10/09/2024
Meurice et sa bande rebondissent sur Nova
Avec Pierre-Emmanuel Barré, Aymeric Lompret, Juliette Arnaud et Florence Mendez, tous recalés de France Inter, Guillaume Meurice a inauguré ce dimanche soir la première de son émission « la dernière », sur la radio Nova. Un peu de bazar, beaucoup de bonne humeur, et énormément de vraie insolence.
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08/07/2024
44 % des téléspectateurs du JT de TF1 ont voté RN : comment les chaînes influencent le vote
Plusieurs études et chercheurs confirment que chaque JT a son public et que, dans les moments de grande tension politique, telle la campagne des législatives anticipées, certains médias « se mettent à défendre plus ouvertement les intérêts de leurs patrons ».
La chaîne de référence d’un citoyen dit-elle quelque chose de son positionnement idéologique ? Participe-t-elle à conforter son vote ? C’est ce qu’affirme une étude Ifop commandée par Marianne au lendemain des élections européennes. Près de 44 % des téléspectateurs du 20 heures de TF1 interrogés affirment ainsi avoir voté pour la liste du RN, contre 7 % pour celle du Parti socialiste ou 6 % pour celle de la France insoumise.
Les rédactions se sont retrouvées sur le pied de guerre à la suite de la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, le 9 juin. Des journalistes n’ont pas hésité à outrepasser le métier pour influer sur les scrutins. « Cette campagne des législatives s’est présentée comme un récit feuilletonnant », explique Céline Ségur, enseignante-chercheuse au Centre de recherche sur les médiations à l’université de Lorraine.
« C’était un gros bazar, le débat s’est exacerbé avec des mensonges proférés à l’antenne », pointe Pierre Mouchel, délégué syndical central CGT à France Télévisions. Une situation dans laquelle les chaînes se sont repliées sur des publics déjà acquis, en confortant leur positionnement politique.
« Complaisance pour l’ex-majorité présidentielle »
De quoi pousser des salariés à une remise en question : « Nous sommes tous en pleine introspection et un regard critique est plus que sain », mesure auprès de l’Humanité un journaliste de TF1 souhaitant conserver l’anonymat. Aux européennes, les habitués du JT de France 2 ont, quant à eux, voté en majorité pour la liste conduite par Raphaël Glucksmann (Place publique et PS, 26 %) et en faveur de celle menée par Valérie Hayer (Renaissance, 23 %).
Ce qui n’a pas manqué de faire réagir dans les rédactions lors des législatives anticipées : « Nous trouvions qu’il pouvait y avoir une complaisance pour l’ex-majorité présidentielle par rapport au Nouveau Front populaire, notamment au travers du traitement de Nathalie Saint-Cricq », rapporte Pierre Mouchel, qui temporise cependant les résultats de l’étude. « Les chaînes ont des sociologies de téléspectateurs très différentes. Il faut faire attention aux biais d’interprétation », souligne-t-il.
L’enjeu est pourtant fondamental : le traitement médiatique d’une campagne est devenu indissociable de la campagne elle-même. Les législatives anticipées ont d’ailleurs généré, du 9 au 21 juin, un « bruit médiatique proche de celui qu’avait provoqué la campagne présidentielle en cinq semaines en 2022 », démontre une étude de la Fondation Jean-Jaurès publiée le 26 juin.
L’institut fait état – télévision et radio compris – de 16 124 contenus (reportages, interviews, débats) consacrés aux législatives sur cette période. Soit, pour les deux journaux télévisés les plus suivis que sont le 20 heures de TF1 et celui de France 2, respectivement cinq et sept sujets quotidiens en moyenne.
Bardella et Ciotti ont été les deux représentants politiques les plus mentionnés
Le tumulte qui s’est créé autour de l’union entre la ligne Ciotti des « Républicains » et le Rassemblement national (RN) a notamment occupé une grande place. Poussés par plusieurs chaînes, comme celles du groupe Bolloré, Jordan Bardella et Éric Ciotti ont été les deux représentants politiques les plus mentionnés (respectivement 1 005 et 844 fois) dans les médias, juste derrière Emmanuel Macron (2 014 fois).
La personnalité de gauche la plus mentionnée, Jean-Luc Mélenchon, n’arrive, quant à elle, qu’en sixième place, malgré une cabale orchestrée contre le Nouveau Front populaire.
Au-delà de ce déséquilibre, « il y a une séparation des publics en fonction des choix de vote, estime Céline Ségur. Traditionnellement, les titres de presse ont des lignes éditoriales assez marquées, ce qui est moins le cas pour la télévision, car la plupart des chaînes ne diffusent pas uniquement de l’information ».
Dominique Pinsolle, historien à l’université de Bordeaux Montaigne et plume régulière du Monde diplomatique, y décèle, lui, une réalité structurelle : « Chaque fois qu’il y a un moment de tension politique dans l’histoire contemporaine, les médias se mettent à défendre plus ouvertement les intérêts de leurs patrons. » L’auteur de À bas la presse bourgeoise ! (éditions Agone) ajoute : « Les grands médias ont des biais politiques sur n’importe quel sujet. Ils n’apparaissent juste pas systématiquement au grand jour. »
La dernière séquence politique fait figure d’exception. « L’annonce de la volonté du RN de privatiser France Télévisions a forcément eu un impact sur les rédactions, estime Pierre Mouchel. On a vu la chute en Bourse de TF1. »
La suite des événements se révélera déterminante pour le secteur télévisuel, alors que le Nouveau Front populaire est sorti en tête du second tour des législatives, que le groupe Bolloré (CNews, C8, Canal Plus) amplifie sa propagande d’extrême droite et que, parallèlement, l’Arcom auditionne depuis lundi les candidats à l’un des quinze canaux de la TNT.
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04/07/2024
Pour faire gagner le Front populaire, la lutte emprunte le chemin des ondes
Alors que la presse joue depuis la Révolution un rôle important dans le débat politique, la gauche mise, au mitan des années 1930, sur la radio pour contrer la propagande sur papier de l’extrême droite. En partenariat avec la fondation Gabriel Peri. (Article publié par l'Humanité)
Dans toute l’Europe, l’histoire politique de l’entre-deux-guerres est intimement liée à l’histoire des médias. L’usage fait par les fascismes des nouveaux outils de propagande, en Allemagne comme en Italie, est bien connu. En France, le paysage médiatique est, dans les années 1930, en train de basculer : l’influence des journaux papier recule ; c’est désormais la TSF qui forge l’opinion publique. Lors de la campagne des élections législatives de 1936, les partis de Front populaire s’emparent de ce nouvel outil de communication politique.
La IIIe République a inscrit les médias dans son projet démocratique. Le vote de la loi de 1881 sur la liberté de la presse est ainsi motivé par la volonté de reconstituer un espace public virtuel correspondant à l’agora grecque des débuts de la démocratie.
La revanche pendant la Belle Époque
Dans le rapport qu’il présente au Sénat en faveur du vote de cette loi, Eugène Pelletan écrit ainsi : « La presse à bon marché est une promesse tacite de la République au suffrage universel. Ce n’est pas assez que tout citoyen ait le droit de voter. Il importe qu’il ait la conscience de son vote, et comment l’aurait-il si une presse à la portée de tous, du riche comme du pauvre, ne va chercher l’électeur jusque dans le dernier village ? »
De fait, pendant la Belle Époque, de grands quotidiens populaires sont devenus des médias de masse. Ils sont facilement distribués à une population de plus en plus concentrée dans les villes, et désormais largement alphabétisée. À la veille de la Première Guerre mondiale, l’habitude de lire le journal est prise dans toutes les familles françaises ; le Petit Journal ou le Matin, en entretenant le mythe de la revanche ou en racontant la diversité de l’empire français d’Afrique, participent à la diffusion de la culture politique de la IIIe République.
La perte de confiance dans les médias de masse
La Première Guerre mondiale est une déflagration dans ce paysage. Dès les débuts du conflit, les grands quotidiens populaires participent au bourrage de crâne orchestré par l’armée française. Ils perdent ainsi la confiance du public. Le nouveau paysage médiatique de l’entre-deux-guerres fait une plus grande place aux journaux régionaux, qui assurent une information de proximité, et, surtout, à une presse très politisée.
C’est de là que viennent les plus importantes innovations de la période, comme les hebdomadaires politiques et culturels (Vendredi, Gringoire, Je suis partout ou Marianne). Dans ces publications, les dessinateurs sont de véritables éditorialistes ; à droite de l’échiquier politique, les dessins de Sennep participent de la brutalisation des discours médiatiques en soutenant les projets antisémites, xénophobes, anticommunistes et homophobes de Candide.
Alors que les quotidiens populaires de l’entre-deux-guerres avaient choisi de se tenir éloignés de la vie politique partisane, les hebdomadaires des années 1930 relaient la violence de la montée des fascismes, qui s’incarne dans les manifestations du 6 février 1934.
Dans ce climat hostile, la stratégie médiatique du Front populaire en général et de Léon Blum en particulier a été de miser sur un nouveau média : la radio. Nouvelle technologie développée à la faveur de la Première Guerre mondiale, la télégraphie sans fil (TSF) propose des programmes à destination du grand public depuis le milieu des années 1920.
En 1936, elle est devenue un média de masse. Le poste de TSF est un meuble trônant au milieu du salon de nombreuses familles françaises ; on le retrouve aussi dans les cafés, où il permet de suivre l’actualité sportive. L’écoute est donc collective, ce qui favorise les échanges d’opinion. À partir de cette période, les quotidiens cessent de publier une « édition spéciale » en cas d’événement au cours de la journée. C’est par la radio que les Français apprennent l’arrivée au pouvoir d’Hitler ou les débuts de la guerre civile espagnole.
En Allemagne, la possession d’un poste de radio devient obligatoire ; une grande partie de la propagande passe par les ondes. En France, la TSF est intégrée au projet démocratique. Pour la première fois en 1936, les partis disposent d’un temps de parole sur les ondes radio dans le cadre de la campagne officielle des législatives. La voix de Léon Blum participe dans ce cadre à la mobilisation des électeurs, et le Front populaire remporte sans doute la première « guerre des ondes », pour reprendre l’expression utilisée par Hélène Eck pour caractériser la Seconde Guerre mondiale.
Claire Blandin
Historienne
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18/04/2024
Le jour où «l'Humanité» est née
«LE 18 avril 1904 tombe le premier numéro de «l’Humanité», tiré à 140.000 exemplaires, vendu, dit Jules Renard, qui y publie une nouvelle, «la Vieille», à 138.000. Un immense succès.
Jaurès, dans son éditorial, justifiait le titre, qui était la définition même du programme socialiste, disait-il. Surtout il précisait quel serait l’esprit du journal. Le contraire même d’une publication de propagande, au sens étroit du mot. On y trouvait des «informations étendues et exactes», donnant à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. S’y manifestaient le refus du «mensonge, des informations tendancieuses, des nouvelles forcées ou tronquées…, la loyauté des comptes rendus, la sûreté de nos renseignements, l’exactitude de nos correspondances». En somme, «un souci constant et scrupuleux de la vérité», qui n’émoussera pas la «vigueur du combat».
Exactitude, vérité, loyauté, liberté, combat: les mots étaient l’expression fidèle de l’attitude de Jaurès. Et naturellement il affirmait l’indépendance du journal, sa transparence.
La joie régnait le jour de la sortie et du succès du premier numéro. Jules Renard, partagé – 138.000 lecteurs ont pu lire «la Vieille», mais sa nouvelle a-t-elle été comprise? -, se rend rue Richelieu, au siège du journal. Jaurès, Briand, Herr, Anatole France, Mirbeau, Blum, tout le monde le félicite et il n’ose dire à Herr: «Vous aussi, vous avez écrit une bonne page.» Anatole France parle, Mirbeau rit. Jaurès écoute, la tête mobile, regardant l’un puis l’autre. Briand est jovial… «Léon Blum, actif, fiévreux, semble la nymphe égérie. Il regarde Jaurès écrire un mot et dit parfait.»
Jaurès est venu au-devant de Renard, l’a remercié, prié de ne pas rester longtemps sans donner une page. Renard croit rêver. Il n’a jamais été reçu ainsi dans un bureau de rédaction. Mais il ne s’agit pas de journalistes comme les autres et pourtant le journal est, les premiers mois, un succès.
Jaurès avait voulu, dit-on, faire «le Temps» socialiste. Or, «l’Humanité» s’impose vite. Pressensé et Herr, dans leur page de politique extérieure, sont des analystes sûrs et parfaitement informés. Et pour le reste, note un critique (Thibaudet): «L’Humanité» est une splendeur. D’abord le leader quotidien de Jaurès, qui n’eut jamais plus de flamme et de talent. Le critique littéraire est Gustave Lanson, auquel succéda Léon Blum. Les reportages sont faits par Daniel Halévy. Le mouvement social est suivi par une dizaine de jeunes normaliens. Pour feuilleton, la primeur de «Sur une pierre blanche», d’Anatole France.»
Il n’y a que Péguy, hargneux, qui, dans sa volonté de dénigrement, juge que «l’Humanité est un journal plus gris que «la Lanterne», aussi bas que son ancienne «Petite République», suintant la politique et toujours quelque unité». Et quant aux collaborateurs, «il s’agit, selon lui, d’une horde affamée de petits agrégés normaliens venus au secours de la République après la bataille».
Pourtant, la qualité indiscutable du journal n’en garantit pas le succès. Surtout si, en première page, on publie les résultats des concours de l’agrégation de 1904, comme s’il s’agissait là d’une nouvelle susceptible d’intéresser le grand public! Petites erreurs des premiers numéros, révélatrices des préoccupations des rédacteurs. Mais on comprend qu’avec de tels choix le journal ne tire bientôt plus qu’à 12.000 exemplaires.
Jaurès, lors du lancement, n’a pas envisagé une telle chute. «Les hommes de métier, dit-il, ont bon espoir pour notre journal. Nous tirons à 140.000, il y aura des déchets énormes, mais nous avons de la marge: avec 70.000 le journal fera ses frais.»
Les premiers mois les chiffres parurent lui donner raison. Il est vrai que «l’Humanité» fut portée par l’événement.
Robert Laffont, Paris 1985.
Extrait du livre de Max Gallo, «le Grand Jaurès». Editions
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