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10/01/2025

Comment les journaux français couvrent la guerre à Gaza

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En dépit d’un bilan humain effroyable, le récit de la guerre à Gaza fait par les grands titres vendus en kiosques tend à invisibiliser les victimes du côté palestinien. L’Humanité a mené l’enquête en collaboration avec l’ONG Techforpalestine en analysant 13 394 articles consacrés au conflit publiés dans cinq journaux français... dont l'Humanité.

« Les gens ont peur, c’est l’omerta », affirmait la journaliste du Figaro Eugénie Bastié dans sa dernière « enquête » dénonçant le supposé prisme pro-Palestiniens du journal le Monde dans sa couverture de la guerre à Gaza. Pourtant, en dehors des polémiques entretenues par la droite et l’extrême droite, rien ne permet d’affirmer que la presse française se soit émue du sort des Palestiniens depuis le 7 octobre 2023.

Grâce au travail de l’ONG Techforpalestine et de son outil Media Bias Meter, nous avons pu analyser les données d’un corpus de 13 394 articles consacrés au conflit par des journaux français : l’Humanité, Libération, le Monde, le Figaro et le JDD. Et, loin des obsessions de certains de nos confrères, on peut en conclure que la presse française ne se distingue vraiment pas par un engagement en faveur des Palestiniens.

Depuis le 7 octobre, la riposte d’Israël aux attaques meurtrières du Hamas a été abordée avec distance. Malgré l’ampleur des destructions et le lourd bilan humain – 46 738 morts confirmés, en date du 8 janvier –, les rédactions ont fait état du conflit en invisibilisant les premiers concernés : les Palestiniens.

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« Une sorte de masse indistincte »

En filtrant les articles de chaque journal avec les termes « Palestiniens » et « Palestiniennes », on découvre qu’ils figurent dans moins de la moitié des articles sur la guerre en cours. Dans le Monde, l’Humanité et Libération, la part des articles mentionnant les Palestiniens est respectivement de 47 %, 41 % et 37 %. Pour le Figaro, cette même part tombe à 28 %, soit 19 points de moins que le Monde, 13 points de moins que l’Humanité et 9 points de moins que Libération. Mais c’est dans le JDD que cette invisibilisation est la plus flagrante, avec seulement 21 % des articles sur la guerre à Gaza mentionnant les Palestiniens.

À l’inverse, le JDD mentionne les Israéliens dans 32 % des articles, soit près d’un tiers, et surtout 11 points de plus que pour les Palestiniens. On retrouve une configuration similaire dans les pages du Figaro, de Libération et du Monde, avec respectivement 33 % (+ 5 points par rapport aux Palestiniens), 46 % (+ 8 points) et 50 % (+ 3 points). Dans l’Humanité, les Israéliens sont mentionnés dans 35 % des articles, soit 6 points de moins que les Palestiniens.

Invisibilisation du massacre de la population palestinienne

« On est dans un huis clos, il est très difficile de donner un visage et de faire entendre la voix des personnes qui subissent la guerre. Donc, on a une impression un peu vague, comme une sorte de masse indistincte », analyse Nathalie Godard, directrice de l’action d’Amnesty International en France. Outre l’invisibilisation du massacre de la population palestinienne, cet élément soulève d’autres remarques sur ce récit médiatique.

« Consciemment ou non, cet angle mort lexical accompagne symboliquement l’entreprise de dilution, pour ne pas dire de destruction, de l’identité nationale palestinienne menée depuis des décennies par l’État d’Israël », souligne Pauline Perrenot, journaliste à Acrimed, association spécialisée dans la critique des médias.

Une autre opération menée de longue date par l’État israélien est elle aussi passée sous les radars : la colonisation des territoires occupés. Si l’on retrouve le terme de « colonisation » dans 10 % des articles de l’Humanité et dans 7 % de ceux du Monde, il n’est présent que dans 4 % des pages du JDD consacrées au conflit et dans 2 % de celles de Libération et du Figaro. « En proportion de ce qui est écrit sur la guerre, on est largement en deçà de ce qui était écrit auparavant sur le sujet », analyse Dominique Vidal, journaliste et historien.

gaza,médias

La guerre à Gaza n’a pas stoppé la colonisation

Sauf que la guerre à Gaza n’a pas stoppé la colonisation, bien au contraire. 1 746 attaques de colons ont été recensées entre le 7 octobre et le 3 janvier. Encouragées par les discours racistes et suprémacistes des ministres israéliens d’extrême droite Bezalel Smotrich et Itamar Ben Gvir, elles ont coûté la vie à 791 Palestiniens.

Quant au génocide, désormais reconnu par des organisations telles qu’Amnesty International, Médecins sans frontières ou Human Rights Watch, le manque d’attention médiatique est encore plus flagrant. En ne conservant que les articles publiés à partir du 26 janvier 2024, date à laquelle la Cour internationale de justice met en garde contre le risque d’un génocide à Gaza, on découvre que trois des cinq journaux analysés ont évoqué le terme dans moins de 10 % de leurs écrits sur le conflit.

La part est de 6 % pour le Figaro, 7 % pour Libération et 8 % pour le JDD. Si elle dépasse les 10 % dans les colonnes de l’Humanité et du Monde, elle reste faible. Pour le premier, elle s’établit à 18 %, soit trois fois plus que le Figaro. Dans le quotidien du soir, elle est de 11 %.

Pour Pauline Perrenot, il est clair qu’avant la date du 26 janvier le génocide n’a pas « fait l’agenda », bien que le terme ait pourtant été très vite utilisé par les Palestiniens eux-mêmes ainsi que par certains chercheurs, intellectuels ou juristes.

Une entreprise de disqualification quasi systématique

« L’augmentation des occurrences dans une partie de la presse ne signifie pas, pour autant, que la médiatisation ait été à la hauteur d’un événement pourtant historique », analyse la journaliste. Une bonne partie des occurrences peuvent en effet être rattachées à l’entreprise de disqualification quasi systématique des acteurs évoquant le génocide. Entreprise qui s’est surtout déployée dans les médias audiovisuels, mais également dans la presse par le biais de tribunes et d’éditoriaux.

Cette disqualification, Amnesty International en a fait les frais, et ce même avant la publication de son rapport sur le génocide rendu public le 4 décembre 2024. « Après le 7 octobre, nous avons essayé de traiter les choses avec du factuel et de l’analyse juridique (…) dans un moment où c’était d’abord l’émotion et la polarisation qui prenaient le dessus sur tout le reste, raconte Nathalie Godard. Nous subissions des attaques extrêmement fortes avec un système récurrent : un éditorial qui nous critiquait pour l’emploi ou non d’un terme, puis un autre qui ne vérifiait pas le premier. » Le tout amplifié par des centaines de partages sur les réseaux sociaux.

Contribuer à la « fabrique du consentement au génocide »

En plus de les invisibiliser, la presse entretient un double standard au sujet des Palestiniens. Quand les morts israéliens font la une des quotidiens, les morts palestiniens tiennent en un chiffre en bas de page. Quand on ne compte plus les séries de portraits des victimes du Hamas, le bilan des victimes palestiniennes est mis en doute. Quand le 7 octobre représente l’horreur absolue car des civils sont tués, les hôpitaux gazaouis remplis de femmes et d’enfants sont bombardés car des membres du Hamas s’y cachent.

Ce deux poids deux mesures s’explique notamment par une focalisation sur les attaques du 7 octobre. Comme si le temps s’était arrêté à ce moment-là, et que rien de ce qui s’est produit par la suite ne pouvait être plus horrible.

À l’exception de l’Humanité, on retrouve les termes « 7 » et « octobre » en tête des collocations (association fréquente de deux éléments dans un discours) du mot « massacre » dans tous les journaux étudiés. Ce terme de « massacre » est associé au terme « juifs » dans les 10 premières collocations du journal le Monde, et le plus souvent à celui d’« antisémite » dans le Figaro et le JDD.

« Nous combattons des animaux humains »

« À de rares exceptions près, le récit du 7 octobre domine dans le discours médiatique », analyse Dominique Vidal. Or, comme le rappelle ce spécialiste du conflit israélo-palestinien, les signes du déchaînement aveugle de la violence israélienne sont visibles dès le surlendemain.

« Nous combattons des animaux humains », déclarait le ministre de la Défense, Yoav Gallant, dans son discours du 9 octobre, promettant par la même occasion qu’il n’y aurait « pas d’électricité, pas de nourriture, pas d’eau » à Gaza.

« On a affaire à un naufrage persistant de la plupart des médias dominants, lesquels auront tout de même amplement participé, par leurs partis pris et leurs silences, à la fabrique du consentement au génocide », conclut Pauline Perrenot.

Bombarder les écoles et les hôpitaux, affamer la population, bloquer l’aide humanitaire, torturer les prisonniers ou bien encore utiliser les Palestiniens comme boucliers humains… rien, rien de tout ça n’aura suscité une émotion médiatique comparable à celle du 7 octobre.

Sources et méthodologie

Pour réaliser cette enquête, l’Humanité a analysé 13 394 articles de presse. Dans le détail : 2 827 de l’Humanité, 2 408 articles de Libération, 2 668 articles du journal Le Monde, 3 788 articles du Figaro et 1 703 articles du JDD. Ce corpus regroupe les articles, éditoriaux, tribunes et brèves de direct concernant la guerre à Gaza entre le 7 octobre 2023 et le 11 octobre 2024. Il nous a été fourni par l’ONG Techforpalestine et a fait l’objet de plusieurs nettoyages basés sur une liste de mots clés avant l’analyse statistique.

Grâce à leur outil d’analyse (Media Bias Meter) nous avons pu calculer les occurrences de plusieurs termes (Palestiniens, israéliens, génocide…) et le nombre d’articles correspondant afin de calculer des parts en pourcentage. Les collocations de termes ont ensuite été calculées grâce au logiciel opensource VoyantTools.

Cette analyse statistique s’inscrit dans une démarche quantitative. Les données de cette enquête mettent en lumière un phénomène global dans le récit médiatique. Elles ne permettent pas d’expliciter un phénomène qualitatif sur une sélection réduite des articles.

20:04 Publié dans Actualités, Dossier, Eclairage, Journal, Journaliste | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gaza, médias | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

Bluesky, un réseau social concurrent de X, mais économiquement très fragile

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Bluesky, concurrent de X, boucle un nouveau tour de table

Le réseau social est valorisé à environ 700 millions de dollars dans un nouveau tour de table qu’il est en train de boucler, après une croissance explosive de ses abonnés à la suite de la victoire de Donald Trump. Bluesky compte désormais 25,9 millions d’utilisateurs. Il reste néanmoins largement déficitaire.

Bluesky est un réseau social conversationnel, dans la lignée de X (ex-Twitter), Threads ou Facebook. Avec plus de 23 millions d’utilisateurs début décembre 2024, le réseau a pratiquement doublé sa base en quelques mois à peine. Mais comment expliquer ce succès ? Faut-il ou non investir ce réseau ? Concrètement, que peut-on y trouver ? Nos éléments de réponses.

Bluesky ou le proto-Twitter resté sain

Copie (presque) conforme

Si vous avez l’impression d’avoir toujours connu Bluesky, la plateforme de microblogging la plus en vue du moment, c’est bien normal ! Son créateur n’est autre le co-fondateur de Twitter, l’ingénieur informatique Jack Dorsey. Le projet Bluesky date d’ailleurs de… 2019. Soit, plusieurs années avant la prise de contrôle de Twitter et sa transformation en « X » par le milliardaire Elon Musk.

Aujourd’hui, les deux entreprises n’ont plus d’autre lien que leurs origines. Et un fonctionnement très similaire. Pour beaucoup, Bluesky est ainsi le « Twitter des origines », celui qui a séduit et percé en 2006.

Les raisons d’un succès

L’exode des « X-pats »

Comme on le disait, Bluesky existe en fait depuis quelques années déjà – même si au départ, il n’était accessible que sur invitation de membres.

Son essor commence fin 2022, suite au rachat de Twitter par Elon Musk. La gestion ultra-libérale du réseau, devenu « X » entre temps, déplaît à bon nombre d’utilisateurs, qui se mettent à chercher des alternatives. La gronde commence.

Loin de calmer les inquiétudes, la nouvelle direction côté X licencie la moitié de ses équipes, amoindrit fortement les règles de modération, accumule les bugs et monétise de plus en plus de fonctionnalités qui avaient toujours été gratuites.

Mais ce qui déplaît plus que tout, c’est bel et bien la politisation du réseau. Sous réserve de liberté d’expression, Elon Musk rouvre les comptes de complotistes et de personnalités extrémistes, qui avaient été bannies du réseau. La parole se libère et devient vite anxiogène et toxique.

Les « fake news » se multiplient sans presque plus de réaction de la part des (quelques) modérateurs qui restent dans les équipes. Au point que le réseau est comparé au « Truth Social », la plateforme de Donald Trump.

C’est d’ailleurs Donald Trump qui lance réellement, sans le vouloir, la popularité de Bluesky. La campagne présidentielle américaine exacerbe les tensions autour de X avec un discours toujours plus polémique et politisé. L’année 2024 marque en ce sens une fracture. La coupe est pleine pour une large partie des internautes, qui ne se reconnaissent plus dans le réseau social. Ce qui s’appellent eux-mêmes les « X-pats » (expatriés) quittent massivement X pour se réfugier sur un réseau qu’ils qualifient de « positif », de ce que « Twitter aurait dû être ».

Qui a lancé le mouvement ? Les grands médias (The Guardian, Ouest France) ? Les annonceurs (Apple, Disney, Balenciaga) ? Ou encore, les célébrités et les influenceurs ? (Jamie Lee Curtis, Alyssa Milano, Stephen King…). Impossible à dire ! Le fait est que les internautes ont suivi. Tandis que X est en perte de vitesse, les chiffres de son cousin rival explosent.

Bluesky, concrètement, à quoi ça ressemble ?

Un réseau rassurant, sans surprise

« Positif » et « rassurant », voilà ce qui revient le plus quand on parle de Bluesky. Ces qualités attirent les foules, dans un contexte géopolitique tendu. Quand une partie de la population ne lit même plus la Presse pour préserver sa santé mentale et éviter l’anxiété.

Évidemment, cela ne suffit pas. Bluesky bénéficie aussi de la nostalgie Twitter, des utilisateurs qui se souviennent des débuts enthousiastes du réseau. Ce Twitter mythique, qui a permis par exemple les révolutions du « Printemps Arabe ». Ou celui qui a rassemblé, au moment de « Je suis Charlie ». Ce n’est pas un hasard si les concepteurs du réseau ont conservé un design ressemblant à s’y méprendre à celui de Twitter/ X. Le rapprochement est évident.

Plus que le design, le fonctionnement est très similaire également. Une plateforme de micro-blogging où les messages de texte concis sont rois (< 300 caractères pour Bluesky Vs < 280 pour X). Les fichiers multimédias ne sont pas en reste : chaque post peut s’accompagner d’une pièce jointe, qu’il s’agisse d’un gif, d’une simple image ou d’une vidéo. 

Pour autant, Bluesky est un réseau de la simplicité : pas question de surcharger son profil en vidéos à l’image d’un TikTok. Contrairement au réseau chinois, où l’information est descendante (du créateur de contenu vers le public), Bluesky favorise l’échange et la discussion. On revient au principe de base du micro-blogging. En ce sens, Bluesky est à rapprocher du Twitter des années 2000, du Facebook des origines ou encore de Tumblr. Et, pour prendre un exemple actuel, du « Threads » de Meta, qui complète Instagram.

Source Nord Est

11:30 Publié dans Actualités, Dossier, Réseaux sociaux | Lien permanent | Commentaires (0) | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

10/09/2024

Meurice et sa bande rebondissent sur Nova

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Avec Pierre-Emmanuel Barré, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Florence Mendez, tous recalés de France Inter, Guillaume Meurice a inauguré ce dimanche soir la première de son émission « la dernière », sur la radio Nova. Un peu de bazar, beaucoup de bonne humeur, et énormément de vraie insolence.

Beaucoup d’excitation de la part du public, un petit stress palpable au début, mais au final, l’émission de Guillaume Meurice sur Nova, « La dernière », qui s’est tenue pendant deux heures ce dimanche 8 septembre, a rempli sa mission : tenir la dragée haute à l’actualité avec un regard de gauche assumé, et remplir l’espace laissé vacant par la suppression du Grand Dimanche Soir sur France Inter par Adèle Van Reeth la directrice de la station et Sibyle Veil, la présidente de Radio France.

Accompagné de Pierre-Emmanuel Barré, Florence Mendez, Juliette Arnaud et Aymeric Lompret, Guillaume Meurice avait, sur ses réseaux sociaux, donné la philosophie de cette émission : « comme on a compris que la liberté d’expression, c’était surtout un joli concept, on s’est dit que le mieux, c’était d’imaginer chaque émission comme si c’était la dernière ».

En le précisant d’ailleurs dès le début de l’émission : Matthieu Pigasse, le propriétaire de la station, était présent dans la salle pour la première de La dernière. Ce qui n’a pas empêché les coups de griffe, d’ailleurs, contre la régie publicitaire de Nova confiée à Lagardère (sous contrôle de Bolloré), ou sur Rock-en-Seine, festival également géré par le banquier d’affaires.

Chaque chroniqueur a tiré à boulets rouges sur un fait d’actualité

L’émission se tient sur deux heures. Dans la première heure, chaque chroniqueur a tiré à boulets rouges sur un fait d’actualité : sur la nomination de Michel Barnier au poste de Premier ministre, Guillaume Meurice a osé un « Macron avait prévenu. Il avait dit : “je vais chercher, un con, promis” ».

Pierre-Emmanuel Barré a rebondi sur la candidature d’Edouard Philippe à l’élection présidentielle : « Il a deux prénoms, Édouard Philippe. En trente ans de vie politique, il n’a pas réussi à se faire un nom ». Juliette Arnaud a fustigé le pape qui ne comprend pas les personnes qui préfèrent adopter un animal domestique que de faire des enfants…

L’émission a eu pour invité l’historien Johann Chapouteau, spécialiste du nazisme, qui a fait un parallèle entre les années 1930 et aujourd’hui. En partant d’abord d’un gros propriétaire de médias, Alfred Hugenburg, antisémite, « colonialiste de l’intérieur », qui a littéralement façonné l’opinion publique allemande et largement préparé le terrain à Hitler.

Idem avec l’invitée de l’invité, Maud Chirio, qui a fait ce même parallèle avec le Brésil de Bolsonaro. Les deux ont aussi montré comment, partout et de tous temps, l’extrême droite tente de discréditer ses adversaires politiques en faisant régner la peur, hier « avec le bolchevisme culturel », aujourd’hui avec « l’islamo-gauchisme » teinté de wokisme.

Une émission vivante, drôle, et surtout sacrément instructive.

Guillaume Meurice a une carte blanche à la fête de l’Humanité le vendredi 13 septembre à 19 h 13.

La dernière. Nova. Le dimanche de 18 à 20 heures.

19:51 Publié dans Actualités, Eclairage, Informations, Journaliste, Radio, Société | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nova, meurice | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |

08/07/2024

44 % des téléspectateurs du JT de TF1 ont voté RN : comment les chaînes influencent le vote

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Plusieurs études et chercheurs confirment que chaque JT a son public et que, dans les moments de grande tension politique, telle la campagne des législatives anticipées, certains médias « se mettent à défendre plus ouvertement les intérêts de leurs patrons ».

La chaîne de référence d’un citoyen dit-elle quelque chose de son positionnement idéologique ? Participe-t-elle à conforter son vote ? C’est ce qu’affirme une étude Ifop commandée par Marianne au lendemain des élections européennes. Près de 44 % des téléspectateurs du 20 heures de TF1 interrogés affirment ainsi avoir voté pour la liste du RN, contre 7 % pour celle du Parti socialiste ou 6 % pour celle de la France insoumise.

Les rédactions se sont retrouvées sur le pied de guerre à la suite de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le 9 juin. Des journalistes n’ont pas hésité à outrepasser le métier pour influer sur les scrutins. « Cette campagne des législatives s’est présentée comme un récit feuilletonnant », explique Céline Ségur, enseignante-chercheuse au Centre de recherche sur les médiations à l’université de Lorraine.

« C’était un gros bazar, le débat s’est exacerbé avec des mensonges proférés à l’antenne », pointe Pierre Mouchel, délégué syndical central CGT à France Télévisions. Une situation dans laquelle les chaînes se sont repliées sur des publics déjà acquis, en confortant leur positionnement politique.

« Complaisance pour l’ex-majorité présidentielle »

De quoi pousser des salariés à une remise en question : « Nous sommes tous en pleine introspection et un regard critique est plus que sain », mesure auprès de l’Humanité un journaliste de TF1 souhaitant conserver l’anonymat. Aux européennes, les habitués du JT de France 2 ont, quant à eux, voté en majorité pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann (Place publique et PS, 26 %) et en faveur de celle menée par Valérie Hayer (Renaissance, 23 %).

Ce qui n’a pas manqué de faire réagir dans les rédactions lors des législatives anticipées : « Nous trouvions qu’il pouvait y avoir une complaisance pour l’ex-majorité présidentielle par rapport au Nouveau Front populaire, notamment au travers du traitement de Nathalie Saint-Cricq », rapporte Pierre Mouchel, qui temporise cependant les résultats de l’étude. « Les chaînes ont des sociologies de téléspectateurs très différentes. Il faut faire attention aux biais d’interprétation », souligne-t-il.

L’enjeu est pourtant fondamental : le traitement médiatique d’une campagne est devenu indissociable de la campagne elle-même. Les législatives anticipées ont d’ailleurs généré, du 9 au 21 juin, un « bruit médiatique proche de celui qu’avait provoqué la campagne présidentielle en cinq semaines en 2022 », démontre une étude de la Fondation Jean-Jaurès publiée le 26 juin.

L’institut fait état – télévision et radio compris – de 16 124 contenus (reportages, interviews, débats) consacrés aux législatives sur cette période. Soit, pour les deux journaux télévisés les plus suivis que sont le 20 heures de TF1 et celui de France 2, respectivement cinq et sept sujets quotidiens en moyenne.

Bardella et Ciotti ont été les deux représentants politiques les plus mentionnés

Le tumulte qui s’est créé autour de l’union entre la ligne Ciotti des « Républicains » et le Rassemblement national (RN) a notamment occupé une grande place. Poussés par plusieurs chaînes, comme celles du groupe Bolloré, Jordan Bardella et Éric Ciotti ont été les deux représentants politiques les plus mentionnés (respectivement 1 005 et 844 fois) dans les médias, juste derrière Emmanuel Macron (2 014 fois).

La personnalité de gauche la plus mentionnée, Jean-Luc Mélenchon, n’arrive, quant à elle, qu’en sixième place, malgré une cabale orchestrée contre le Nouveau Front populaire.

Au-delà de ce déséquilibre, « il y a une séparation des publics en fonction des choix de vote, estime Céline Ségur. Traditionnellement, les titres de presse ont des lignes éditoriales assez marquées, ce qui est moins le cas pour la télévision, car la plupart des chaînes ne diffusent pas uniquement de l’information ».

Dominique Pinsolle, historien à l’université de Bordeaux Montaigne et plume régulière du Monde diplomatique, y décèle, lui, une réalité structurelle : « Chaque fois qu’il y a un moment de tension politique dans l’histoire contemporaine, les médias se mettent à défendre plus ouvertement les intérêts de leurs patrons. » L’auteur de À bas la presse bourgeoise ! (éditions Agone) ajoute : « Les grands médias ont des biais politiques sur n’importe quel sujet. Ils n’apparaissent juste pas systématiquement au grand jour. »

La dernière séquence politique fait figure d’exception. « L’annonce de la volonté du RN de privatiser France Télévisions a forcément eu un impact sur les rédactions, estime Pierre Mouchel. On a vu la chute en Bourse de TF1. »

La suite des événements se révélera déterminante pour le secteur télévisuel, alors que le Nouveau Front populaire est sorti en tête du second tour des législatives, que le groupe Bolloré (CNews, C8, Canal Plus) amplifie sa propagande d’extrême droite et que, parallèlement, l’Arcom auditionne depuis lundi les candidats à l’un des quinze canaux de la TNT.

Source l'Humanité

18:54 Publié dans Actualités, Informations, Télévision | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : télévision, bardella | |  del.icio.us |  Imprimer | | Digg! Digg |  Facebook | |