont se serait bien passé ce jeune homme qui travaille de nuit dans la restauration. » « J’en ai pour trente minutes alors que j’en ai pour cinq minutes en RER donc ça me fatigue. » Trente minutes de marche ? Un calvaire. « Nous accompagnons Julie, elle s’apprête à marcher quarante-cinq minutes… Et gare aux embouteillages de trottoir. » Avec 1 450 kilomètres, le record des bouchons de trottoir a d’ailleurs été battu la semaine dernière à Paris. « La journée sera longue, conclut la reporter. Alors, une fois arrivés au travail, ceux qui se sont équipés pour utiliser leurs pieds doivent savoir aussi les récompenser. » La voici qui enfile des pantoufles.

Ça me fait tout drôle de voir réapparaître Laurent Delahousse en sachant désormais qu’il porte des pantoufles sous la table du 20 heures. « Jean-Pierre Farandou, le nouveau pdg de la SNCF, demande aux grévistes de faire un pause durant les fêtes. » Et de reporter leur grève après l’adoption de la réforme.

Le 20 heures consent tout de même un reportage dans les familles de deux grévistes de la SNCF pour documenter leurs propres sacrifices. Puis Laurent Delahousse évoque la réforme elle-même. « L’un des reproches fait à l’exécutif concerne le flou, l’absence de pédagogie qui entoure cette réforme complexe. » Avec un peu de pédagogie, les grévistes reprendraient immédiatement le travail. « La valeur du point de ce système par points mérite bien justement un petit point. » Le présentateur ne lésine point sur les points.

Ça me fait tout drôle de voir réapparaître Laurent Delahousse en sachant désormais qu’il porte des pantoufles sous la table du 20 heures. « Jean-Pierre Farandou, le nouveau pdg de la SNCF, demande aux grévistes de faire un pause durant les fêtes. » Et de reporter leur grève après l’adoption de la réforme.

Le 20 heures consent tout de même un reportage dans les familles de deux grévistes de la SNCF pour documenter leurs propres sacrifices. Puis Laurent Delahousse évoque la réforme elle-même. « L’un des reproches fait à l’exécutif concerne le flou, l’absence de pédagogie qui entoure cette réforme complexe. » Avec un peu de pédagogie, les grévistes reprendraient immédiatement le travail. « La valeur du point de ce système par points mérite bien justement un petit point. » Le présentateur ne lésine point sur les points.

« À la une ce soir, récidive Laurent Delahousse le lendemain, la grève ou la trêve pour les fêtes de Noël ? » Le titre questionne : « Grève, y aura-t-il des trains à Noël ? » Curieusement, il ne demande pas s’il y aura toujours une réforme des retraire à Noël. « Une incertitude qui inquiète les usagers, les commerçants et qui pèse sur le gouvernement. » Mais pas sur les grévistes, qui ne fêtent pas Noël.

« On commence par des images qui suscitent depuis quelques heures beaucoup de réactions et d’indignation, propose Laurent Delahousse. Que s’est-il passé à Saint-Ouen, dans l’enceinte du stade du Red Star ? L’ex-championne du monde de natation et vice-championne olympique devenue ministre, Roxana Maracineanu, assistait à la rencontre de football à titre privé. Un attroupement se forme, les insultes pleuvent, la forçant à quitter le stade. » « Tout dérape », témoigne le reporter. A mon avis, la ministre a été victime d’usagers excédés et fatigués de devoir aller jusqu’au stade à pied.

Laurent Delahousse travaille sa transition : « Une affaire qui résonne dans un contexte de colère et de questionnement sur l’avenir et l’impact du conflit des retraites. » La colère et le questionnement des usagers, bien sûr, mais pas seulement : « C’est un scénario que les commerçants redoutaient qui se dessine depuis quarante-huit heures. » Pauvres commerçants, principaux bénéficiaires de la compassion de France 2 qui leur consacre de nombreux sujets mais néglige les travailleurs précaires et sous-payés des lointaines banlieues dont le salaire sera amputé des heures de travail manquées, comme le notait Arrêt sur images. « Moins 30 % de fréquentation dans les magasins, rapporte une journaliste. Le représentant des petits commerçants tire la sonnette d’alarme. » Pour pouvoir la tirer, il a au moins réussi à monter dans un train ou un métro.

« À huit jours des vacances, reprend Laurent Delahousse, le bras de fer se durcit entre gouvernement et syndicats sur la question d’une potentielle trêve de Noël. Entre les deux, les usagers eux voient l’échéance arriver avec inquiétude. » Paroles d’usagers aussi inquiets que fatigués (d’être inquiets). « Hier, dans une vidéo interne, le nouveau patron de la SNCF a lancé un appel aux grévistes. » Pour leur demander de repousser leur grève après l’adoption de la réforme.

« Autre secteur économique qui suit de près la situation, alerte Laurent Delahousse, c’est celui du tourisme et particulièrement celui des stations de sports d’hiver. » Un secteur qui passionne aussi intensément les JT autant qu’il concerne une infime minorité de Français (seulement 7 % d’entre eux partent en vacances d’hiver au moins un an sur deux). « Elles jouent gros et justement les perturbations sur le trafic ferroviaire sont le socle des réservations. » Euh… pardon ? Les perturbations du trafic ferroviaire sont le socle des réservations ? Pourvu qu’il y ait beaucoup de perturbations afin d’assurer un bon niveau de réservations. À La Plagne, le reporter interroge notamment de pauvres propriétaires de logements et un modeste couple qui a réussi à parvenir jusqu’à la station mais qui ne sait s’il pourra en repartir.

Le dimanche soir, c’est au tour du présentateur de BFMTV Gilane Barret de proposer : « Parlons de la vie des Français. » Mais pas de n’importe quels Français « C’est une nouvelle semaine très compliquée qui s’ouvre pour les Français. » Rappelons que les grévistes, les manifestants et les personnes concernées par la réforme des retraites ne sont pas français. « La paralysie dans les transports se poursuit. Les Français déjà fatigués et même énervés vont devoir faire avec. » La parole est aux Français fatigués et énervés.

« Question pratique, que peut faire un gouvernement face à une telle grève pendant les fêtes ?, interroge Gilane Barret. Est-ce qu’il peut aller plus loin dans des réquisitions ? » Envoyer l’armée pour mettre les conducteurs dans leurs trains ? « Est-ce qu’il en fait assez pour assurer les meilleures fêtes possibles aux Français ? » Rappelons que, n’étant pas français, les grévistes, les manifestants et les personnes concernées par la réforme des retraites ne fêtent pas Noël.

Michel Sapin, un invité de saison, répond : « Si le gouvernement avait voulu éviter ce problème au moment des fêtes, il ne fallait pas faire une annonce qui était une agression pour la totalité de syndicats juste avant les fêtes. » « Donc, erreur de timing, déduit Gilane Barret. Il fallait faire ça en janvier ? » Ou, mieux, le 3 août. « Est-ce qu’il faut faire une trêve de cette grève… ou bien une trêve de la réforme jusqu’en janvier ? » « Laurent Berger a la bonne attitude, juge Michel Sapin. Il dit que son objectif n’est pas d’embêter les gens à Noël. » Il a même réclamé ce lundi matin une trêve pour les fêtes (comme le gouvernement). Et assuré qu’il désirait continuer à travailler avec Jean-Paul Delevoye (comme le gouvernement)… quelques heures avant que le haut-commissaire démissionne.

Michel Sapin, comme Laurent Berger, milite pour la suppression de « cette histoire de l’âge pivot ». « La CGT voudra quand même continuer », désespère Gilane Barret. Et de conclure : « Ne manquez pas mardi notre émission spéciale sur BFMTV : “La grève, jusqu’à quand ?” Bonne question. » On ne se lasse pas de la poser. Le titre de la précédente émission spéciale de BFMTV, mercredi dernier, était « Grève, stop ou encore ? » Curieusement, la chaîne ne titre jamais « Réforme de retraites, stop ou encore ? » ni « Réforme des retraites, jusqu’à quand ? »

La pub déboule. Message de prévention du gouvernement : « Dans la vie, il y a des moments qui comptent plus que d’autres. (…) Des moments où l’on décide d’être son propre patron. (…) On a tous une bonne raison de faire le test du VIH et des infections sexuellement transmissibles. » Se faire dépister parce qu’on crée son entreprise ? Je ne vois pas bien le rapport. Jusqu’où va se nicher le mythe de la start-up nation dans laquelle chacun est entrepreneur de soi-même — et de sa retraite…

Sources Samuel Gontier Télérama

23/06/2019

Charline Vanhoenacker : Je suis toujours hallucinée qu'on déroule le tapis rouge à l'extrême droite

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Avec ses acolytes Alex Vizorek et Guillaume Meurice, Charline Vanhoenacker ironise tous les jours sur l'actualité. Avant de partir en vacances jusqu'au retour de « Par Jupiter ! » à la rentrée prochaine du lundi au vendredi de 17 heures à 18 heures, la journaliste et humoriste belge de France Inter, âgée de 41 ans, revient sur les moments les plus inspirants d'une année intense.

Avez-vous été approchée par Laurent Ruquier pour remplacer Christine Angot et Charles Consigny dans « On n'est pas couché » ?

CHARLINE VANHOENACKER. Non ! Jouer les procureurs, non merci… À chaque fin de saison, Guillaume Meurice et moi sommes sollicités. Sauf si une chaîne a un concept génial, on ne veut pas faire de télé. Vous allez me prendre pour un ostrogoth mais je préfère la radio. À France Inter, on a une liberté totale. L'aurait-on ailleurs ? Pas sûr…

Depuis 10 ans, vous vivez en France. Êtes-vous toujours surprise par les médias hexagonaux ?

Je suis toujours hallucinée qu'on déroule le tapis rouge à l'extrême droite. En Wallonie, elle n'est jamais sur les plateaux et, aux européennes, elle a fait moins de 5 %. En France, Marine Le Pen est partout et a gagné le scrutin… Les médias sont responsables de la banalisation de ses idées. Surtout ceux comme Sud Radio dont les théories d'Alain Soral sont le fonds de commerce.

Alex Vizorek est triste de l'arrêt de l'émission de Thierry Ardisson dont il était l'un des chroniqueurs ?

Il faut lui demander. Moi, je suis ravie que ça s'arrête car c'était très putassier. Il n'y a pas une semaine où on ne s'est pas moqué de lui. « Les Terriens » comme « On n'est pas couché » n'existeraient pas en Belgique.

Pourquoi ça ?

Parce qu'on se fiche de l'avis de Yann Moix sur l'album de Kendji Girac, non ? Laurent Ruquier est très symptomatique de la télé à la française. Chez nous, les politiques ne vont pas dans les émissions de divertissement car leur personnalité importe moins que leurs idées.

Pourtant c'est intéressant de confronter l'avis des artistes sur la société avec celui des politiques. Hélas, ces confrontations sont surtout utilisées pour le buzz et l'invective que pour alimenter le débat.

Comme Laurent Ruquier, avez-vous « l'impression de vivre sous la dictature des réseaux sociaux et de Marlène Schiappa » ?

Pas du tout. On est épargné des polémiques car, comme nous, notre public a grandi avec Charlie Hebdo, Siné ou les « Guignols », et sait qu'on est dans la satire et jamais dans la diffamation.

Vous n'avez jamais été convoqués au CSA ?

Non. Deux membres du CSA ont demandé à nous rencontrer pour savoir comment on faisait justement pour ne jamais franchir la ligne jaune. Je leur ai dit que cette rencontre ressemblait au fameux sketch des « Guignols » intitulé « Encule un mouton » où Alain de Greef, mythique directeur des programmes de Canal +, doit expliquer au CSA ce qu'est l'humour. Mais ils n'avaient jamais entendu parler du sketch. J'ai dû leur raconter… Je ne faisais pas la maline. C'était une vraie mise en abyme.

Vous qui connaissez bien la Maison de la Radio, y a-t-il une photo de Nicolas Hulot dans le bureau de Nicolas Demorand et de Léa Salamé ?

Non car ils ont vite arrêté de parler de cette démission surprise en direct à cause de la vidéo où ils la décrivaient comme « un moment de grâce ». Ils reconnaissent eux-mêmes avoir fait une connerie. Mais, nous, on était contents, ça nous a fait trois mois de blagues !

Y a-t-il une couronne dans le bureau de votre patronne Laurence Bloch depuis que France Inter devance RTL en audience ?

Non, elle ne se la pète pas du tout. Honnêtement, on est nombreux à être gênés d'être la première radio de France. Être premier, c'est le début des emmerdes. La preuve ! Mais c'est épatant que le service public soit en tête avec des moyens inférieurs aux autres. Quand Europe 1 débauche quelqu'un de chez nous, ils offrent un salaire délirant…

Y a-t-il une photo de Raphaël Glucksmann, compagnon de Léa Salamé et tête de liste PS aux Européennes, dans votre bureau ?

On a accroché un portrait du ministre de la Culture, Franck Riester, de peur d'oublier son visage. Mais le couple Léa Salamé-Raphaël Glucksmann nous a bien fait marrer. On s'en serait moqué de toute façon, mais évidemment on l'a fait d'autant plus que Léa est de la maison. Mais elle l'a bien pris, elle a un côté déglingo. Je m'en prends régulièrement à son invité le matin et elle ne m'a jamais rien dit.

Et une photo de Sibyle Veil, la patronne de Radio France, dans le bureau des syndicats de la Maison Ronde ?

Non la décoration est très minimaliste. Il y a des mégaphones et des banderoles. Je suis en colère car je ne comprends pas pourquoi, alors qu'on a d'excellents résultats, on coupe les budgets ? (NDLR : Radio France était en grève mardi pour protester contre le plan d'économies prévoyant près de 300 suppressions de postes) A quoi ça sert d'être premier, si on veut te saborder ?

On a élargi la publicité sur nos antennes. On a ouvert un restaurant et loué les locaux pour des défilés de mode. On va devoir faire quoi de plus ? Ouvrir un centre commercial ? Il y a des gens qui travaillent 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. Les heures supplémentaires ne sont pas payées. On ne vole pas nos congés. C'est tellement injuste.

03/06/2019

«Une véritable saignée»… Le plan d’économies de Radio France serait multiplié par trois

 

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Radio France doit se serrer la ceinture. Elle envisage de nouvelles suppressions de postes pour dégager 60 millions d’euros d’économies d’ici 2022, soit le triple de ce qui avait été annoncé jusqu’ici, ont indiqué vendredi une source syndicale et le député communiste Sébastien Jumel. Ce dernier parle de « saignée ».

La direction de Radio France n’a pas souhaité faire de commentaires avant le comité central d’entreprise prévu ce lundi.

20 millions pour compenser l’augmentation des charges

Selon une source syndicale, la présidente du groupe Sibyle Veil a toutefois évoqué ces dernières semaines devant les salariés un plan d’économies de 60 millions d’euros, sur un budget total d’environ 650 millions d’euros. La présidente a reçu les syndicats du groupe vendredi dernier pour évoquer les contours de ce plan, avant la réunion de lundi.

Outre 20 millions d’euros de baisse attendue des contributions de l’Etat, le tour de vis supplémentaire vise à compenser 20 millions d’euros d’augmentation des charges (personnel, loyers, financement de la Radio numérique terrestre) et également permettre 20 millions d’investissement dans le numérique.

« Départs ciblés »

Le député PCF de Seine-Maritime Sébastien Jumel dénonce vendredi dans un communiqué une « véritable trahison du service public radiophonique ». Avec ce « plan d’économies multiplié par trois », Radio France est « promis à une véritable saignée », écrit-il, assurant auprès de l’AFP avoir obtenu ce chiffre à partir de sources internes.

La direction du groupe n’a pas évoqué de plan de départs mais des « départs ciblés », selon la source syndicale. Aucune suppression d’antennes ne serait non plus à l’ordre du jour.

Radio France avait connu une longue grève au printemps 2015 pour protester contre un sévère plan d’économies et des réductions d’emplois. Depuis, a décrit la Cour des comptes en février, le groupe a fait des progrès en matière d’audience et de gestion, mais il doit encore se réformer pour sortir d’une situation financière « inquiétante ». Radio France prévoit un budget à l’équilibre en 2019 pour la deuxième année consécutive, malgré la baisse de ses financements publics.

Sources 20 Minutes

12:10 Publié dans Actualités, Informations, Radio | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : radio france, économie | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |