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29/03/2014

Médias de France : loin de l’Espagne et des mobilisations sociales contre l’austérité

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Samedi 22 mars, les Espagnols se mobilisaient en masse contre les politiques d’austérité impulsées depuis 2010 par l’Union européenne et mises en musique par les gouvernements socialiste, puis conservateur, suite à la prétendue crise des dettes souveraines. Au-delà de l’information que constituait en elle-même cette combativité sociale dans un pays majeur de l’UE à quelques semaines des élections européennes, ces manifestations fournissaient aussi une occasion idéale pour informer en profondeur sur la situation économique et sociale dramatique que connaît le pays, avec, entre autres indicateurs désastreux, un taux de chômage de plus de 25 % – 55 % chez les jeunes de 16 à 24 ans ! – c’est du moins ce à quoi on aurait pu s’attendre dans un monde médiatique idéal…

Mais les chantres de l’Europe libérale se désintéressent de l’Europe quand elle est sociale [1]. En lieu et place d’un compte-rendu précis et détaillé des forces syndicales, politiques et sociales qui manifestaient, de leurs revendications et des débouchés politiques éventuels à leur mobilisation, les médias français ont surtout retenu que des échauffourées avaient émaillé la fin de la manifestation, comme en témoignent les quelques exemples significatifs qui suivent, tirés de médias dits « de référence ».

Petite revue de presse

- Deux médias se disant « de gauche », pour commencer, ont montré toute l’affection qu’ils portent au mouvement social, en choisissant des titres qui soulignent l’essentiel :

- Le site du Nouvel Observateur s’est fendu de deux articles : « Débordements en marge de la manifestation anti-austérité à Madrid » ; « Espagne. Une centaine de blessés après la manifestation anti-austérité ». Peut-être aurait-il mieux fallu s’abstenir de traiter le sujet…

- Libération également, n’a pas pu s’empêcher de signaler dès le titre que la manifestation ne s’est pas « bien » terminée : « Espagne : défilé monstre à Madrid contre la rigueur, incidents en fin de soirée ». Un aspect de la mobilisation sur lequel l’article de « la maison commune de toute la gauche » revient avec forces détails, aussi précis que non circonstanciés et donc sans intérêt : « Les affrontements, qui ont fait des dizaines de blessés légers, ont éclaté en fin de manifestation, la police chargeant ou tirant des balles en caoutchouc contre plusieurs dizaines de jeunes qui jetaient des projectiles. Les jeunes ont aussi monté des barricades, enflammé des poubelles, cassé les vitres de banques à coup de chaises et de pots de fleurs. Non loin de là, d’autres ont installé des tentes sur une grande avenue dans l’intention d’y passer la nuit. Les incidents ont fait 71 blessés légers dont 30 policiers et 41 manifestants, ont indiqué les services de secours Samur, précisant que 13 personnes avaient été hospitalisées. La police a interpellé 17 personnes. »

- Sur le site de France Télévisions, le point de vue est à peu près le même : « VIDEO. Espagne : la manifestation contre la rigueur dégénère à Madrid ». La vidéo proposée est un reportage tiré du JT de 13 heures de France 2 du 23 mars, d’une durée… d’une minute et quinze secondes, sur laquelle près de trente secondes sont consacrées « aux violences » de la soirée – ce qui a donc laissé 45 secondes au journaliste du service public pour exposer les motivations des manifestants… Une gageure, assurément !

- Sur lemonde.fr, pas de référence aux échauffourées de fin de manifestation dans le titre, plutôt bien choisi d’ailleurs : « Gigantesque manifestation à Madrid pour dénoncer “l’urgence sociale” ». En revanche, le diaporama qui ouvre l’article compense largement avec 6 photos sur 15 qui illustrent des « incidents » dont traite un tiers du contenu environ.

- Dans Le Parisien (« Madrid : la manifestation contre la rigueur dégénère, une centaine de blessés » ; « Espagne : Madrid compte ses blessés après le défilé record contre l’austérité ») ou Le Point (« Manifestation monstre à Madrid, une centaine de blessés »), les points de vue, sérieusement distordus, sont rigoureusement identiques, ce qui ne surprendra guère.

- Enfin, aux journalistes d’Ouest France, qui procèdent comme leurs confrères (« Espagne. Des incidents après la manifestation des “indignés” »), on accordera des circonstances atténuantes : après le traumatisme causé, il y a quelques semaines, par le désormais fameux et de triste mémoire « saccage de Nantes », les « évènements » de Madrid ont dû être douloureux à couvrir…

Une information sociale rachitique

Certes, ce traitement des mobilisations sociales est coutumier. En France même, les manifestants s’exposent toujours, comme nous l’avons maintes fois démontré, à la myopie partiale et souvent malveillante de la couverture médiatique. Il n’en reste pas moins qu’en ce cas précis, la pauvreté de l’information est particulièrement consternante.

Car au-delà des longs développements sur des débordements marginaux mais ô combien spectaculaires et photogéniques, la plupart des médias se contentent de reprendre de vagues éléments de l’AFP, faisant référence, sans plus de précisions, à des dizaines, parfois à des centaines de milliers de manifestants, à une « marche de la dignité » de personnes venues à pied de tout le pays, à une parenté avec le mouvement des « Indignés » de 2011, et à quelques slogans qui permettent tout juste de comprendre qu’ils se mobilisent pour l’emploi, le logement, la santé, l’éducation, la lutte contre la pauvreté, et contre les politiques d’austérité.

Rien sur la dynamique et l’histoire récente d’un mouvement social bien vivace [2], rien sur les organisations qui le structurent ni sur les figures qui le représentent, rien sur l’arrière-fond politique de la situation, rien surtout, sur la situation économique et sociale catastrophique de millions d’Espagnols frappés de plein fouet par un chômage et une paupérisation de masse.

Et plutôt que de se demander comment vit un pays quand un quart au moins de sa population est privée de revenus, en allant rencontrer par exemple les administrations concernées, les entreprises, ou même les intéressés, bref, en enquêtant, les grands médias relèguent souvent l’Espagne dans leur rubrique macro-économie et continuent à livrer, comme si de rien n’était, l’habituelle « météo du chômage » et ses statistiques désincarnées dont les oscillations paraissent bien dérisoires face aux réalités qu’elles recouvrent : « Rebond du chômage en Espagne » ; « Espagne : le chômage baisse légèrement en février » ; « Espagne : forte baisse du nombre de chômeurs en 2013, selon le gouvernement » ; « Espagne : très légère baisse du chômage ».

Mais sous les chiffres ?

Ce journalisme-là, souvent si près de Bruxelles et de sa commission, à quelques semaines des élections européennes, reste très éloigné des peuples européens…

Blaise Magnin pour Acrimed

Notes

[1] Un désintérêt tel, et tellement incongru s’agissant de la situation actuelle en Espagne, que L’Humanité y voit un symbole de « l’info intoxiquée ».

[2] Voir sur ce point l’article éclairant et bien informé, malheureusement payant, publié par Mediapart : « En Espagne, le mouvement social donne des raisons d’espérer ».

15/02/2014

LES MENSONGES DE PUJADAS !

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France Télévision et RFI ont engagé une vaste campagne de falsfication sur la situation qui se déroule qui se déroule aujourd'hui au Vénézuela n'hésitant pas à mentir délibérément comme le prouve le communiqué ci-dessus.

Pujadas dans son émisssion "les paroles et les actes" n'hésite pas non plus à manipuler les débats qui sont tout sauf pluralistes comme le démontre l'excellent document publié par le site web les "mots sont importants" que vous pourrez découvrir en cliquant ici.

Communiqué de Cuba Si France Provence en réponse au "reportage' honteux diffusé hier soir dans le JT de 20H de France 2 (cliquez ici pour le voir: JTFRANCE2-13/02/2017).

Cuba Si France Provence a été scandalisée par la façon dont David Pujadas a évoqué, au cours de l'édition de 20h du Journal Télévisé, jeudi 13 février, les événements qui se sont déroulés au Venezuela le 12 février dernier :

« Durcissement du régime au Venezuela. Le successeur d'Hugo Chavez, Nicolas Maduro fait face à des manifestations grandissantes. Hier, des tirs à balles réelles ont été entendus à Caracas et 3 personnes ont été tuées parmi les étudiants et les opposants qui défilaient contre la vie chère, l'insécurité et les pénuries ».

En présentant les choses de cette façon, on entend que la police a tiré sur des manifestants pacifiques. Or, la vérité est totalement différente.

Ces manifestations, qui ont eu lieu dans tout le pays, étaient organisées par des groupes radicaux d'extrême droite et leur but était de générer la violence pour provoquer une situation de chaos qui pourrait justifier une intervention étrangère. C'est une situation que le Venezuela a déjà connue en 2002, lors du coup d'Etat manqué contre le Président Hugo Chavez.

Le Venezuela est actuellement en butte à une guerre économique livrée par les groupes fascistes et les spéculateurs contre lesquels le Gouvernement Bolivarien a pris récemment des mesures fermes pour que les produits soient enfin vendus à la population à leur juste prix. Ces mesures commencent à porter leurs fruits et il n'y a dans le pays, aucune manifestation contre la vie chère.

Quant à l'insécurité, elle est surtout importante dans les états gérés par des gouverneurs d'extrême droite et des mesures ont été également prises récemment par le Gouvernement pour en venir à bout.

En ce qui concerne les « tirs à balles réelles », c'est bien une réalité et ils ont fait 3 morts mais les armes à feu étaient aux mains des groupes de choc et non de la Police. Comme par hasard, Monsieur Pujadas a oublié de le préciser...

Mais ce qui est le plus grave, c'est que les morts ne sont pas des opposants comme il a été dit : Juan Montoya était membre du collectif révolutionnaire 23 Janvier, et Bassil Da Costa, étudiant (mais pas opposant). 17 des blessés sont des fonctionnaires de police ou des militaires, et 49 sont des civils. Il n'y a donc aucune victime dans le camp des « opposants », ou pour mieux dire, des groupes de choc.

Cuba Si France Provence demande à la chaîne qui a diffusé ces contre-vérités un droit de réponse.

Les téléspectateurs français ont le droit de connaître la vérité.

Salon-de-Provence, le 14 février 2014

Pour Cuba Si France Provence,

la présidente,

Françoise Lopez

Source: http://cubasifranceprovence.over-blog.com/2014/02/venezuela-communique-de-cuba-si-france-provence.html

29/12/2013

The Newsroom, une série TV culte et décapante sur le journalisme !

the-newsroom-4.jpgSérie diffusée actuellement sur la TV Orange The Newsroom est sûrement la meilleure série consacrée à ce sujet depuis plusieurs dizaines d’années.

L’information et les méthodes de diffusion sont décortiquées à partir d’exemples précis dans cette série romancée mais passionnante dont l’action principale se situe à l’intérieur même d’une chaîne de télévision d’informations continues. Les références sont nombreuses en particulier sur les méthodes de manipulation employées par la chaine de TV conservatrice News Fox soutien principal de l’extrême droite américaine.

Dans cette série les journalistes se veulent objectifs et impartiaux n’hésitant pas y compris à mettre en cause à partir de faits précis et indiscutables la politique d’Obama par exemple sur les armes totalement négligeable.

Toute cette pratique du journalisme idéal se fait en dépit de la pression des publicitaires qui financent cette chaine.

Du vrai journalisme pratiquée dont nous aimerions tant qu’en France il puisse y avoir  ne serait-ce qu’un balbutiement tellement les pratiques ici sont éloignées de toutes ses valeurs et si liées aux puissances d’argent qui imposent leur vision unique du monde aux téléspectateurs français du matin au soir, et du soir au matin comme un lavage de cerveau quotidien.

E-Mosaïque

LA SERIE (source Wikipédia)

the-Newsroom06.jpgAprès une sortie médiatique très remarquée – où il affirme notamment que les « États-Unis ne sont plus le meilleur pays au monde » – le présentateur vedette d’une chaîne d'informations américaine revient aux affaires.

Mais Will McAvoy trouve une salle de rédaction quasiment vide. Désormais, il devra faire avec une nouvelle équipe de journalistes dirigée par Mackenzie MacHale, avec qui il a une relation compliquée. Son arrivée change radicalement la ligne éditoriale de l’émission News Night, diffusée le soir sur Atlantis Cable News (ACN). Très talentueux, mais coincé dans une routine anesthésiante depuis des années, Will doit changer sa façon de travailler.

Fini le grand spectacle, l'équipe tente désormais de dénoncer les mensonges, notamment des personnalités politiques. Un retour aux bases du journalisme, sans corruption et avec des informations sourcées et vérifiées. Mais cette tentative de faire différemment des concurrents a un prix : les audiences… La direction de la chaîne n'est pas vraiment ravie, surtout quand Will et son équipe s'attaquent aux groupes finançant la chaîne.

Aaron Sorkin a développé le concept d'une série basée sur le monde des médias d'information et des journaux télévisés en 20095. Il a présenté un pilote de la série en janvier 2011 à la chaîne HBO. Cette dernière commande la série en septembre 2011. Aaron Sorkin s'est basé sur son observation des chaînes d'information en continu aux États-Unis.

Diffusé le 24 juin 2012 sur HBO, le premier épisode a réuni 2,1 millions de téléspectateurs (2,7 millions avec les rediffusions), soit le troisième meilleur lancement pour une série de la chaîne depuis 2008. Newsroom s'est ainsi payé le luxe de battre le démarrage de True Blood. Le 10e et dernier épisode de la saison 1 a, quant à lui, été vu par un total de 2,8 millions de téléspectateurs7.

Le 2 juillet 2012, devant ce succès, la série a été renouvelée pour une deuxième saison diffusée depuis le 14 juillet 2013.

16/11/2013

La folle escalade des faits divers dans les journaux télévisés

marseille, csa, tf1, france 2, jean-claude gaudin, canal plus, chronique médiatique de claude baudry, arte, france 3, m6, journaux télévisés, faits divers,Selon le baromètre thématique trimestriel INA Stat, la présence des faits divers dans les journaux télévisés du soir a augmenté de 73% entre 2002 et 2012.

Cette semaine, le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, pestait contre ces médias qui font passer Marseille pour «la capitale du crime». Il s’est même fendu d’une lettre au CSA pour dénoncer ce traitement. Pour lui, « la ville subit un procès à charge permanent dans un grand nombre de médias et en particulier à la télévision ».

Étonnement dans les rédactions visées, où l’on évoque l’information sur ces règlements de comptes qui se sont déroulés sur fond de trafic de drogue à Marseille. Cette semaine encore, l’INA a publié son baromètre thématique trimestriel INA Stat, sur les journaux télévisés du soir, d’où il ressort que la présence des faits divers y a depuis dix ans augmenté de 73 %. Vous avez bien lu. Comme si 2002 et le visage tuméfié de papy Voise avec les dégâts politiques que l’on sait n’avait pas suffi.

Rarement l’expression «à qui profite le crime?» n’a pas paru si pertinente. Dans cette étude à consulter ci-dessous, INA Stat note qu’avec «plus de cinq sujets en moyenne par jour, les faits divers occupent une place de plus en plus grande dans les JT (éditions du soir de TF1, F2, F3, Canal Plus, M6 et Arte) qui, en 2012, leur consacrent 2 062 sujets contre 1 191 il y a dix ans, soit +73%».

M6 en pointe

Toutes les chaînes cependant ne leur accordent pas la même importance. S’ils sont quasi absents d’Arte (38 sujets en 2012), ils s’imposent sur M6, qui diffuse un quart de l’ensemble des faits divers de 2012 et leur réserve 9,4 % de son JT. Ils pèsent 6,2 % de l’offre de TF1 et 5,5 % de celle de F2. Ils occupent 7,6 % des JT de F3 mais 4,6 % du JT de Canal Plus. Quelle que soit la chaîne, ce sont d’abord les actes de violence contre les personnes qui sont relatés, représentant plus d’un sujet sur deux (1 041 sujets). Et ce sont surtout les faits divers impliquant des enfants ou des adolescents qui sont exposés : ils occupent 30 % de la rubrique (611 sujets).

Mauvaise nouvelle

Enfin, l’actualité heureuse est rarement exposée: «Seuls 5,5 % des faits divers relatent une bonne nouvelle », note le baromètre. Seul repli en 2005, la rubrique passe sous la barre des 1 000 sujets, année marquée par deux catastrophes naturelles majeures qui occupent l’espace médiatique – le tsunami en Asie du Sud-Est et le cyclone Katrina aux États-Unis. Les chiffres sont têtus. Tenez, celui-ci, qui n’a bien évidement rien à voir : pour la seule semaine du 6 au 12 juillet, c’est le rythme de l’été, TF1 a programmé en soirée 29 épisodes de séries américaines et 8 en journée ! 37 fois les Experts en tous genres et autres Esprits criminels. Et pour changer : une série française de la chaîne : Section de recherche…

La chronique médiatique par Claude Baudry dans l'Humanité